« Je ne regrette rien parce qu'il n'y a pas de place pour les regrets dans la vie.
-Summer »
Je me réveille doucement, entendant une musique effrénée dans mes tympans. Je tâtonne tout autour de moi pour savoir d'où provient ce son et quand j'appui sur un bouton de mon réveil ; la musique s'arrête. J'ouvre les yeux, clignant plusieurs fois de suite pour m'habituer à la lumière. Je fixe ensuite le plafond, la musique encore dans la tête. J'aimais bien ce son mais il allait un peu trop fort pour un réveil en douceur. Je souris alors que je me mets sur mes avant-bras. Je regarde tout autour de moi et remarque que rien n'a bougé. Cette vie n'est pas un rêve mais une réalité à portée de mains. Je sors du lit, étirant tous mes muscles au passage qui sont ankylosés encore par le sommeil ; tout à fait réveillés. Je continue, toujours en souriant légèrement, la routine matinale. Je choisis des vêtements dans mes valises que je n'ai pas encore vidées.
Je comptais les faire avant-hier soir et hier mais j'ai tellement réfléchis et pensée que je n'ai pas prêté attention au temps qui passait. De plus, quand j'y pensais, l'envie n'y était plus là. Je fouille un peu et trouve ce que je souhaite retrouver. Un jeans « boy-friend » avec quelques petits trous, un t-shirt d'un de mes groupes favoris que j'ai eu à l'un de leurs concerts auquel j'ai eu la chance d'y aller –en douce avec une ancienne amie dont je n'ai plus de contact. Elle est morte donc je ne vois pas comment je pourrais communiquer avec elle. Mia –c'était son prénom- était en quelque sorte ma meilleure amie. On avait une mauvaise influence l'une sur l'autre et il nous arrivait souvent de nous prendre la tête pour un rien comme pour un tout mais on s'aimait et on avait besoin l'une de l'autre pour sortir de cette société qui nous étouffait.
On s'était trouvé au bon moment mais alors qu'elle s'engueulait à nouveau avec son père, elle le poussa et il se cogna la tête contre un coin de meuble et mourut sur le coup. Elle se jeta du haut de son immeuble ensuite pour ne pas devoir affronter les conséquences et parce qu'elle ne supportait plus sa vie ; l'accident avec son père était la goutte de trop. Je n'avais rien pu faire pour elle et je n'ai même pas pu assister à son enterrement parce que je venais de changer de famille ; une autre goutte en trop sûrement. J'enfile ma tenue qui comporte ensuite un gilet en laine de couleur grise avec des poches à l'avant et aucun bouton, tombant beaucoup vers le bas. Il est chaud et confortable et peu se mettre avec n'importe quoi ; une raison de pourquoi je le mets presque tout le temps.
J'enfile ensuite une paire de chaussettes et des baskets Nike que j'aime par-dessus tout. Habituellement, je ne m'attache à rien mais ses vêtements représentent beaucoup pour moi sans avoir un réel intérêt non plus. Je me sentais bien dedans alors que mon cœur se décomposait ; j'avais l'impression d'être une chevalière sur un champ de guerre au Moyen-âge. J'attache mes cheveux en une haute couette après les avoir brossés soigneusement. Je descends ensuite les escaliers pour voir Dany en train de préparer le petit déjeuner dans la cuisine. Elle relève la tête à l'entente de mes pas sur le sol, me sourit et retourne à sa préparation.-Bonjour, tu as bien dormis ? Me demande-t-elle avec sincérité et non comme une habitude matinale qu'à tout le monde.
-Bonjour, oui et toi ? Retournais-je la question vers elle.
-Oui, bien aussi. Encore un peu, j'ai cru que tu n'allais jamais venir et que le réveil ne t'avait pas réveillé, dit-elle en riant doucement.
Je ris avec elle et prend place sur une des chaises mise à disposition. A-t-elle déjà accueillit des enfants ou des adolescents avant moi ? J'ai vraiment envie de lui poser cette question mais sachant qu'elle est assez déplacée –du moins pour le moment- je la range dans un coin de mon esprit pour la poser plus tard quand nous serons plus à l'aise ensemble et qu'un vrai lien et qu'une vraie complicité se sera créer. Pas avant. Je prends le verre de jus d'orange qu'elle vient de poser devant moi et en boit une gorgée. Il est vraiment bon. Je n'avais même pas le droit à dus jus d'orange et à l'orphelinat c'était en brique et d'une mauvaise marque et donc d'une mauvaise qualité.
Je vide le verre d'une traite et le repose doucement sur le comptoir, m'attaquant à l'assiette de crêpes qu'elle a posé devant moi ; mettant une fois du sucre, une fois du chocolat à tartiner, une fois de la confiture. Je n'ai jamais eu un aussi bon déjeuner. Dany cuisine vraiment bien. Elle manque avec moi, ce dont je n'ai jamais eu le droit avant non plus. Je suis gênée de manger avec et devant elle. Elle ne le remarque pas et je ne lui en veux pas. Elle est tellement douce, vulnérable, fragile et gentille que je ne peux pas lui en vouloir pour quelque chose auquel je n'ai pas encore eu le droit de toute ma vie alors que son quotidien a peut-être été forgé de cette façon.-J'aimerais te confier quelque chose, s'enquit-elle en coupant le silence qui nous englobait toutes les deux.
Je manque de faire tomber la crêpe que j'avais dans les mains alors qu'elle prononce ces mots. Que veux-telle me confier ? La question arrive directement dans mon esprit, là en moins de trente secondes. Je déglutis pour avaler ma salive et ne pas m'étrangler. Je n'ai pas envie de mourir maintenant alors que la vie commence à me sourire. Elle n'attend pas que je sois prête à l'écouter, prenant une bouchée de ma crêpe, je manque de m'étouffer avec.
-J'ai demandé à avoir une adolescente comme toi parce que j'aime les problèmes. Mais aussi, j'aime rendre service. Je me sentais seule depuis le départ de la maison de mes trois enfants alors j'ai décidé de prendre une adolescente, commence-t-elle. Tu avais l'air d'être parfaite et en plus tu convenais parfaitement à mon cadre de vie. Tu étais celle qu'il me fallait pour égayer mes journées et je suis vraiment ravie de t'avoir à la maison. J'espère que tu vas te plaire ici et que tu te sentiras chez moi, même si tu as pensé toute ta vie dans le Sud. Je ne veux pas devenir ta maman, parce que les mamans sont irremplaçables mais comme moi aussi j'ai perdu la mienne quand j'étais jeune ; je me disais que je pourrais te venir en aide. Enfin, je ne sais pas si tu me comprends parce que c'est encore un peu confus dans mon esprit mais sache que je ne regrette pas de t'avoir prise sous mon toit. Tu as l'air bien plus fragile et détruite que tu ne le laisse paraître et j'aimerais vraiment être capable de t'aider, termine-t-elle.
J'avale mon morceau de crêpe difficilement et tourne la tête vers elle. Dany baignait dans une solitude énorme depuis que ces enfants avaient quitté la maison et elle avait besoin de réconfort et de compagnie. Au lieu de prendre un animal de compagnie, elle a décidé de prendre une adolescente –donc moi- en accueil et peut-être même aller jusqu'à l'adoption –ce qui ne m'était jamais arrivée avant- pour la remettre dans le droit chemin et lui donner enfin la perception de ce que doit être une famille. Je crois que je l'aime de plus en plus cette femme, elle est tellement douce et gentille, la main sur le cœur et tellement de choses encore que je ne saurais tout dire. Je vais me plaire ici, j'en suis sûre et certaine à présent.
Je ne laisserais personne s'en prendre à Dany parce que son cœur crie au secours mais personne n'est là pour l'entendre ; comme pour moi.
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Your Smile Is My Paradise//z.m
Fiksi Penggemar❝Comment pourrait-elle aimer alors qu'elle ne s'aime même pas?❞ ©Copyright 2015 ©CrazyWildUnicorn [ H o r s - s é r i e ]