Je roule depuis quelques heures maintenant. Plongé dans les souvenirs qui s'imposent dans mon esprit. À essayer de ne pas perdre le peu de contrôle qu'il me reste. Plus les flashs de ces derniers mois passent dans ma tête plus cette colère grandit et fait me rouler encore plus vite. La pluie a cessé quand je réalise que je suis toujours sur l'autoroute. J'ai passé plusieurs péages. Mais je n'ai pas prit la peine de regarder les panneaux. J'étais trop bouleversée pour y faire attention.
J'ai frappé un homme! Moi! Une fille sage, sans histoire, qui a toujours fait ce qu'on lui demandait. J'ai tout fait pour que ma famille soit fière de moi. J'ai eut un parcours scolaire exemplaire. J'avais des amis fidèles en qui j'avais confiance. Le seul garçon qui a attiré mon attention m'a rendu heureuse pendant cinq ans. Enfin c'est ce que je croyais. Tout n'était que mensonge. Ils savaient tous qu'il fréquentait cette femme. Mes copines me voyaient chaque jour et aucune n'a été assez courageuse pour me prévenir de ce qu'il se passait. J'ai été trahit par l'ensemble de mes proches sans aucune raison. J'ai sans doute été trop naîve. Bercée par ce rêve de petite fille. Un amour éternel, comme celui de mes grand-parents que l'on nous a rabâcher pendant toute mon enfance.
Quel gâchis!
Je n'ai même pas été capable d'être indépendante professionnellement. Le père de Maxime m'avait trouvé une place de stagiaire dans l'entreprise d'un de ses clients pour ensuite déboucher sur un contrat. Mais ça aussi je l'ai perdu du jour au lendemain. Comme par hasard! Pourquoi ont ils tous choisit son camp plutôt que le mien? J'ai bien peur de ne jamais avoir la réponse. Surtout après cette horrible journée. Dès mon footing de ce matin, j'ai sentit que cette journée serait différente des autres. Mais j'étais loin de me douter à quel point.
Mon attention se tourne vers mon téléphone qui sonne. Depuis un bon moment je pense. J'ai 47 appels en absence. Rien qu'à l'idée de savoir que c'est eux j'en ai la nausée. Alors je ne prends pas la peine de le déverrouiller. J'ouvre la fenêtre et le balance au milieu de l'autoroute. Je ne respecte vraiment plus rien aujourd'hui. Cette situation en deviendrai presque drôle.
Je les imagine tous à me critiquer, à dire des choses ignobles sur moi. Mes parents ont du rentrer à la maison afin d'éviter les représailles. J'aurais tant aimé être là pour voir leurs réactions face à l'état des lieux de ma chambre. Ma mère a du rester sans voix. Une première! Mon père, lui a du retourner à ses occupations sans vraiment y prêter la moindre attention. Et mon frère est sans doute partit retrouver sa copine. A mon avis, je n'ai rien manqué.
Espérons que l'autre merdeux ne porte pas plainte après la raclé que je lui ai donné. Ce prétentieux est tellement fière de sa personne qu'il ne prendra pas le risque d'ébruiter sa défaite face à moi. Se faire dérouiller par une fille s'est vraiment la honte pour un homme comme lui. Je pense que je peux être fière de moi sur ce coup là! A l'occasion je devrais peut être appeler mon ancien coach pour le remercier. Sans lui je serais au plus mal. Même si je ne suis pas dans un meilleur état, seule dans ma voiture à être je ne sais où.
Au bout d'un moment je décide de quitter l'autoroute. Je suis à présent sur de petites routes de campagne et parfois des nationales. Je commence à fatiguer mais je ne veux pas m'arrêter et m'apercevoir que je suis seule au monde et qu'il ne me reste plus personne. Soudain une pancarte attire mon attention. Je lève alors les yeux et il y a une plage dessiné. Une plage? Je continue et j'arrive dans un village. La pluie a reprit de plus belle et je ne vois pas grand chose. Je ralentis encore la vitesse pour ensuite aperçevoir une énorme statue. On dirait de l'art moderne. Je n'arrive pas à savoir ce qu'elle représente mais elle me dit vaguement quelques chose. Je vois un parking juste à côté alors je me gare. Il pleut beaucoup cette fois. Le temps est gris et il fait de plus en plus sombres. Une fois le moteur coupé je ressens une certaine tension. L'atmosphère est chargé, presque étouffante. Ce doit être la fatigue, vu l'heure de fin d'après-midi. J'ai du rouler plus de cinq heures sans quitter la route des yeux. Lorsque la pluie diminue après quelques minutes je décide de sortir de la voiture. J'ai l'impression de ne plus avoir assez d'air d'un coup. Et là, quand je ferme la porte mes yeux se dirige vers l'endroit le plus incroyable et le plus apaisant que je n'ai jamais vu.
