Chapitre neuf.

25 6 2
                                    

«Que... Qu'est-ce que tu fais là ?» Demandait-elle à la jeune femme qui lui faisait face. Elle lançait son sac sur le canapé et fit signe de vomir en apercevant sa main entrelacée avec celle de son frère.
«J'suis venue voir mon chéri.» En entendant cette réponse elle n'a pas pu retenir plus longtemps ses larmes et s'est enfuie sur son balcon.
Elle se laissait pleurer mais sans qu'un seul sanglot, ou même qu'un seul bruit ne sorte de sa gorge. Ils étaient bien trop enfouies dans son cœur pour être extériorisés.

«Danna, tu vas bien ?» Lui demandait son grand frère inquiet, qui ne savait rien de cette situation.
«Ouais, c'est juste que... Vous voir amoureux, ca m'émeut beaucoup plus que ce qu'on pourrait croire.

-Mouais. J'suis pas convaincu sœurette. On en reparlera ce soir.» Lui annonçait-il en l'embrassant sur le front. Elle avait entendu la porte claquer et en avait profiter pour respirer un bon coup. Son mauvais souvenir qui ne datait pas de plus de deux semaines venait de refaire surface à cause de sa venue.
Elle était la petite amie de son frère depuis maintenant cinq ans. Cinq longues années où la jeune adolescente était comblée et -trop- gâtée par son frère et sa copine, qu'elle considérait comme sa "meilleure amie", ou plutôt comme une sœur de cœur. Une personne qu'elle imaginait humble, sincère, fidèle. Jusqu'à deux semaines en arrière.
Après avoir fini le lycée, elle était rentrée chez elle, assez triste de savoir qu'elle serait seule pour la soirée. Son frère était en service et ses parents, partis pour une seconde lune de miel.
Elle avait vu le sac de sa belle sœur au bas de l'escalier et les avaient montés en l'interpellant plusieurs fois, heureuse de passer une soirée entre filles. C'était donc en passant devant sa chambre qu'elle l'entendit :
«Oh, non, t'inquiètes, ça fait cinq ans qu'on est ensemble, il me fait entièrement confiance... Ce soir ? Non, je dois rester avec son insupportable sœur... Ouais, mais je suis obligée pour que... Exactement. Bon, j'y vais, elle va bientôt être là de toute façon. Je sais pas comment je vais faire. Elle est aussi pathétique que son frère... S'il savaient que je faisais ça uniquement pour les cadeaux qu'il m'offre... Haha, non, je me dis seulement qu'il faut souffrir pour être belle. Souhaites moi bonne chance Jimmy, je t'aime mon cœur.» S'en était trop pour elle. Elle était partie avant de pouvoir entendre plus de roucoulement indignes. Comment pouvait-elle avoir assez peu d'amour propre pour tromper leur famille ? Et ce Jimmy, comment pouvait-il laisser sa petite amie sortir avec un autre pour de simples petits joujoux ?
Pendant la première cigarette qu'elle avait prise, elle s'était demandée si elle devait tout raconter à son frère mais s'était vite résignée pour manques de preuves. Elle aurait perdue la complicité magnifique et adorable qu'elle avait avec lui, ce qu'elle ne voulait pour rien au monde.
Elle s'en voulait d'être rentrée si tôt ce jour là. Elle s'en voulait d'avoir été heureuse de sa venue. Elle s'en voulait d'avoir écouter aux portes. 
Mais, après mûre réflexion, ce n'était pas à elle d'être blâmée. Elle était loin d'être fautive dans cette histoire. Sa seule erreur était d'avoir donnée sa confiance à la mauvaise personne. Elle voulait vraiment le dire à son frère mais avait peur de sa réaction. S'il était trop désorienté pour mener à bien ses différentes missions, elle s'en voudrait terriblement.
«Danna, tu veux en parler ?

-Non.» Répondait-elle tout simplement à son frère.
«Danna...» Son téléphone sonnait, affichant le nom du "Gamin" qui l'appelait.
«Allô ?

-Demain, neuf heures, devant le Mary's Coffee.

-J'ai cours demain.

-Et alors ? Moi aussi j'ai cours demain Morveuse. Rêves bien de moi, bonne nuit.

-Penses pas trop à moi, bonne nuit Gamin." Répondait-elle. Elle raccrochait, le sourire aux lèvres grâce à la voix qu'elle venait d'entendre, celle qui lui avait fait retirer l'idée de fumer une cigarette.
«Pourquoi tu souries ?» Elle tapotait gentiment le dos de son frère en s'éloignant. Elle se retournait finalement et disparaissait dans le salon.
«C'est un mec, c'est ça ?» Entendait-elle au loin. Elle rigolait discrètement et montait dans sa chambre.

Il l'avait sauvé de sa situation, comme elle l'avait sauvé quelques jours plus tôt. Le besoin de l'autre s'installe chez chacun. Peut-être que l'aide qu'ils s'apportent tout deux n'a pas de rapports avec leurs fumettes publiques, mais plutôt, avec leurs brûlures personnelles...

Identity.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant