Bonus : Chapitre 15 (1ère partie) : Déjà-vu

784 113 28
                                    

[ Bon, j'ai bien entendu les appels, nombreux, de celles qui ne pouvant lire la suite des 14ers chapitres sur Amazon, me supplient de ne pas les laisser sur cette terrible fin : la sentence des Juges. Je cède et accède à votre demande : je vais publier quelques pages supplémentaires sur Wattpad ! ;-)

Mais attention, que quelques pages : 2 ou 3 chapitres au plus. Pourquoi ?

D'une part, parce que je ne voudrais pas que celles qui ont acheté le livre numérique sur Amazon se sentent flouées.

Et d'autre part, parce que je sais que les maisons d'édition préfèrent publier des ouvrages partiellement parus sur Wattpad. Et comme je vous sais tout aussi nombreuses à souhaiter voir Angel & Marie un jour édité en version papier, je ne vais pas prendre le risque de gâcher nos chances...

Bonne lecture ! :-) ]

************************************************************************************************


Le lendemain de sa nuit d'anniversaire, Marie s'éveilla en criant. « Non ! » hurlait-elle.

Elle se redressa dans son lit. Son visage était inondé de larmes, elle tremblait. Elle était en proie à l'émotion la plus vive. Elle venait de faire un cauchemar qui l'avait bouleversée. Elle avait rêvé qu'éperdument amoureuse d'un ange dit Tentateur, chargé de la perdition des âmes noires, elle s'était vu interdire par trois Juges du Purgatoire de l'aimer. 

Elle se souvenait de chaque détail de son rêve : le dîner au restaurant avec sa famille et l'ange, puis l'envol et le voyage sur le dos de celui-ci, leur arrivée et leur baiser sur les falaises d'Etretat, puis l'irruption des trois terribles Juges et l'interdit qu'ils avaient proféré au nom de l'ordre divin. Lui revenaient sa colère à elle, sa révolte, son sentiment d'injustice, sa bataille contre cette iniquité. Elle luttait pour sauver son amour, osant apostropher et haranguer ceux qui rendent la loi suprême. Elle vilipendait leurs lois rigides qui condamnaient son amour. « Je croyais que votre Dieu était un dieu d'amour ! Un dieu d'amour qui interdirait l'amour ! » leur disait-elle. En vérité, elle s'imaginait bien dans la vraie vie être prête à tout par amour. Prête à tous les sacrifices.

Elle se demandait pourquoi son esprit avait pu concevoir un tel rêve, si détaillé. Etait-ce parce qu'elle n'attendait que cela : que l'amour avec un grand A fasse enfin son entrée dans sa vie ?

Elle alluma la lumière et sourit à la vue des deux dormeuses posées sur sa table de chevet. Elle gardait en mémoire l'instant où sa mère, la veille, les lui avaient offertes. Etrangement ce souvenir bien réel se superposait à celui de son rêve, jusqu'à se confondre avec lui : elle se voyait recevoir les boucles d'oreille, autour d'elle se tenaient son père, sa mère, son frère, mais aussi ce bel ange brun. Bizarre.

Elle se leva et prit son petit-déjeuner. Elle était seule dans la cuisine. Le jour n'était pas encore apparu. Ses parents et son frère allaient faire la grasse matinée en ce début de week-end. Avec sa cuillère, elle remuait son thé pour qu'il se mélangeât avec le nuage de lait qu'elle y avait versé. Tandis qu'elle observait les deux liquides se dissoudre l'un dans l'autre, elle se fit la réflexion que le malaise qu'elle ressentait depuis son réveil ne se dissipait pas, lui. Etait-il le fruit de son cauchemar ? Ou relevait-il de la mélancolie typique des lendemains de fête ?

Elle tâcha de se concentrer sur ses tartines. Mais ses pensées la ramenaient sans cesse et malgré elle vers cet ange dont elle revoyait le moindre trait : ses grands yeux noirs pénétrants, ses boucles brunes, sa peau mate, ses dents blanches. Elle ressentait la chaleur de leur corps-à-corps, la douceur de ses lèvres.

- Angel... murmura-t-elle, surprise de la familiarité de ce prénom quand elle le prononça.

C'était comme si ce mot résonnait en elle et trouvait des échos dans les recoins de son être.

- Angel... reprit-elle.

Mais l'invocation, loin d'adoucir son malaise, l'amplifia. Elle creusa ce que Marie perçut comme un trou en son sein. A . N . G . E . L ., ces cinq lettres étaient douloureuses. Elles la blessaient comme un acide qui brûle et consume les chairs. Quelque chose semblait s'évider en elle à mesure que son esprit se tournait vers cet ange.

C'est idiot, pensa-t-elle, se laisser tournebouler par un rêve, c'est complètement dingue ! Elle se leva, résolue à faire disparaître les brumes de la nuit par une douche tonique. Elle fila vers la salle de bain, se déshabilla et se glissa sous un jet d'eau qu'elle régla volontairement plus fraîchement qu'à l'accoutumée. Elle laissa longuement l'eau ruisseler sur son corps. Elle voulait se laver du mal-être qui s'était infiltré en elle. Lorsqu'elle fut suffisamment vivifiée, elle ferma les robinets. Elle s'apprêtait à sortir quand elle aperçut au fond du bac une petite chose blanche. Elle se pencha pour la ramasser : c'était une plume toute duveteuse, qui lui rappela immédiatement celles des ailes de l'ange. Que faisait-elle là ? Peut-être était-ce une plume de son oreiller qui s'était prise dans ses cheveux ? Marie enfila son peignoir et retourna sans bruit à sa chambre. Elle ôta la taie de son oreiller pour en voir la composition : synthétique. Pas de plume. Elle fit de même pour sa couette. Idem, synthétique. Pas la moindre trace possible de plume ou de duvet.

Ce qui la troublait, était que la plume était recouverte de la même poudre pailletée qu'elle avait vue en rêve. Elle résolut d'interroger sa mère sur la provenance de cette plume. Peut-être d'un déguisement ?...

En attendant le lever de sa mère, elle décida de se mettre à ses devoirs. Elle tenta de se focaliser sur ce qu'elle avait à réviser. Mais en vain. Quelque chose la perturbait. Quelque chose au creux de son estomac. Comme une faim mais dont elle percevait bien qu'aucun aliment ne l'aurait rassasiée. Quelle était cette sensation vorace qui lui dévorait les tripes et semblait vouloir l'engloutir ? Un manque, se dit-elle. C'était ça : elle était en manque de quelque chose. Mais de quoi ? Mais de quoi pouvait-elle manquer alors même qu'elle était tranquillement chez elle, près des siens, le lendemain de son anniversaire qu'ils avaient tous ensemble joyeusement fêté ? Une petite voix intérieure lui soufflait : « il me manque... » Il lui manquait ? Quoi ? Qui ? Qui. Toutes ses pensées le lui indiquaient : Angel lui manquait. L'ange de son rêve qu'on lui avait interdit d'aimer lui manquait terriblement. C'était ridicule !



Angel et Marie - T. 1 - Prix du meilleur roman indé 2017, catégorie romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant