Chapitre 11

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Je me tournai vers June qui avait la tête sur mon épaule. Sa respiration calme gonflait doucement sa poitrine et je voyais ses longs cils bruns frôler ses joues.

Entre temps, le ciel s'était couvert et assombri et la plupart des familles était partie. La petite fille qui me faisait énormément penser à Nora était sortie du toboggan et s'était éloignée à la main de sa mère.

Nos parents s'étaient séparés environ 3 ans plus tôt et Nora était encore jeune. J'avais dû assuré le rôle des parents en même temps que celui du grand frère car, la première année, notre père avait voulu voyager pour "réfléchir sur nous et sur lui-même". Il en avait surtout profité pour se trouver une petite copine plus riche que Maman en Italie.

Néanmoins, je ne dit pas que ma mère est la victime de l'histoire ; au contraire, elle a agi exactement comme Papa. Résultat, Nora et moi n'avions qu'à nous débrouiller.

Heureusement que j'étais majeur, je comptais prendre vite un appartement dans le centre ville et mieux m'occuper de Nora. Je ne pouvais pas la laisser seule à la maison, balançant entre mes deux parents alors qu'elle n'avait même pas 10 ans.

Grâce à mon poste de livreur, je pouvais mettre un peu de côté, mais je ne pouvais pas me reposer sur un salaire aussi minable ; il ne m'emmènerait pas où je voulais. Je devais voir plus grand. C'est pourquoi j'avais décidé qu'à la fin de mes études, je devrais postuler pour un poste plus rentable qui m'assurerait l'aisance dont j'avais envie. Pour Nora.

Je sentis June bouger contre mon bras et lever le nez dans ma direction :


"A quoi tu penses ? Tous les enfants sont partis.

-Non, rien. Je pensais juste à ce que je ferais après mes études.

-Et ? Qu'est-ce que tu feras ?

-Je voudrais trouver un appartement en centre ville.

-Pourquoi penser à des choses aussi sérieuses lors d'une sortie entre amis ? me demanda-t-elle, les sourcils froncés et son petit nez plissés.

-Désolé.

-On devrait instaurer une règle : quand on est avec ses proches, on ne pense pas à ce genre de choses. OK ?

-Si tu veux."


Je lui souris. Son regard était planté dans le mien et je pouvais observer ses pupilles colorées de bleu, de vert et de tâches de doré. Soudain, une goutte d'eau tomba sur sa pommette et se mit à couler le long de son visage, comme si elle pleurait.

Elle écarquilla les yeux et se redressa d'un coup en poussant un petit cri.

"Il pleut ! gémit-elle.

-Merci, Sherlock. Mais c'est que de la pluie !

-Tu rigoles ? Ce n'est pas QUE de la pluie ; on va être trempés !"


Tandis qu'elle gémissait, je levai les yeux au ciel et lui prit la main avant de commencer à courir dans l'herbe.


"Qu'est-ce que tu fais ?!

-Suis-moi, je vais nous mettre à l'abri ! lui criai-je par dessus le bruit de la pluie qui s'amplifiait de plus en plus."


Très vite, elle forma un mur liquide et assourdissant. Mes baskets glissaient et couinaient sur l'herbe à présent trempée et je sentis l'eau s'infiltrer sous mon t-shirt, m'arrachant un frisson.

Mon meilleur amiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant