— Je sais que tu n'es pas un homme ordinaire. Je sais que tu es doté de pouvoirs surnaturels, comme celui de communiquer sans mots, de te déplacer à la vitesse de la lumière, surtout comme celui d'apparaître quand je suis en danger ou quand je t'appelle, débita-t-elle.
Parce qu'elle était impressionnée par les mots mêmes qu'elle prononçait, elle voulut les alléger par un trait d'humour.
— Tu es un véritable ange gardien pour moi, dit-elle avec sourire et malice.
Un frisson la parcourut aussitôt. Dans ses propres mots, elle venait d'apercevoir la vérité.
— Tu es un ange..., murmura-t-elle, ébahie par sa découverte.
Toutes les pièces du puzzle se mirent en place dans son esprit. Oui, c'était évident, même son prénom, Angel, le révélait. C'était parce qu'il était un ange qu'il pouvait deviner ses conversations, apparaître et disparaître comme par magie, déployer une force surhumaine, avoir un regard si bon et si doux, l'apaiser comme par enchantement.
Angel ne dit rien. Comme les fois précédentes, il ouvrit ses bras pour y accueillir Marie. Elle s'y lova aussitôt. Ils restèrent un long moment ainsi, bercés par la régularité de leur souffle et par la chaleur de leur peau en contact. Ce fut Angel qui rompit la douce torpeur.
— Tu m'as appelé juste pour savoir ce que j'étais ? demanda-t-il d'un ton où il sembla à Marie que perçait un peu de reproche.
— Non, Angel, je te l'ai dit, je t'ai appelé parce que j'ai besoin de toi, lui dit-elle avec un accent propre à émouvoir une pierre.
— Comment ça ? demanda-t-il, perplexe.
— Depuis que tu es parti, je ne vis plus. Je n'ai envie de rien. Je ne mange plus. Regarde-moi, j'ai perdu dix kilos.
— Je pensais que c'était à cause de ton père.
— Tu sais pour mon père ?
— Oui, je suis venu souvent te rendre visite quand tu dormais. J'ai vu les traces de ta tristesse, mais j'ai pensé qu'elle était due à la maladie de ton père.
— Non, j'ai très peur pour mon père, mais ce n'est pas cela qui m'a ôté le goût de vivre. C'est ton absence. Tu m'as manqué au-delà du possible et du supportable. Je t'ai appelé parce que j'ai besoin de toi. Un besoin vital.
Angel prit de nouveau Marie dans ses bras, ramenant sa tête contre son épaule. Il lui caressa doucement les cheveux. Elle sentit son souffle sur sa nuque et en tressaillit. Au bout d'un moment, elle releva la tête. Elle planta ses yeux dans ceux d'Angel. Leurs regards, aimantés, brillaient d'une lueur incandescente. Une tension grandissante saisissait Marie. Ses yeux glissaient par moment vers la bouche d'Angel, semblable à un fruit rouge à croquer. Elle n'y tint plus et ses lèvres vinrent se poser sur celles d'Angel. A leur contact, elle eut la sensation de n'être plus que ce baiser échangé. Une forme de fusion se réalisait dans ce simple geste. C'était doux, évident, passionné, sensuel, délicat, intense. Elle se consumait contre ces lèvres et pourtant se sentait vivante comme jamais.
Elle eût voulu que ce moment durât toujours, mais Angel finit par la repousser doucement et dit :
— Non, Marie, ce n'est pas possible...
Il sembla à Marie qu'un gouffre s'ouvrait sous ses pieds.
— Je ne suis pas ton genre, c'est ça, hein ? articula-t-elle péniblement en baissant la tête, les larmes prêtes à jaillir.
— Ne dis pas de bêtises. Ce n'est pas cela du tout. C'est juste qu'il ne faut pas.
— Mais pourquoi ? cria-t-elle presque, tant son désespoir était prompt à resurgir.
— Parce que cela te mettrait en danger et que te mettre en danger est la dernière chose que je veuille.
— En danger, pourquoi ? demanda-t-elle du même ton implorant.
Angel conservait son habituelle maîtrise de lui-même. Pourtant quelque chose dans sa voix et son regard trahissait un certain trouble que Marie ne lui avait jamais vu.
— Marie, tu ne sais pas tout de moi.
— Alors dis-moi. Dis-moi ce que j'ignore, répliqua-t-elle.
— Pas maintenant...
— Quand alors ? demanda-t-elle aussitôt sur un ton de supplique.
— Ce soir. Je viendrai te voir ce soir dans ta chambre. Je dois repartir accomplir ma mission.
Il déposa un chaste baiser sur le front de Marie qui ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, il avait de nouveau disparu.
Elle se laissa tomber sur l'herbe grasse en murmurant : « Angel... ». Il avait beau avoir dit qu'il lui rendrait visite le soir-même, le départ d'Angel la laissait avec un sentiment d'abandon. Crainte, joie et déception se mêlaient en elle en un cocktail plutôt déstabilisant. Joie de savoir enfin qui était Angel, mais crainte de ce qu'il allait lui apprendre de plus. Joie de ce baiser donné et reçu, mais déception de l'arrêt mis par Angel. Une fois de plus, il produisait sur elle des effets dignes des meilleures montagnes russes.
Mais au-delà des incertitudes qui la troublaient, elle était sûre d'une chose : elle aimait cet ange. Et elle se le répétait : « je suis amoureuse d'un ange », d'abord dans un murmure, puis dans un grand éclat de rire. Elle se leva, ivre de tous ces ressentis, et cria d'une voix forte pour que le monde entier le sût :
— Angel, je t'aime !!!
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Angel et Marie - T. 1 - Prix du meilleur roman indé 2017, catégorie romance
Paranormal"Qui est-il ?" se demande Marie à propos de celui qui vient attendre la reine des pestes au lycée. Une chose est sûre : elle est profondément attirée par cet étrange garçon à la beauté du diable et à la douceur d'un ange. Mais plus elle se rapp...