9 - Netflix and chill (version corrigée)

13.4K 587 135
                                    

Je suis dans la merde.

La semaine dernière, ma professeure de littérature – dont je suis décidément très fan – nous a demandé d'acheter et de lire l'une des œuvres susceptibles de tomber au bac : Œdipe Roi de Sophocle, aussi communément appelé « le livre le plus chiant de tout le système scolaire ».

Sept jours, c'est le temps que nous a laissé Madame Demaury pour faire ce devoir. Un délai, je trouve, plus que sadique au vu de son histoire assommante.

Pourtant, j'ai toujours fait partie de ces élèves qui lisent assidûment les bouquins avant de les étudier en cours de français. Tandis que d'autres se contentent de lire les résumés sur Internet, j'ai personnellement toujours été ravie de pouvoir ajouter un nouveau membre à ma petite bibliothèque personnelle.

Mais ce coup-ci, on est loin de l'histoire d'amour poétique et déchirante de Colin et Chloé dans L'Écume des jours. Si loin, que je n'ai même pas réussi à m'y mettre ne serait-ce que dix minutes.

Résultat des courses : nous sommes à J-1 de la deadline, et j'en suis encore à la vingtième page.

Non, rectification : je suis vraiment dans la merde.

C'est donc la raison pour laquelle je me suis installée dans le parc juste en face du lycée, dès la fin de mes cours. Livre en main, lunettes sur le nez, je suis définitivement motivée à le terminer d'ici ce soir... ou presque. Je n'ai jamais autant détesté ma procrastination. Et ces secondes qui ne cessent d'augmenter le volume de leur musique... Du Booba, en plus.

— Je savais bien que je connaissais cette petite tête !

Shit. Manquait plus que ça.

Caleb et son éternel sourire s'approchent à grands pas de mon banc, une nouvelle distraction que je n'avais pas vue arriver. Même si, bon, j'aurais peut-être dû m'en douter. Car cela fait déjà plusieurs jours que celui-ci prend un malin plaisir à m'embêter, à me charrier... bref : à me coller. Attention, je ne m'en plains pas, hein ! Caleb est réellement quelqu'un d'adorable, et de drôle ! Vraiment, nous nous entendons à merveille. Mais... disons que sa continuelle présence n'arrange pas les affaires de mon petit cœur, qui peine déjà suffisamment à le considérer simplement comme un ami.

— Je ne savais pas que tu avais des lunettes, remarque-t-il en s'asseyant à mes côtés.

— Seulement pour lire.

— Ça te va bien.

Damn.

Je me force à ne pas relever sa remarque et garde mon visage plongé dans mon livre, mes joues, malgré moi, au summum de leur rougeur.

— Qu'est-ce que tu lis ? poursuit Caleb, mine de rien.

La bonne nouvelle est que lui ne semble pas du tout se rendre compte de l'effet qu'il provoque parfois à mon corps. Il me parle comme il le fait avec Pauline ou avec Alice : normalement, sans aucune ambiguïté. Comme à une amie, quoi. Ce qui m'aide, de ce fait, à faire de même. Mes pulsions ne durent jamais bien longtemps. Et heureusement.

— Un livre pour les cours, rétorqué-je en lui montrant la couverture.

— Oh, ce n'est pas l'histoire du mec qui découvre qu'il se tape sa mère et ensuite se crève les yeux ?

Joli résumé ! Quelle idée d'écrire un truc pareil, sérieux ?

— Ouais c'est ça, ouais.

Caleb s'esclaffe, bruyamment.

— C'est hyper drôle !

— C'est glauque, surtout.

— Ça va ! De l'inceste et des morts, tu devrais kiffer c'est comme dans GOT ! me taquine-t-il et je lève mes yeux au ciel.

BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant