16 - Gabriella (version corrigée)

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— Mais qu'est-ce que tu fous par terre toi ? s'exclame avec surprise Caleb, tout en dévisageant ma dégaine de la tête aux pieds.

Dégaine ne ressemblant pas à grand-chose. Imaginez deux secondes : moi, vautrée sur le sol, mes deux mains tenant fermement mon pied meurtri, au bord de la crise de larmes... Ouais, c'est un beau tableau.

— Je me suis tapé l'orteil contre la porte, murmuré-je enfin, la douleur se dissipant peu à peu de mon corps.

Décidément, j'en fais des belles ce matin... Je vais bientôt pouvoir ouvrir le « Julia Comédie Show » !

Je m'épuise.

— T'es plutôt du genre catastrophe toi, non ? ricane haut et fort Dylan, avant de s'éloigner.

Un tantinet gênée, je parviens tant bien que mal à me relever sur mes deux jambes, non sans esquisser deux ou trois grimaces au passage. Et si je pensais au moins pouvoir compter sur Caleb pour ne pas se moquer de ma tronche, ça n'a plus du tout l'air d'être d'actualité lorsque je me retrouve en face de lui.

— Ferme-la, toi, l'arrêté-je sans prendre de gant.

Sa moue malicieuse est exactement la même que celle de son frère. De vrais jumeaux, à quelques années près.

— Mais je n'ai encore rien dit ! se défend-il, faussement innocent.

— Tes yeux suffisent.

Mon ton suspicieux le fait ricaner, ce qui lui vaut une tape sur l'épaule. Un geste qui suffit à radicalement changer l'atmosphère entre nous. Comme si ce simple contact lui avait remis les idées en place, notamment sur ce qui se tramait avant l'accident...

— Sinon... Ça faisait longtemps que tu étais là ?

Sa voix est hésitante, incertaine. Au point qu'il en vient à fixer le mur, à la place de mon visage. Cette conversation était donc vraiment compromettante...

Deux solutions s'offrent alors à moi : soit je dis la vérité, au risque d'envenimer cette ambiguïté et cette gêne qui survolent, déjà suffisamment, notre relation ; soit je poursuis la stratégie que j'affectionne depuis déjà plusieurs semaines : faire comme si de rien n'était, ce qui se résume ici à mentir.

La seconde option me semble d'entrée la plus raisonnable. Et la moins dangereuse.

— Non, je viens juste d'arriver. Je voulais simplement récupérer mes affaires mais je me suis cognée contre la porte...

Mon explication parvient à lui arracher un petit sourire. Je suis donc meilleure menteuse que je ne le pensais.

— Tu peux aller te laver si tu veux, la salle de bains est dispo.

Je le remercie, puis récupère mes habits de la veille et file sous la douche. Immédiatement, j'entends que la radio est restée allumée depuis le dernier utilisateur... Mon sourire s'étend jusqu'aux oreilles. J'adore transformer ma toilette banale et ennuyante en une séance karaoké ! En plus de me mettre de bonne humeur, ça rend la tâche bien plus fun !

La mélodie du dernier tube de Selena Gomez diffusée à fond la caisse, je laisse pousser la chansonnette, comme je sais si bien le faire. J'adore le chant. Lorsque j'étais plus jeune, mes parents m'ont même inscrite à une chorale... Une activité que j'ai vite abandonnée tant je ne supportais pas de chanter devant les autres. En ce qui concerne cette passion, « solitaire » est le mot-clé. Sans rire, je crois que les seuls « privilégiés » à avoir entendu ma voix se résument à mes anciens collègues de chorale et à mes parents, parfois – à leur plus grand désarroi. Mais ça me va très bien, moi, que mon seul spectateur soit mon pommeau de douche.

BAD LOVERS 1 (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant