Chapitre un.

100 8 3
                                    

Ils ne se connaissaient pas.
Elle était avec son groupe d'amies.
Il était avec son groupe d'amis.
Elle ne les supportait pas. Dans les couloirs, tenant les manches de son sac à dos, elle fixait une par une ses amies, un faux sourire sur les lèvres, en se demandant qu'est-ce qu'elle faisait avec ces personnes si différentes d'elle. Ses amies étaient très féminines : talons, le plus souvent aiguilles, accompagnés d'une jupe et d'un petit haut, ou d'une robe, selon la saison. Elle, ne portait que des jeans et des t-shirts larges, ce qui l'embellissait d'avantage.

Il ne les supportait pas. Les yeux fixés sur son téléphone, il faisait tout pour ne pas écouter là conversations des personnes qui l'accompagnait. Il était si différent d'eux : il était généreux, attentionné, sérieux, mais drôle quand il le fallait. Ils étaient moqueurs, mauvais, tout simplement méchants.

Dans cette génération, nous classons les jeunes dans plusieurs catégories : les plus intelligents entre eux, les plus beaux entre eux, les plus pestes entre elles, les exclus entre eux, et cætera...

Elle n'était pas si intelligente que ça, elle était une élève moyenne, avec de bonnes comme de mauvaises notes. Mais, pourtant, à cause de cette "catégorisation", elle a été placée dans le groupe des filles belles, intelligentes, aimées de tous. Elle qui était si transparente...

Lui, était un beau garçon. Être dans le groupe des plus attrayants pouvait être un atout, mais ça ne l'était pas pour lui. Il en avait marre d'être jugé sur son physique. Il valait tellement mieux et avait beaucoup trop de qualités pour qu'elles soient tout simplement ignorées.

La sonnerie retentit pour le bien des deux adolescents, contents que leurs cours soient terminés. Elle n'attendit pas ses "amies" et partit directement, en n'oubliant pas de dire au revoir à son professeur d'anglais. Elle passait pas les escaliers de secours après avoir vérifié que personne n'était présent pour la remarquer. Elle s'assoit sur une marche de gravier, une fois l'arrière de son lycée atteint. Elle sortit une cigarette, un briquet, et alluma le cylindre de tabac d'une manière hâtive.

Au bruit de la sonnerie, il récupéra son sac à dos du sol et le glissa directement sur son épaule droite. Un des gars considéré comme un de ses "amis" lui tape l'épaule et lui arrache un faux sourire. Son groupe se forme autour de lui et c'est ensemble qu'ils sortent de la classe, sous les soupirs de quelques filles amoureuses. Les beaux garçons traversent la moitié du lycée avant d'être arrêtés par un de ces groupes de pestes supérieures de l'école. Agacé, il parvient à s'éclipser discrètement de cette "attaque" avant de prendre les escaliers de secours. Il soupire fortement en arrivant sur la marche de gravier et remarque à peine la jeune fille qui fumait à ses côtés. Il s'installe, son sac à dos entre ses jambes, et sort un paquet de tabac ainsi qu'une feuille. Il roula sa cigarette et la mis entre ses lèvres en cherchant un briquet. Déçu de l'avoir oublié, il enlève le cylindre de sa bouche et souffle en regardant le paysage décomposition face à lui. Il ruminait silencieusement, se plaignant secrètement d'avoir perdu ce petit objet qui lui permettait de se détendre après une journée avec ces gens qu'il n'aimait pour rien au monde. Il tapait frénétiquement du pied gauche et baissait la tête, prêt à reprendre son sac et à s'en aller.
«Tu veux du feu ?» Demanda-t-elle, agacée et stressée par le tic que semblait avoir le jeune homme à ses côtés.
«J'veux bien, ouais.» Répondit-il, surpris mais assez euphorique à l'idée d'enfin fumer cette barre de tabac. Il se rapprocha d'elle et se pencha. Elle tendit ses mains en direction de la bouche du jeune homme; et alluma une flamme rougeâtre. Un crépitement se fit entendre alors que le garçon rejetait la fumée inhalée préalablement. Chacun finit sa cigarette dans le silence, les yeux rivés sur l'herbe sèche qu'encourait leur lycée.

La jeune fille termina sa cigarette la première et frotta ses mains sur ses cuisses. Elle rangea son paquet dans la poche extérieure de son sac, et le remis sur son dos. Elle toussota légèrement puis se releva de la marche. Debout, elle prit ses bandoulières dans les mains et avança vers le chemin terreux qui se présentait à eux.
«Merci... Pour le feu.» Prononce-t-il finalement en la voyant s'en aller. Elle se retourna, marcha à reculons en le fixant, son visage décoré par un sourire.
«À demain, le fumeur.» Dit-elle, en prenant le chemin de sa maison. Il inspira sa dernière bouffée de nicotine avant de lui répondre :
«À demain, la fumeuse.»

Il écrasa sa cigarette, puis retourna à l'intérieur du lycée. Il le traversa entièrement avant d'arriver enfin à son arrêt de bus. Pendant le trajet, il n'avait envie que d'une chose : finir les cours du lendemain pour revivre le moment paisible et relaxant qu'il venait de partager avec une parfaite inconnue.

De retour chez elle, elle salua ses parents et son grand frère avant de s'allonger dans son lit. Elle s'endormit sans prendre la peine de manger ou de se changer, pressée d'être à la fin de l'après-midi du jour suivant. Elle avait été heureuse d'avoir eu ce petit moment calme et silencieux qui lui a permis de bien finir une journée qui avait plutôt mal commencée. Elle a été étonnée d'avoir passé un si bel instant en compagnie d'un inconnu qui lui a paru pourtant si proche d'elle.

Tous les deux avaient apprécié ce quart d'heure passé ensemble. Bien qu'il n'y ait eu que l'échange d'une flamme et d'une douzaine de mots, et qu'ils ne se connaissaient pas, cela leur convenait parfaitement. Ils avaient tout simplement aimé ça.

Identity.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant