04 - préparation

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« Dans une autre vie, serais-je libre d'être qui je veux ?
-Zayn »


Je termine de boutonner ma chemise, me regardant dans la glace pour analyser le tout. Ma chemise est correctement entrée dans mon pantalon avec pas un centimètre qui dépasse ni aucun mauvais plis. Je passe ma coupe en revue et la trouve parfaite malgré qu'une mèche se rebellât contre mon gel. Je n'en mets jamais habituellement mais ce soir je n'ai pas trop le choix puisque mes parents ont un dîner d'affaire et que moi et mes 3 sœurs nous devons les y accompagner.

Ils peuvent nous laisser seuls à la maison sans problème puisqu'ils l'ont déjà fait mais cette fois-ci l'autre famille tient à nous rencontrer après plusieurs dîners débarrassés des enfants. Je passe ma main dans mes cheveux et sent la masse visqueuse dessus. Je déteste le gel mais pour ne pas avoir la colère de mes parents sur le dos durant toute une soirée, je suis bien obligé de le faire. C'est mieux pour moi si je ne veux pas ressortir avec la tête grosse comme un melon. C'est à ce moment-là que l'une de mes sœurs, celle du milieu décide de passer –Donia.

-Tu es encore une fois irrésistible Zaynou, tu n'as rien à te reprocher, dit-elle sarcastiquement en clignant des yeux plusieurs fois.

C'est un petit jeu entre nous qui remonte depuis déjà des années. Cela a toujours été ainsi entre nous. Ou presque du moins. Je souris en la regardant à travers la glace par-dessus mon épaule. Je sais très bien qu'elle me taquine et rigole en disant cela parce que jamais elle ne sera dans un avis contraire ou opposé. Elle m'a toujours complimenté et à force, c'était devenu un jeu. Mais dans le fond tout ce qu'elle me dit, elle le pense vraiment.

Je le sais, surtout quand j'analyse ses prunelles amandes comme les miennes malgré qu'elles soient plus claires, plus brillantes et plus pétillantes ; autrement dit plus ouvertes et plus belles. Les personnes la regardent dans les yeux sans problème alors qu'avec moi, ils baissent les yeux pour ne pas à devoir affronter mon regard. Je sais très bien que c'est ainsi et elle me répète souvent de ne pas regarder les gens ainsi mais je n'y peux rien ; c'est dans ma façon d'être. C'est en moi et comme je suis ainsi de base –enfin je crois- je ne suis pas prêt de changer la donne non plus.

-Tu n'es pas mal non plus Donia, tu vas en faire craquer plus d'un dans cette famille. Le père va devenir pédophile rien qu'à te voir entrer à l'intérieur de la maison, rétorquais-je avec un ton ironique.

Elle glousse et rougit et continue ensuite sa route jusqu'à sa chambre. Je prends ma cravate et le regarde pour l'examiner. Je sais comment faire des nœuds de cravate mais franchement, je n'ai pas envie d'en mettre une ce soir. Sauf que si je ne le fais pas, je vais me faire taper sur les doigts comme jamais. Les cravates sont un symbole de pouvoir et de dignité dans ma famille, le symbole de l'homme et de son autorité.

Je l'enroule autour de mon cou comme un foulard pour voir ce que cela donne mais comme ma maman passe par là, je me ressaisis et arrête de sourire comme un con. Elle vient près de moi et me prend l'accessoire des mains pour le nouer correctement autour de mon cou, me retournant pour terminer le nœud. Elle les fait mieux que moi, je le sais, mais je ne souris pas non plus.

-Merci maman, s'enquis-je à son attention.

Pour me répondre, elle me lâche un timide sourire et un regard pétillant, les yeux humidifiés par les larmes. Quand elle est ainsi, c'est qu'elle pense que j'ai grandi trop vite. Elle ne se rend pas compte du pincement au cœur que cela me fait parce que j'ai beau être d'agressif et de prétentieux ou n'importe quel autre adjectif me décrivant ; j'aime ma maman et je déteste par-dessus tout la voir en train de pleurer ou de se retenir de pleurer. Je lui ouvre mes bras et elle vient s'y blottir. J'ai grandis trop vite, elle n'a pas eu le temps de voir le temps passer et j'ai presque déjà mon pris mon envol qu'elle remarque de tout le temps qu'elle a perdu. Elle sert ma chemise du bout des doigts et appuie son corps contre le mien.

Je la serre dans mes bras le plus fort que je le peux, pliant légèrement les genoux pour ne pas qu'elle se mette sur la pointe des pieds malgré qu'elle porte des talons et pose ma tête sur son épaule gauche alors qu'elle pose la sienne sur mon épaule gauche. Je mets fin à notre étreinte et essuie ses larmes du bout de mes pouces et elle s'en va, un sourire nostalgique sur les lèvres. Je n'aime pas la voir comme ça, mais je ne peux rien y faire si elle se comporte ainsi. Je ne peux pas lui en vouloir d'avoir travailler une bonne partie de mon enfance pour en arriver à un stade où elle se rend compte qu'elle a perdu du temps mais qu'elle me permet de suivre l'avenir que je souhaite faire même si celui-ci ne lui convient pas. Mon cœur se serre dans ma poitrine alors que je retire de son cintre mon blouson et le met sur mes épaules. C'est un costume trois pièces que je porte et même si je le déteste, je me trouve comme même assez séduisant dedans.

Je me mords la lèvre inférieure et enfile des chaussettes blanches ainsi que des chaussures italiennes en cuir. Je descends ensuite les escaliers pour aller dans le hall où mes trois sœurs se trouvent déjà, une pochette chacune dans les mains. Mon téléphone est dans ma poche de pantalon du côté droit, où je mets ma main dedans pour être de ne pas l'avoir oublié ou de le perdre en cours de route. Ma maman arrive ensuite, son maquillage refait en dernière minute à cause des larmes qu'elle avait versée. Puis mon père arrive le regard fier et imposant sur toute la famille, moi y comprit. Il analyse notre tenue de haut en bas et ensuite, ouvre la porte d'entrée, un mince sourire sur les lèvres et les clefs de voiture et de la maison dans la main gauche qu'il n'utilise pour enclencher la poignée.

Je termine la marche, fermant à clé au passage et arrive ensuite à la voiture. Je me mets sur les sièges arrière avec mes sœurs. Comme nous sommes quatre, la plus jeune de mes sœurs, Donia, vient sur mes genoux. Nous nous attachons tous et mon père entreprend la route pour aller jusque chez les Kennedy. Je ne les aime pas vraiment mais c'est un dîner pour le travail alors il faudra bien que je les supporte le temps d'une soirée. Je peux au moins faire ça pour mes parents malgré que parfois, j'aie envie de fuguer. Je passe ma main dans mes cheveux et souris à mes sœurs qui pensent comme moi ; elles non plus ne voulaient pas venir à ce putain de dîner.

Une vie est faite pour être vécue et pour en profiter et non pour la subir et la supporter.



Your Smile Is My Paradise//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant