11 - regards

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« Courir pour passer au dessus du point d'arriver, autant mieux marcher.
-Summer »


Je sens tous les regards posés sur moi mais ce n'est pas pour autant que je vais baissée les yeux. Je suis encore maître de moi-même et de mon monde. Je suis celle que j'ai envie d'être et ce n'est pas les regards d'autrui qui vont diriger ma vie ; je m'en suis faite la promesse. Je continue ma route, ne prêtant pas d'attention à toutes ces paires d'yeux braqués sur moi. Mon cœur bat rapidement dans ma poitrine et je tente de cacher ma main droite tenant mon téléphone qui est en train de tremblée. Je ne veux pas me laisser abattre par des petits cons et des pétasses qui ne supportent pas que l'on marche sur leurs plates-bandes. Je ne dois rien à personne et j'espère ne pas m'être faite une idée trop rapide et trop rose de Bradford et de la vie qu'on y mène et que je pourrais avoir. Je ferme les yeux un court instant pour renforcer mon regard.

J'examine un peu toutes les personnes qui se trouvent tout autour de moi qui semblent se refermer petit à petit autour de moi en formant un cercle sans même avoir besoin de se concerter. Je continue mon avancée mais mon regard tombe rapidement sur quelqu'un de très particulier. Un métis. Je crois que c'est le garçon que j'ai vu dans la voiture depuis ma fenêtre l'autre soir. Est-ce vraiment lui ? Cette question fait son petit bout de chemin dans mon esprit jusqu'à ce que je le dépasse. Je pivote légèrement du buste et tourne un peu de la tête pour le regarder encore une fois et détailler vraiment son beau visage. Putain, mais qu'est-ce qu'il est beau ! Comment peut-on l'être autant ? Je détourne le regard pour ne pas me faire avoir dès le premier jour. Les rumeurs ne sont pas vraiment ce que je préfère le plus et je m'en passerais même. Je suppose qu'il y en a déjà tout plein à mon sujet dans ce lycée et je ne veux clairement pas aggraver mon cas ; c'est déjà assez suffisant d'être la nouvelle au beau milieu de l'année scolaire. Je passe ma main dans mes cheveux, remettant quelques mèches près de ma tresse que je vais sûrement devoir bientôt refaire.

Je pousse un long soupire et arrête ma musique, rangeant mon téléphone et mes écouteurs dans mon sac. Je passe devant une foule d'étudiants anglais, me regardant tous avec attention et ils m'examinent. J'entends déjà des sifflements venant la part de la gente masculine sûrement. J'ai l'impression de me retrouver dans l'un de ses films américains ou anglais à l'eau de rose sans queue ni tête avec la nouvelle élève qui est une adolescente timide et réservée qui arrive au beau milieu de l'année et qui tombe en amour pour un des plus beaux mecs et des plus populaires aussi de son bahut.

Et que cet amour même s'il est contradictoire pour une quelconque raison, est réciproque. J'ai envie de me gifler à penser à telle absurdité. Je ne suis pas l'une de ses filles et nous ne sommes clairement pas dans l'une de ses histoires d'amour fleur bleue à la con que je déteste –au passage. Je continue mon petit bout de chemin jusqu'au bureau du directeur qui m'attend sûrement avec impatience alors que je suis déjà en avance. Je déteste être en retard alors autant mieux arrivée en avance. Je toque à la porte dans une partie supérieure est vitrée mais avec des effets flou pour qu'on ne puisse pas voir distinctement ce qui se passe dedans.

-Entrez ! Entendis-je crier.

J'ouvre la porte et pénètre dans la pièce. Une petite femme, toute menue avec des lunettes de taupe sur le nez, un petit sourire et deux yeux marron qui regardent avec insistance ma personne. Elle me fait signe que je peux m'asseoir avec sa tête et prends alors place sur l'une des chaises avec une doublure en cuir. Je pose mon sac sur le sol, croise les jambes et place mes mains sur mes genoux. Je me tiens droite pour ne pas faire mauvaise impression dès mon premier jour ; ce serait vraiment con. Je ne tiens pas non plus à être l'élève parfaite dont cette école espérait la venue mais je ne tiens pas non plus à être la délinquante de service et à être renvoyer dès mon premier jour. Surtout après tout le mal que Dany a eu pour me faire entrée dans ce lycée alors que je ne vivais même pas encore chez elle et que je n'étais qu'une photo sur un dossier. Elle a déjà fait tellement pour moi en si peu de temps que je ne peux pas me permettre de tout gâcher en une seule journée.

Elle s'est battue et je dois lui montrer et lui prouver qu'elle n'a pas eu tord. Je souris à la dame qui me regarde de haut en bas et me souris ensuite alors qu'elle allait commencée à ma dévisager. Je le sais parce que je l'ai vu sur son visage. Elle doit sûrement se demander encore quel spécimen d'élève je suis et à quoi elle va devoir s'attendre de moi, sûrement en train d'imaginer le pire. Pourtant je ne suis pas si terrible que cela. Enfin, je crois, je n'en suis pas si sûre que cela. Je perds le court de mes pensées alors qu'un homme assez âgé, grassouillet avec une énorme pustule sur la joue gauche ouvre la porte d'un bureau. Il me fait signe de tête de venir lui, un peu réticente au début, je finis quand même par m'approcher. Je pose mes fesses sur l'une des chaises devant le bureau, mon sac à mes pieds. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais cet homme, je ne le sens pas vraiment. J'ai des mauvais pressentiments à son égard et il ne m'inspire clairement pas confiance.

Même si son école est belle, je dois l'avouer quand même. Mon cœur se serre alors qu'il prend place devant moi, ses mains entrelacées l'une dans l'autre et le regard posé sur mon visage d'une façon dure et intransigeante. Je crois que je préfère encore être orpheline que sa fille. Je détourne le regard pour ne pas commencer par être prise pour une mauvaise élève qui répond et dérange beaucoup de monde. Je ne passe quand même pas pour une lâche puisque je relève tout de suite son regard après mais qui est adoucit cette fois-ci.

-Bienvenu à la Bridgemonth School, nous espérons que tu vas y trouver ta place mais et surtout la clé de ton avenir, dit-il sur un ton qui se veut gentil mais qui avec sa voix passe plutôt pour un ordre.

Je réprime une grimace et lâche à la place un sourire hésitant. Je ne sais pas vraiment si je dois répondre ou non et il ne me laisse aucun indice quant à cela. Je ferme les yeux et prend une grande inspiration, affrontant son regard pour lui montrer que je ne suis pas à prendre au pied de la lettre, que je ne me laisserais pas faire même si je peux paraître gentille et inoffensive. Je suis peut-être le diable incarné, qui sait ? Il détourne le regarde et commence à fouiller dans ses feuilles tellement que son bureau est très désordonné.

Ma place est-elle vraiment ici ou dans un ailleurs ?



Your Smile Is My Paradise//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant