6 - Le choc (version corrigée)

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Mes pupilles s'ouvrent brusquement à l'entente d'un son aigu, faisant trembler toute la maison.

Le genre de bruit insupportable, où l'on ne saurait dire s'il s'agit d'une cocotte-minute ou d'un cochon qu'on égorge. Un mélange très intéressant, mais qui ne fait pas bon ménage avec ma gueule de bois. À bout de force, j'enfonce de nouveau mon visage dans l'oreiller, mon cerveau complètement dans le brouillard.

Quel réveil ! J'ai comme l'impression de revivre le Nouvel An de l'année dernière, en pire. Je n'ai pourtant pas bu tant que ça, si ?

L'engin de torture résonant une nouvelle fois dans la chambre, je pousse un grognement plaintif, tout droit sorti du cœur. Mais qui n'est rien comparé à celui qu'exprime Pauline. Décidément, sous cette petite taille et ses beaux yeux couleur caramel se cache une véritable bête féroce ! Le diable en personne. Pas étonnant qu'elle ait décidé de teindre ses cheveux en rouge, il s'agit clairement là de la couleur emblématique de son alter ego.

Les yeux grands ouverts, ses mains formant des poings autour du drap, je l'observe du coin de l'œil perdre doucement son self-control.

Une seconde, deux secondes, trois secondes...

— Putain, je vais me la faire ! explose-t-elle finalement au bord de la quatrième.

Mon corps entier tressaille lorsque Pauline saute brutalement du lit et sort à grande enjambée de sa chambre. À travers le mur, je l'entends entrer en furie dans celle de sa petite sœur, revenue un peu plus tôt dans la matinée avec ses parents. Je devine ainsi rapidement que notre tortionnaire jouant depuis dix minutes avec nos nerfs n'est autre que Nina, neuf ans, pratiquant la flûte à dix heures du matin comme si c'était normal. À moins qu'il ne soit beaucoup plus tard ?

Je jette un rapide coup d'œil à l'écran de mon portable : treize heures vingt-deux. Oups.

— Ta gueule, Nina ! s'époumone-t-elle.

— Maman a dit que je pouvais ! répond cette dernière de sa jolie voix fluette, bien différente de celle de sa sœur.

— J'en ai rien à foutre !

Waouh.

Je crois bien que c'est officiel : les relations conflictuelles entre membres de la même fratrie sont réellement universelles.

Parce que, de là où je me trouve, j'ai du mal à suivre le reste de leur conversation, je m'approche du mur et n'hésite pas à y coller mon oreille. Quelques bribes d'engueulade me parviennent, jusqu'à ce que mon amie ait la brillante idée de balancer l'objet du délit contre le mur, me faisant sursauter de tout mon être. Et frôler la crise cardiaque.

Quelle violence !

Il est vrai que Nina ne sera probablement jamais musicienne, mais un petit peu d'entraînement avant ses années collège ne peut pas lui faire de mal. Ça permettrait à son futur professeur de musique d'éviter un tas d'années de thérapie, par exemple...

— Tu l'as cassée ! sanglote-t-elle alors.

Je visualise parfaitement la tronche agacée de Pauline, et je me retiens d'exploser de rire.

— C'est bon, chiale pas... Regarde ! Elle s'est juste déboîtée.

— Non, tu l'as cassée !

— Oh ! Qu'est-ce qui se passe ici ?

Houla.

Dans la famille Lefèvre, je demande Véronique, la mère.

Ça devient intéressant.

BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant