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Les vrais héros ne portent pas de capes

(7 pages)

Les soldats me trainèrent le long du couloir. Leurs bottes ferrées résonnaient sur le sol dans un claquement sinistre. Les lumières au plafond m'éblouissaient et je plissais les yeux sans cesse, entre deux trébuchements.

Nous passâmes devant une dizaine de portes de métal d'où sortaient des sanglots et des supplications. Presque toutes les voix étaient en français, mais quelques unes étaient en allemands - le plus douloureux fut de constater que beaucoup m'étaient familières. Je sentis mon cœur se serrer à l'approche de la grande porte, au bout du couloir. Je savais ce qu'il m'attendait, je m'y étais préparé, mais y être confronté était incroyablement terrifiant. Je pris une profonde inspiration qui renforça ma détermination. Ne pas parler. Surtout, je ne devais pas parler. De mes mots dépendaient bien trop de choses, et certains secrets allaient devoir souffrir et mourir avec moi, pour la Cause.

Les soldats me poussèrent sans ménagement contre le mur tandis que l'un d'entre eux frappait à la porte. Il lâcha quelque chose en allemand, et la porte s'ouvrit. Tous les soldats se raidirent d'un coup et poussèrent un puissant "Heil Hitler !", avant d'entrer dans la salle.

L'intérieur était très lumineux, éclairé par une puissante lampe au plafond. Au milieu de la salle ne se trouvaient aucun meuble, mais une chaine pendait au plafond et des carcans trainaient au sol. Sur le côté se trouvaient de larges tables métalliques couvertes de différents outils scintillants de propreté, et de l'autre côté trônait un grand bureau de bois et deux chaises : l'une minuscule, l'autre immense. Les soldats m'assirent brutalement sur la plus petite d'entre elle et me délièrent les mains. Mes menottes tintèrent et je ne pus retenir un certains contentement en sentant la brûlure du métal s'éloigner doucement. Je me frottai les poignets et fis face à l'homme face à moi, sur l'immense chaise, de l'autre côté du bureau. Son visage ne m'était pas inconnu et je connaissais son nom : beaucoup de mes hommes étaient morts par ses mains. C'était Klaus Barbie, dit "Le boucher de Lyon", un SS connu pour sa cruauté et son manque de pitié.

-Bonjour Max, lâcha-t-il poliment avec un délicat accent allemand.

Il m'examina d'un œil scrutateur. Je ne pus retenir un certains malaise lorsque son regard passa sur ma cicatrice au cou. Ordinairement, je la camouflai avec une écharpe, mais les soldats s'étaient empressés de me la retirer.

Klaus continua son observation pendant une longue minute, puis me tendit négligemment une feuille qu'il fit glisser sur la table. Il posa délicatement un stylo à côté, puis m'encouragea d'un signe de main.

-Vous savez ce que j'attends de vous Max - cela vous dérange-t-il que je vous appelle ainsi, ou préférez vous votre véritable identité ?

Je ne répondis pas, et le fixai droit dans les yeux, les lèvres serrées. J'essayai de comprendre comment un être si ordinaire que lui pouvait faire du mal sans même s'en émouvoir. Rien dans ses petits yeux noirs et ses traits secs ne laissait percevoir une once d'émotion. Ce n'était que de la glace.

Klaus haussa les épaules devant mon mutisme, et soupira :

-Soit, je continuerais à vous appeler Max dans ce cas. Cela n'a pas d'importance, tant que vous faites ce que j'attend de vous.

Il me désigna la feuille.

-Je veux des noms, des lieux, et des nombres. Toutes vos informations. Qui sont les autres chefs de la Résistance ? De combien d'hommes disposez-vous ? Où en est l'armement des Alliés ? Quelles sont les dates du prochain débarquement ? Je veux tout, Max.

Wattpad Horror Tournament 2015 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant