19 - lettre

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« Le manque est l'un des plus gros vices de la société.
-Summer »


« La vie sans vous n'a pas vraiment d'importance. Mon cœur souffre pendant que mon âme et bourre la gueule tous les soirs pour oublier. Mais mon cœur ne peut pas faire de même parce qu'il aura beau boire autant d'alcool qu'il le souhaite et dont il en est capable avant d'atteindre le coma éthylique, jamais il n'oubliera parce que ce n'est pas dans ces capacités.

Le cœur n'oublie pas ce que l'esprit tente d'ignorer à son propre détriment.

Vous me manquez atrocement ; c'est un poids tellement lourd à porter sur mes épaules.

Je suis constamment mal même si je parais aller mieux.

Dany essaye de me faire aller mieux, de me réconforter quand mon cœur saigne de trop qu'il est en pleine hémorragie mais... Il me manque toujours ce quelque chose.

Et ce quelque chose, c'est vous.

Vous n'avez jamais existé dans mon monde ou si peu de temps qu'il m'arrive parfois de me demander si vous avez réellement exister ou si je suis tombée du ciel comme ça.

Je suis orpheline, autrement dit, vous n'êtes plus ce monde.

J'ai vraiment du mal à me faire une véritable image de vous.

Papa, maman –si je puis vous appelez ainsi- où êtes-vous vraiment ? Dans le ciel parmi les nuages, les étoiles et les morts ou vous êtes quelque part dans ce monde en vivant comme si vous ne m'aviez jamais eu ?

Parfois, il m'arrive de me poser ce genre de question ; si vous êtres morts ou vivants.

Je sais que je ne devrais pas parce que c'est en quelque sorte un manque de respect à votre égard, que vous soyez encore de ce monde ou non mais je ne peux pas m'en empêcher et veuillez me le pardonner d'une façon ou d'une autre. Pas simplement parce que je suis votre fille mais simplement parce que je suis devenue ce que la vie a faite de moi et que vous n'avez aucune emprise sur cela. »

Je renifle un coup et suspend mon stylo à bille juste au dessus de ma feuille. Ça doit faire la dixième sur laquelle je commence à écrire une lettre à mes parents et sûrement aussi la dixième que je vais jeter à la poubelle. Je prends ma tête entre mes mains et me retrouve pour la centième fois ce mois-ci dans une crise existentielle et d'identité. Je ferme les yeux et pose mon front contre la feuille mise sur mon bureau, les mains serrant fermement mes cheveux à la racine. Je n'en peux plus de cette vie où je ne sais rien de mon passé et de ce qui aurait du constituer un présent mais qu'une simple trace sur une feuille.

Je ne saurais jamais qui sont mes parents et je doute vraiment qu'ils m'ont abandonnés à la naissance et qu'ils ont continués leurs vies comme si de rien n'était en ne s'accordant pas quelques petites minutes pour penser et chercher un peu après moi. Sinon, s'ils sont encore en vie mais qu'ils se demandent même si je suis encore de ce monde ; c'est qu'ils ne m'aimaient vraiment pas et qu'ils me désiraient encore moins. Sauf que j'ai niqué et tordu le cou de mon destin. J'étais censée être détester et aimer de personne mais pourtant, je suis très proche de ma majorité et je suis aimée et appréciée. Sans me lancer des fleurs parce que l'on me l'a déjà dit mais on m'admire et m'envie aussi. Sauf que je déteste aussi ces sentiments mais il m'aide à garder un cap parce que je sais que si je tourne mal, ces personnes feront de même ou me détesteront ce qui est sûrement pire que tout. Emmener quelqu'un dans sa chute ne devrait jamais arriver.

« Je me suis souvent demandée aussi pourquoi j'étais de ce monde.

C'est vrai après tout, vous m'avez laissé tomber avant mes 1 an alors comment je pourrais avoir confiance en moi et me sentir aimer dès que j'ai commencé à avoir de la mémoire ?

Je ne savais pas comment fonctionner la vie –d'ailleurs je ne sais toujours- mais je savais déjà comment fonctionnait le monde.

Il détournait les sujets absurdes ou détournait le regard sur les malheurs sauf quand cela était médiatisé.

Je ne devrais peut-être même pas exister, si cela se trouve.

Je fus un trou dans un préservatif ou l'oubli de la pilule ?

Je n'en sais foutrement rien et cela me ronge, si seulement vous pouviez savoir.

J'ai trouvé ma place dans ce monde, je sais enfin où je veux aller dans la vie.

J'ai trouvé ma voie et je vais maintenant la suivre en évitant de m'en éloigner quand la vie tentera de m'en détourner.

Mais sans vous, la vie n'est aucunement pareille ; sûrement que si vous étiez encore en vie ou que vous auriez voulu de moi, l'avenir ne serait pas le même.

Toute la période de ma vie jusqu'à maintenant, toutes ces familles d'accueils et ces orphelinats dans lesquels je suis passée n'aurait sûrement jamais connu mon existence.

Pourtant, c'est cette vie qui est venu jusqu'à moi.

C'est cette vie qui m'a prise de plein fouet.

C'est toutes ces choses qui se sont enchaînées les une à la suite des autres sans même que je ne le remarque. Sauf que j'ai décidé de changer cela.

J'ai décidé de prendre ma vie entre mes mains et de décider ce que je ferais de mon futur mais aussi de ce que l'avenir va me réserver.

Certes, on ne pas savoir le futur mais on peut anticiper pour ne pas se retrouver les bras ballants devant les problèmes quand ceux-ci pointeront le bout de leurs nez.

Je vais faire photographe, quelques plans de mannequin pour payer mes études mais je sais au moins ce qui constituera une partie de mon futur et cela me mets de bonne humeur.

Vous me manquez.

Votre fille, Summer. »

Une larme coule le long de ma joue et atterrit sur la feuille de papier où les mots sont couchés. Sûrement qu'elle est en train de percer son chemin dans tout le bloc de feuilles. Je passe ma main dans mes cheveux et retient un sanglot. Durant toute ma vie, je me laissais bercer par les malheurs mais maintenant je veux ouvrir mes bras au bonheur. Je veux ouvrir mes bras à la vie, simplement.

Je sais qui pourra m'aider mais que j'ai fuis aussi pour ne pas avoir encore plus mal et réussir à avancer.

« Zayn Malik ».

Il est le seul capable de me réconforter véritablement. On dirait qu'il me comprend sans même avoir vécu une vie comme la mienne. Mon cœur se comprime dans ma poitrine alors que je pense à tous les regards qu'il m'a jeté alors que je tentais de le fuir parce qu'il en savait trop sur moi et il m'avait vu faible ce que je ne supporte pas du tout. Il est quelqu'un d'important à mes yeux et je m'en veux de l'avoir ignorée et fui de cette façon alors qu'il ne méritait aucunement un rejet pareil.

Surtout que même s'il ne le montre pas, il est quelqu'un qui a longtemps subit sa vie et qui commence seulement à se libérer de ses chaînes. Je pousse un long soupire et répond enfin au message que Greg –un des meilleurs amis de l'anglo-pakistanais- m'a envoyé il y a au moins une heure pour faire une surprise au métis. Je ne sais pas comment il va réagir mais j'espère au moins qu'il comprendra mon réflex et automatisme de défense que j'ai du déployer contre lui à contrecœur.

L'amour mène à faire des grands pas. Mais rien ne remplacera l'envie d'avancer de quelqu'un qui a longtemps été emprisonné dans ces chaînes.



Your Smile Is My Paradise//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant