Chapitre dix-sept.

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Un mercredi pluvieux. Une trentaine de personnes réunie autour d'une tombe recouvrant un père de famille. Le prêtre dictait son speech habituel. La veuve tenait la main du plus jeune de ses fils et essuyait ses larmes de l'autre.

Kyle était en face d'eux et avait glissé son bras autour des épaules de l'adolescente qui était désormais son pilier. Il était heureux de la voir présente et ne l'avait pas lâchée depuis sa venue au cimetière. Il n'écoutait pas l'homme religieux, trop occupé à regarder la nouvelle demeure de son père, et à penser que la pluie était un signe montrant que le ciel pleurait avec eux. Il avait vu sa mère lancer une poignée de terre sur le cercueil bientôt suivie de son petit-frère. Il les avait rapidement imité, puis était parti sans avoir attendu la fin de la cérémonie.
«Tu ne veux pas dire au revoir à ton père ?» lui avait demandé sa mère.

«Quel est l'intérêt ? Il ne nous disait même plus bonjour.» Avait-il répondu avant de quitter définitivement le cimetière.

Elle le comprenait maintenant parfaitement.
C'était deux jours plus tard. Elle regardait ses géniteurs, qui, main dans la main, face à elle, pleuraient leur fils. Elle fixait la tombe de son frère, puis ses proches, tous en train d'essuyer les larmes qui coulaient, volontairement ou non. C'est quand elle finissait de dévisager sa famille entière qu'elle se rendit compte qu'elle était seule. Il n'était pas venu. Il n'était pas là pour elle lorsqu'elle l'a été pour lui. Kyle n'était pas là pour elle alors qu'il l'avait promis. Elle reculait doucement, déçue. Son père, l'ayant aperçue, lui avait demandé :

«Où vas-tu ? Tu ne restes pas ?» Elle avait repris ses esprits et avait enfin compris que son grand frère ne serait pas chez elle pour la réconforter comme elle le souhaitait. Sans répondre à son père, elle avait courru jusqu'à la tombe de son frère et l'avait encerclé de ses bras maigres. Elle embrassait la pierre plusieurs fois, en larmes, puis avait fermé les yeux et avait arraché la médaille d'honneur qu'il avait gagné.

«Repose la sur la pierre, Danna.» Lui avait dit sa mère.

« A quoi bon le récompenser ? Il est mort, maman ! Mort ! Ils lui ont donné une médaille parce qu'il est mort ! Il ne reviendra pas pour les remercier ! Alors, je te le répète, à quoi bon ?» Hurlait-elle sans arriver à se calmer.

«Vous êtes ensemble. Vous avez perdu un fils, mais vous êtes ensemble ! Eux...» Criait-elle en montrant sa famille du doigt, sans réellement se rendre compte de la répercution des mots qu'elle employait.
«Eux, auront tout oublié demain. Mais moi...» Pleurait-elle, «Moi, ils m'ont tous laissée tomber. Je lui avais dit de ne pas s'inscrire chez les pompiers, j'avais dit à Kyle de ne pas organiser ce foutu dîner, mais aucun des deux ne m'a écoutée ! Résultat, il a perdu son père, paix à son âme, et j'étais là pour lui ! J'étais là à l'enterrement ! Et lui, pouvez-vous me dire où est-il ?» Elle se calmait, étonnement, peut être en comprenant que sa situation avec Kyle n'avait pas tellement d'intérêt à moment là. Elle se relevait, puis murmurait :

«L'abandon de mon frère ne lui a pas suffit. Il fallait qu'il m'abandonne lui aussi.»

Sur ces mots, elle partait en courant.
Elle était rentrée au loft, et en rassemblant ses affaires, déterminée, elle avait trouvé une note :

"Rejoins moi au Mary's Coffee. PS : j'ai vendu l'appart.     K_"

Avec ses valises et une tonne de questions en tête, elle était allée dans ce café où ils avaient passé tous les trois la plupart de leur temps.
«Tu m'expliques ?» Lui avait-elle annoncé, ses yeux encore embuhés.
Il lui avait tendu un billet pour la Californie. Seulement l'allé y figurait.

«Tu viens avec moi ?» Demandait-elle en recommençant à pleurer, émotive.

«Bien sûr que je viens avec toi, Danna. J'ai déjà trouvé un lycée et je nous y ait inscrit pour qu'on puisse passer nos examens. Une école adjacente a aussi accepté James. Et grâce à l'héritage de mon père et à la vente de l'appart, j'ai loué un appartement près de la mer. On attendait plus que toi.» Déclare-t-il en voulant la prendre dans ses bras.

«J'aurai voulu que tu sois là. Tu sais, l'enterrement de mon frere. C'était y'a même pas une heure.
-Je suis désolé, j'étais au lycée pour rendre les clefs, et ca a pris plus de temps que prévu.
-Tu as un téléphone, j'ai un téléphone. Tu aurais pris cinq minutes de ton précieux temps pour me prévenir que tu ne viendrais pas et je ne t'aurais pas fait
de scène. » Disait-elle en s'éloignant.

Elle prenait ses valises, puis montait dans le taxi où James était déjà assit. Le petit lui avait gentiment essuyer ses larmes. Puis, quand l'aîné était monté, il avait simplement ordonné :

«Chauffeur, à l'aéroport s'il vous plaît.»

Fatigués d'avoir à chercher une solution, ils avaient préféré fuir. Mais, nous savons tous que la fuite n'est pas toujours une bonne solution.

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