Incendie (Chap. 4 )

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Elle fut réveillée au beau milieu de la nuit par la voix affolée de sa mère :

— Marie, réveille-toi ! Debout ! Y a le feu dans l'immeuble !

Elle eut du mal à sortir de son sommeil. Dans son rêve, quelque chose tambourinait, il y avait des cris, des lumières. Elle était déjà en train d'y intégrer la voix de sa mère pour pouvoir continuer à dormir.

— Marie, lève-toi ! Y a le feu, tu m'entends ? Les pompiers nous évacuent !

— Le feu ?! Où est Jules ? demanda-t-elle, aussitôt inquiète pour son petit frère adoré.

— Papa le réveille et s'en occupe. Allez, dépêche-toi, on sort. Tu prendras ton manteau au passage.

Marie glissa ses pieds dans ses chaussons et suivit sa mère vers l'entrée de l'appartement où son père et Jules les attendaient déjà. Un pompier leur donna les consignes à suivre pour l'évacuation.

Arrivée sur l'esplanade devant l'immeuble, elle vit qu'un seul appartement était en flammes. L'incendie dégageait une importante fumée. Elle réalisa que c'était l'appartement où vivaient Sandra et sa famille.

Elle regarda autour d'elle. Nulle trace des occupants de l'appartement ! Etaient-ils pris au piège du feu ? C'était horrible ! Les pompiers s'affairaient. Quelques minutes plus tard, elle vit avec soulagement deux pompiers sortir de l'immeuble en soutenant la mère de Sandra suivie de son mari et de ses fils. Manquait Sandra. Où était-elle ? Déjà sortie ? Marie balaya l'esplanade du regard. Pas de Sandra. Et elle entendit la mère de cette dernière hurler, paniquée :

— Sandra ? Où est Sandra ? Sandra !

Elle appelait sa fille avec des cris fous. Un pompier continuait de la soutenir. A chaque fois qu'elle hurlait le nom de sa fille, elle titubait. Marie ne savait pas si elle s'effondrait sous la panique ou si elle était ivre comme presque tous les soirs.

Un long moment passa. Les pompiers semblaient avoir maîtrisé puis éteint le feu. Marie les vit pénétrer dans l'immeuble avec un brancard. Avaient-ils trouvé Sandra ? Etait-elle blessée ?

Quand ils ressortirent, ce qui frappa immédiatement Marie, ce fut la housse sur le corps transporté. Elle était fermée. Si c'était comme dans les séries à la télé, cela signifiait que la personne sous cette housse était morte. Sandra ?

L'assistance devait avoir fait les mêmes déductions car elle bruissait d'un long murmure effrayé. Les pompiers amenèrent le brancard près du camion où se tenait la famille de Sandra. Personne n'entendit ce qu'ils dirent mais tout le monde comprit en voyant la mère de Sandra s'évanouir.

Ce fut alors que Marie l'aperçut près du cordon que les pompiers avaient dressé avec quelques plots autour du camion. Angel. Que faisait-il là ? Etait-il encore avec Sandra quand l'incendie s'était déclaré ? Il semblait sain et sauf, il se tenait un peu en retrait. Il avait les yeux fixés sur la housse contenant le corps sans vie de Sandra. Son regard était insondable, profondément noir. Il semblait calme, presque recueilli. Elle le vit bouger ses lèvres. Il priait ?

Elle essaya de s'approcher à travers la foule des voisins. Elle voulait lui parler, savoir ce qui s'était passé, voir comment il allait. Et peut-être se blottir dans ses bras si réconfortants.

Lorsqu'elle arriva au point où il se tenait quelques instants auparavant, il avait disparu. Elle le chercha du regard en tous sens. Il n'était plus là. Un immense dépit s'empara d'elle. Quelque chose en elle lui sembla se vider.



Angel et Marie - T. 1 - Prix du meilleur roman indé 2017, catégorie romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant