Mon meilleur ami

Chapitre 22

J'étais dans mon lit, mes écouteurs enfoncés dans les oreilles et les yeux fermés afin de ne penser à rien d'autre. Les derniers jours avaient été assez éprouvants, émotionnellement parlant.

Le lendemain de ma petite scène, nous étions repartis, estimant que cela ne servait à rien de rester dans une ambiance aussi tendue. Le trajet avait été plutôt horrible. Même Brooke, que je n'avais jamais vu "calme", regardait par la fenêtre, l'air plus courroucé que jamais. Elle m'avait accordé un petit sourire réconfortant mais je voyais bien qu'elle ne voulait qu'une chose : étriper Tyler et Ellie. D'ailleurs, ces deux là n'étaient plus aussi amoureux : ils avaient passé le trajet sans se parler, sans même se regarder. 

Moi ? Je crois que je ne réagissais pas trop. J'en étais encore à mon baiser d'hier soir. Je ne savais absolument pas ce que cela voulait dire, même si c'était moi qui l'avait embrassé. Même à cet instant, dans mon lit, j'y repensais, malgré la musique. Est-ce que j'aimais Dave ? Je savais que c'est moi qui avait fait le premier pas et que même là, je ne le regrettais pas. Mais de là à dire que je l'aimais, c'était peut-être trop. 

J'avais l'impression d'être une personne plutôt exécrable, vu que j'aimais Tyler (enfin je crois) et j'embrassais Dave. Grr ! J'aurais voulu enfoncer ma tête dans mon oreiller et ne jamais me réveiller. 

Dave et moi n'avions pas réellement reparlé depuis cette fameuse soirée. Quand je l'avais quitté, trois jours plus tôt, il avait l'air de vouloir me dire quelque chose, mais il n'avait rien dit et m'avait juste salué avant de repartir. Pourquoi tout était si compliqué ? Pourquoi je devais me comporter en ermite avec mes propres amis ? Si je pouvais toujours appeler ça des amis...

A trois jours du Nouvel An, la période où l'on est censé se retrouver en famille et faire la fête, je ne désirais qu'une seule chose : disparaître.

Mon téléphone vibra, c'était un autre message vocal de Tyler. Il avait dû m'en envoyer un bon million. Je l'ouvris quand même. Aussitôt, sa voix rauque, sûrement serrée par l'émotion résonna dans mon téléphone.

*June, tu ne prendras peut-être même pas la peine d'écouter ce message. Je crois que ça ne m'étonnerait même pas. Je sais aussi que ce que je vais te dire sera sans doute similaire à tout ce que je t'ai déjà dit. Je suis vraiment désolé. De t'avoir fait subir ça pendant des années, d'être passé à côté de quelqu'un d'aussi génial que toi. (Il marqua une pause) Je suis un con. Pitoyable, lamentable, minable... Mais je ne peux pas supporter que quelqu'un te fasse du mal, tu le sais. Et même si là, c'est moi, je voudrais quand même te parler, te...prendre dans mes bras. Tu me manques, Junie. S'il te plaît, laisse moi te...biiiiip*

La communication venait d'être coupée. Son message était trop long. Je savais que je devais lui parler, mais je n'en aurais sans doute pas la force. Pas parce que je l'aimais, mais au contraire, parce que je ne savais plus si je l'aimais. 

A ce moment, ma mère entra dans ma chambre et s'assit à côté de moi. Je retirai mes écouteurs et lui lançai un regard interrogatif.

"Ma puce, j'ai remarqué que tu ne voyais plus Tyler, annonça-t-elle directement. Et là, j'ai entendu son message, excuse-moi d'ailleurs, et je vois ton visage, je vois tes yeux. Que se passe-t-il enfin ? "

Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Je posai ma tête sur mon oreiller et me mis à fixer le plafond. Les étoiles que j'avais collées brillaient faiblement à cause de la lumière de dehors.

"Disons que...j'ai tout gâché.

-Je suis sûre que non, me consola-t-elle en caressant ma main avec son pouce.

-Je...suis amoureuse de lui."

Je la vis sourire doucement, comme si elle le savait. Je continuai :