Chapitre 10 (1ère partie) : Concession

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Alors Angel vint. Tous les soirs, dès qu'elle était couchée, il arrivait et s'allongeait près d'elle. Il la prenait dans ses bras, elle se blottissait contre lui et ils parlaient de longues heures en chuchotant. Elle lui demandait de lui raconter des anecdotes de sa vie d'antan en Louisiane ou de lui parler des pays où ses missions l'avaient porté. Alors il se faisait conteur et tous les soirs, rien qu'en l'écoutant, Marie voyageait dans le temps ou dans l'espace. Chaque nuit, pendant plusieurs semaines, elle s'endormit bercée par la mélodie des paroles d'Angel.

Un soir, peut-être parce qu'elle avait parlé un peu plus fort que d'habitude, elle aperçut soudain un rai de lumière sous sa porte qui s'entrouvrit lentement, laissant apparaître la tête de sa mère. Marie se figea et évalua en un instant la catastrophe qui allait s'abattre sur elle : comment justifier auprès de sa mère, qu'un homme se trouvait dans son lit ?! Elle retint son souffle en attendant les imprécations de sa mère, mais celle-ci referma doucement la porte. Elle n'avait pas vu Angel ! Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu ne pas voir cet homme allongé contre elle, par-dessus la couette ?

- Elle ne t'a pas vu ?! s'exclama Marie quand elle fut sûre que sa mère avait réintégré sa propre chambre.

- Non, elle ne m'a pas vu.

- Mais comment a-t-elle fait pour ne pas te voir ? continua-t-elle.

- Elle, elle n'a rien fait. C'est moi qui ai fait, répondit-il.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- Je me suis rendu invisible.

- Comment fais-tu ça ??

- Oublierais-tu que je suis un ange ? J'ai un corps d'homme, mais il n'est pas limité par les mêmes lois de la physique que celles des êtres humains. Cela me donne quelques petits tours dans mon sac.

- Fais-le pour moi !

- Quoi donc ?

- Rends-toi invisible ! Tout à l'heure j'avais les yeux fermés, je n'ai rien vu.

- Ça tombe bien, il n'y avait rien à voir, la taquina-t-il.

- Angel, allez, montre-moi !

- Tu veux voir que tu ne me vois pas ? poursuivit-il, amusé.

- Angel !

Alors il se fit invisible. Il disparut de la vue de Marie.

Pourtant elle continuait à sentir la chaleur de son corps contre elle. Elle dit :

- Je ne te vois plus, mais je te sens.

Cela lui donna l'envie de jouer :

- Je vais deviner quelle partie de ton corps je touche avec mes mains.

Elle commença :

- Là c'est ton épaule ...

Elle continua sa découverte :

- Là c'est ton dos...

Glissant ses mains sous le T-shirt d'Angel, elle poursuivit :

- Ton ventre... ton torse... ton cou... tes lèvres...

Marie n'entendait plus la respiration d'Angel, comme si celui-ci la retenait. Elle-même ressentait un certain trouble à laisser ses doigts effleurer la douce peau d'Angel. Elle vint se mettre à califourchon sur lui et recommença son exploration, du bout des lèvres cette fois : le ventre où elle sema de petits baisers autour du nombril, le torse qu'elle huma baiser après baiser, le cou, puis les lèvres qu'elle vint mordiller et embrasser.

Angel lui saisit le visage entre ses deux mains et lui rendit son baiser avec passion. Il la fit basculer sur le dos et se plaça au-dessus d'elle.

- A moi de jouer. Voyons voir si tu devineras où je vais t'embrasser, dit-il en se soulevant.

Toujours invisible, il approcha sa bouche des pieds de Marie et demanda :

- Alors ? Où vais-je déposer ce baiser ? Tu devines ?

- Sur mon épaule, répondit Marie.

- Raté, dit-il en baisant les pieds de Marie qui frémit de surprise. Et maintenant ?

- Mon ventre...

- Non, chuchota Angel d'une voix délicieusement suave. Et il commença une lente remontée de ses chevilles jusqu'au haut de ses cuisses.

Le souffle de Marie se fit plus haletant. Elle essayait de contrôler sa respiration pour ne pas inquiéter Angel. Elle ne voulait pas qu'il devine son trouble car, mue par un désir irrépressible que faisait naître ce lent parcours, elle souhaitait surtout que rien ne l'arrête.

Arrivé en haut des jambes, Angel demanda, d'une voix plus rauque :

- Et maintenant ?

- Je ne sais pas... Où tu veux, souffla Marie qui s'abandonnait sous ce chapelet de baisers.

Angel remonta légèrement le T-shirt de Marie et vint caresser son ventre du bout de ses lèvres. Marie se mit à frissonner et à brûler sous le feu délicat de ses caresses qui tantôt l'effleuraient, tantôt semblaient vouloir l'aspirer. Elle se cambra pour mieux s'offrir à cette bouche dont chaque contact la faisait vibrer et l'inondait de chaudes sensations inconnues. Elle prit le visage d'Angel entre ses mains et l'invita à remonter jusqu'à sa bouche. D'abord ils se butinèrent, ils semblaient vouloir savourer les lèvres l'un de l'autre comme la pulpe d'un fruit sucré, puis comme deux fauves affamés, ils semblèrent vouloir se dévorer. Angel prit les mains de Marie et les plaqua sur le lit au-dessus de sa tête. Marie passa ses jambes autour du corps d'Angel. Elle voulait se fondre en lui, elle était sienne.

Soudain, elle ne sentit plus son contact. Il était toujours invisible.

- Angel, que fais-tu ? demanda-t-elle frustrée et inquiète.

Il apparut au milieu de sa chambre. Il se tenait, comme un sportif après l'effort, plié en deux, les mains reposant sur ses genoux. Il reprenait son souffle. Et il regardait Marie... d'une façon ... comment dire... comme un fauve contraint de lâcher à regret sa proie.

- Que se passe-t-il, Angel ? demanda-t-elle.


Angel et Marie - T. 1 - Prix du meilleur roman indé 2017, catégorie romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant