Chapitre 11 (suite et fin) : Visite

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Angel revint le soir au moment où elle allait s'endormir. Il s'allongea près d'elle, Marie se serra contre lui, il lui caressa d'un geste lent les cheveux et déposa un doux baiser sur son front.

- Dors, Marie, je suis là, je reste près de toi cette nuit, lui susurra-t-il.

Apaisée, elle s'endormit aussitôt. Au réveil, elle eut la joie de découvrir Angel encore près d'elle. Il la regardait avec des yeux qui semblaient ne pas se lasser de la découvrir.

- Bonjour, lui dit-il d'une façon qui marquait son bonheur de la voir et lui souhaitait réellement une belle journée à venir.

Marie s'étira comme un petit chat satisfait et revint aussitôt se glisser dans les bras d'Angel.

- Bien dormi ? demanda-t-il.

- Comme un bébé. Tu as passé toute la nuit près de moi ?

- Oui, je n'ai pas bougé.

- Alors, c'est pour ça que j'ai passé une si bonne nuit. J'ai fait de beaux rêves.

- Je sais.

- Comment le sais-tu ? s'étonna-t-elle.

- Tu m'as laissé accéder à tes rêves.

- A tous mes rêves ? s'inquiéta-t-elle.

- En tout cas à tous ceux où nous étions tous les deux. J'ai beaucoup aimé notre balade, main dans la main, au bord de la rivière où l'eau scintillait de mille feux et où la végétation alentour regorgeait de vert tendre. J'ai bien aimé également notre vol de nuit sous le ciel étoilé au bord des falaises d'Etretat. C'était agréable de te tenir d'un bras, dos contre moi, tes beaux cheveux flottant au vent de la nuit, et de s'envoler au-dessus de la mer, avec ses flots qui reflétaient la lumière de la lune. Tu fais de bien jolis rêves...

- C'est tout ce que j'ai envie de faire avec toi...

- Ah, c'est pour ça... ajouta Angel avec une moue où Marie devina une pointe de malice.

- Que veux-tu dire ? s'enquit-elle.

- Cela explique ton dernier rêve...

- Quoi ? Tu as eu accès à mon dernier rêve ? demanda-t-elle en sentant le rouge lui monter aux joues.

Dans son dernier rêve, en effet, son désir ne portait plus sur une balade de jour ou un vol de nuit. Elle y laissait libre cours à ses appétits sensuels. Cela commençait par un long baiser fougueux échangé avec Angel, qui, ensuite, lui ôtait un à un ses vêtements, sans la toucher, sous son seul regard ardent. Le désir de Marie s'en trouvait décuplé, elle n'attendait plus que l'instant où elle sentirait la peau d'Angel sur la sienne. Puis ... son réveil avait sonné.

- Non, malheureusement tu as exercé ta censure bien trop tôt à mon goût, lui répondit Angel. Tu ne m'as pas laissé assister à l'effeuillage de tes vêtements jusqu'au bout. Dommage..., ajouta-t-il, coquin.

Marie poussa un discret soupir de soulagement. Sous le feu de l'action, elle se savait capable de perdre toute pudeur, mais cette dernière faisait vite retour dans l'après-coup, surtout si Angel la titillait.

- Mais je vais revenir plus souvent passer mes nuits entières près de toi, poursuivit-il. J'aurais peut-être droit à la suite...

- Je ne savais pas les anges vicieux, rétorqua-t-elle pour marquer un point dans le petit jeu ouvert par Angel.

- Savoir contempler la beauté est plutôt une vertu. Qui plus est, les pensées et les rêves sont libres, c'est passer à l'acte, pour toute chose, qui est répréhensible.

Ces dernières paroles ne passèrent pas inaperçues aux oreilles de Marie.

- Vraiment ? demanda-t-elle. Rêves et pensées sont entièrement libres ?

- Bien sûr, par exemple, les âmes noires peuvent penser aux pires horreurs ou aux desseins les plus interdits. Seul le passage à l'acte les condamne.

- Dans ce cas... prononça-t-elle en fermant les yeux.

Elle se concentra et visualisa intérieurement une scène qu'elle transmit par la pensée à Angel. Celui-ci tressaillit lorsqu'il reçut les images. Le plus innocemment possible, Marie lui dit :

- C'est juste une pensée... Rien de condamnable ...

Elle venait de lui adresser une vision où elle lui déboutonnait sa chemise avec une lenteur calculée et où elle déposait des baisers dans l'échancrure laissée au fur et à mesure par chaque bouton défait.

- Très bien, Melle la joueuse, reprit-il. A mon tour...

Marie reconnut immédiatement le scénario qu'il lui envoya. C'était celui de son dernier rêve et il le reprenait au point où sa censure l'avait arrêté, avec l'intention évidente de le mener plus loin : ils se tenaient debout au centre de sa chambre et il reprenait le lent effeuillage de ses vêtements, en la frôlant à peine, mais en dardant sur elle un regard d'une telle intensité qu'il semblait presque rougeoyer. Sous ses yeux magnétiques, Marie se sentit rougir pour de vrai. Angel poursuivit son scénario imaginaire : l'ayant entièrement déshabillée, il la porta délicatement sur le lit, se redressa légèrement pour mieux parcourir, de son regard, chaque courbe de son corps. Ses prunelles brillaient d'un éclat qui avivait un feu sur chaque parcelle de la peau de Marie. Au fur et à mesure que se déroulait la vision d'Angel, mille flammèches couraient réellement sur le corps de celle-ci. Son souffle se fit plus saccadé. Angel continua : dans l'image suivante, il leva les mains et y apparut une brassée de pétales de roses qu'il fit pleuvoir sur Marie dénudée. Ainsi parée, il s'approcha d'elle et lui chuchota à l'oreille : « Je vais souffler sur chaque pétale, pour découvrir chaque grain de ta peau et chaque recoin de ton corps. » Et il commença à disperser un à un ces morceaux de rose, avec une lenteur dont la sensualité exacerbait le désir de Marie et qui la mit dans un état de tension infernale. Plus Angel prenait son temps, plus elle s'enflammait. Lorsqu'il commença à souffler sur les pétales déposés sur son sombre triangle, elle eut l'impression qu'un gigantesque brasier s'allumait en ses tréfonds. Ce fut le moment qu'il choisit pour interrompre la vision.

- Tu es très belle, lui dit-il.

Elle ouvrit les yeux et ce fut au tour d'Angel d'être surpris par l'incandescence qu'il lut dans son regard. Pour calmer le jeu avant que la tentation ne devienne trop forte, il écarta ses bras pour qu'elle vienne s'y lover et s'y apaiser. Ils restèrent ainsi un long moment, chacun reprenant ses esprits.


Angel et Marie - T. 1 - Prix du meilleur roman indé 2017, catégorie romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant