Your Smile Is My Paradise//z.m

17 - chamboulée

« Il ne fallait rien de plus que ça pour me détruire.
-Summer »

Je passe ma main dans mes cheveux, analysant mon reflet dans la glace de la salle d'eau qui juste à droite de ma chambre. Je repasse un coup de brosse dans ma chevelure mais rien n'y fait, je n'arrive pas à avoir une quelconque coiffure potable. Pourtant, je ne sors pas mais j'avais envie de me brosser les cheveux et de leur donner une nouvelle tenue mais apparemment ils ne sont pas avec moi dans cette étape assez bizarre de ma vie.

Cette envie m'avait prise soudainement alors que j'étais en train de faire un exercice d'histoire. Je me mords la lèvre inférieure me souvenant inlassablement des mots de l'anglo-pakistanais. Il les a prononcé pour me réconforter et encore maintenant, elle hante mes pensées et en deviennent même le sujet principal. Je ne me crois pas belle mais disons que je ne me trouve pas aussi moche que la plupart des filles qui manquent de confiance en elle. Je pousse un long soupire et prends ensuite une grande inspiration. Je prends ma tête entre mes mains.

« S'ils ne sont plus là, ce n'est pas parce qu'ils ne t'aiment pas mais c'est parce que la vie les avait trop détruit que pour continuer son œuvre. Ils sont là-haut et regrettent sûrement de ne pas pouvoir te voir grandir comme il se doit. J'en suis sûr, crois-moi Summer ».

Ces mots se percutent aux quatre coins de ma boîte crânienne, encore et encore au point où je ne sais même plus où j'en suis. Je regarde tout autour de moi et pourtant cette salle de bain est toujours la même qu'avant à part qu'il y a mes affaires en plus. Je vais vivre ici pendant encore plusieurs mois et je ne sais pas ce que je devrais faire, vraiment. Je suis totalement perdue et Zayn a rajouté une nouvelle couche à ce putain de problème. Il croyait bien faire, le pauvre, mais au contraire, il a tout gâché et tout chamboulé aussi. Je ne lui en veux pas parce qu'il a voulu bien faire mais, franchement, il aurait très pu s'en passer.

C'était déjà le foutoir dans mon esprit et maintenant c'est le bordel complet. Plus rien n'est rangé et je n'arrive même plus à me concentrer –même sur une toute petite chose infime. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe dans mon esprit, mais pourtant, j'aimerais bien savoir. C'est plus un rêve inaccessible qu'une réalité ou d'un désir accessible. Je ferme les yeux et reprends une nouvelle inspiration, prenant ma tête entre mes mains parce que j'en ai mal au crâne de tout ce bordel spirituel. Je souffle un grand coup. Je suis essoufflée sans même faire de sport. Je manque de respiration et ma tête commence à me tourner ; ça en devient totalement insupportable. Je m'adosse au lavabo pour ne pas tomber, mes jambes flageolent et tremblent sous mon corps.

J'ai l'impression qu'elles ne vont plus arrivés à supporter mon poids et que mes épaules ne supportent plus le poids de ma vie. Toutes ces choses qui m'entourent me constituent d'une façon ou d'une autre. Toutes ces maisons et appartements dans lesquels j'ai vécu sont une partie de moi, même si je me souviens pas de chacune d'entre elles et encore moins dans les détails. Toutes ces personnes qui m'ont fait du mal m'ont rendu ainsi, à fuir les choses les plus simples mais affronter les plus horribles avec tellement de rage que j'en perds mon souffle. Ils m'ont rendu ainsi, sans même le savoir. S'ils savaient, peut-être qu'ils ressentiraient une once de fierté ? Dany toque à la porte et je redresse la tête, affrontant mon regard dans le reflet de mon visage sur la glace.

-Ca va Summer ? Demande-t-elle doucement.

Je vois déjà bien son air inquiet peint sur les traits de son visage. Je vois déjà bien à quel point elle doit s'en faire pour moi alors que cela ne fait même pas une semaine que je suis là. 3 jours même. Je suis arrivée samedi et on est lundi. Lundi soir pour être précise. Je n'ai vécue qu'une seule journée de cours et il y a déjà ce Zayn Malik qui me chamboule l'esprit. Pourquoi m'a-t-il dit les choses de cette façon, putain ? Il savait que cela me ferait tant d'effet ou quoi ? J'ai l'impression qu'il connaît plus sur moi que je n'en connais sur moi-même, et cela me perturbe.

-Oui, ça va, ne t'en fais pas Dany, répondis-je avec la voix tremblante.

Je l'imagine déjà s'en faire encore plus pour moi alors que je n'en ai pas besoin. Je n'ai besoin de rien hormis la paix intérieure. Je crois que je ne vais jamais m'en remettre des mots du métis. Mon corps n'arrive pas à encaisser le choc de ces mots parce que c'est la première fois qu'on me dit de telle chose, qu'on me rassure et me réconforte de cette façon. Toutes les personnes que j'ai croisées –sauf Dany- n'ont jamais essayé de me faire du bien ou de m'aider d'une quelconque façon que ce soit. Jamais personne ne s'était inquiété pour moi avant eux. Comment se fait-il qu'il suffit que je doive changer de côté du pays pour vivre une vie meilleure et tellement contraire au restant de mon existence ?

Pourtant, c'est toujours le même pays, mais juste qu'au lieu d'être au Sud, c'est le Nord. Je ne comprends plus rien. Si j'avais su qu'il aurait uniquement fallut que je passe du Sud ou Nord pour avoir une meilleure amie, j'aurais demandé à être envoyer plus rapidement chez Dany ou n'importe quelle autre personne. Je n'ai presque plus envie de faire mes études à l'étranger maintenant. Je passe ma main dans mes cheveux, les prenant fermement par la racine, fermant les yeux et reprenant mon souffle comme je le peux. C'est vraiment dur de remettre ses idées et ses pensées en place quand un anglo-pakistanais nommé Zayn Malik a tout chamboulé dans votre tête. Il a tout perturbé et je ne sais pas comment je vais faire pour tout remettre en place maintenant. C'est tellement compliqué que je ne sais même pas où regarder en faite.

-Tu es sûre que ça va ? Renchérit Dany depuis l'autre côté de la porte.

Non ça ne va pas mais je n'ai pas envie de l'inquiéter parce qu'elle n'a pas besoin d'adopter une adolescente qui va bientôt se casser et qui est vraiment pas très bien dans sa tête. Je vais la tuer à être comme ça parce qu'elle a toujours l'art de s'inquiéter pour tout le monde et apparemment aussi pour moi. Sauf que c'est plus fort que moi alors je déverrouille la porte de la salle d'eau et la laisse entrée. Dany pénètre à l'intérieur et pose ses mains sur mes épaules pour que je lui fasse face. Mais j'ai tellement honte de mes larmes que je baisse la tête pour qu'elle ne puisse pas voir mon visage. Elle relève celui-ci avec son index et son pouce pour me regarder dans les yeux.

Les perles salées me brouillent la vue et j'ai vraiment du mal à savoir si elle sourit tendrement ou si elle fait une grimace répugnante. Je regarde mes pieds quand même mais mes yeux finissent quand même par rentrer en contact avec les siens. Mes larmes se multiplient, elle sèche du bout de ces deux pouces et me prends ensuite dans ses bras. Comme elle es toute petite et que je la dépasse largement, même si elle se met sur la pointe des pieds, je suis quand même obligée de me baisser vers l'avant. Je l'aime cette Dany parce qu'elle a remplit le rôle de mère avec ses enfants et même si je ne suis pas d'elle mais d'un tout autre couple d'une toute autre origine, d'une toute autre culture, d'une toute autre couleur de peau, elle remplit tout de même le rôle de mère avec moi.

Tous les humains ne sont pas tous si égoïstes et méchants après tout, il y a quelques bons qui se fondent dans la masse pour ne pas trop souffrir.