L'océan! A perte de vue. Une plage immense et un morceau de pont. Un gros bloc de ciment échoué sur la plage. C'est marré basse. Je suis apparement la seule à s'être aventuré jusqu'ici aujourd'hui. Lentement j'atteins le sable fin. Mes boots s'enfoncent un peu et j'avance sans trop réfléchir. Au milieu de la plage, je me retourne sur la gauche et j'aperçois une falaise. Elle est assez haute et une partie donne directement sur l'eau. Et je rassemble les pièces du puzzle. La plage déserte, des falaises, une statue, des drapeaux, un morceau de ponts. Oh mon Dieu!!
Je ne... Je ne peux pas... être là! Mes genoux tombent à terre fasse à l'océan. Mes jambes s'enfoncent dans le sable. Mes mains se posent sur le sable. J'essais de reprendre mes esprits. Mes pensées se mélangent, j'ai du mal à réfléchir. Et puis soudain, la certitude! J'en suis sûr! Je suis bien là.
Omaha Beach! La plage la plus triste de l'histoire. Celle qui a connue le plus de victimes. Celle qui garde en elle toutes les images de cette terrible journée. Celle qui a essuyé et qui essuie de nouveau le sang qui s'échappe de mes veines. Les plaies sur mes mains brûlent au contact du sable encore remplie de sels. Le vent souffle fort, la pluie revient. Je suis à bout de force, désespéré. Je suis comme ces hommes qui sont passé ici. Plus vraiment maître de sa vie. Tout s'est écroulé! Tout est détruit. Je sais que je ne pourrais plus revenir chez moi. Je ne veux pas les affronter. Je veux passer le reste de ma vie à les fuir. Je n'ai plus rien ni personne. J'ai tout gâché. Ils ont tout détruit. Ma tête touche le sol. Je me recroqueville sur moi même. Comme si le sable pouvais m'emporter avec lui vingt mètres sous terre. Le chagrin remonte. Je pleure. J'ai mal. Je veux mourir. Je veux arrêter cette vie qui ne mènera nul part. Je veux oublier la douleur dans ma poitrine, le gouffre dans mon estomac. Je veux que l'océan m'emporte lorsque la marée remontera. Je ne peux plus bouger, je veux rester ici, à jamais.
Je sens l'eau qui va et vient sur ma peau. La marré monte peu à peu. J'ai froid. Je suis toujours au sol, la tête sur le sable à supplier le ciel d'arrêter ma souffrance. J'ai du mal à respirer, je suffoque, je souffre. je veux hurler mon désespoir.
Je sens de moins en moins mon corps qui doit être gelé. La douleur diminue peu à peu. Ma poitrine devient légère, ma respiration ralentie enfin. La tornade qui se déployait en moi depuis des mois s'adoucit et me berce. Je peux entendre le bruit des vagues qui s'approchent. Les tremblements deviennent supportables. J'ai comme l'impression de flotter, de m'apaiser.
Que se passe t il ? Je suis réellement en train de mourir, seule sur une plage de Normandie ?Puis je sens une douce chaleur se poser sur ma joue. Délicatement mon corps se soulève et je ne sens plus l'eau ni le sable me happer. Mes yeux restent pourtant fermés. Mon corps ne répond plus. Mon esprit s'évanouie. Je pars, je m'endors, je meurs. Peu importe. Je suis comme bercé par une force qui m'enveloppe de sa chaleur. Le vent cesse et le bruit des vagues s'éloignent.
Je me sens bien. En sécurité. Il n'y a plus de gouffre, plus de mal être, plus de culpabilité.
Je suis enfin en paix... seule avec moi même.
Est ce que la mort peut elle être aussi belle ?
VOUS LISEZ
Son unique moitié
ParanormalEmma est une jeune femme qui a toujours suivit les règles que ses parents lui ont dictées. Elle a tout fait pour rester dans leur monde parfait. Celui de leur communauté. Tout simplement parce que c'est ainsi depuis toujours. Mais son fiancé va déci...