Son rire dans mon oreille et moi qui pousse un soupir avant de m'effondrer lourdement à terre, me tourner pour m'adosser au mur alors que je ferme les yeux en gémissant. J'me sens totalement spectateur de la scène, extérieur à mon corps. Et pourtant c'est moi qui bouge, c'est moi qui ai la tête qui tourne, les paupières lourdes et cette sale envie de gerber qui me prend aux tripes alors que j'essaye de trouver de l'air frais à respirer. C'est moi que Harry regarde tout sourire, sa main posée sur le même mur auquel je suis adossé.
"Tu m'avais déjà dit que tu tenais pas bien l'alcool mais alors à ce point là..
- Ferme ta gueule, Harry. J'vais te vomir dessus tu vas arrêter de l'ouvrir."
Il me donne un petit coup de pied du bout de sa bottine droite et il lâche de nouveau un rire alors qu'il s'accoupit pour prendre mon visage dans ses grandes mains qui m'encadrent facilement. Je sais qu'il a bu aussi, je sais que c'était pas censé se passer comme ça et que je passe mes journées à l'engueuler pour qu'il arrête de boire mais putain, il m'a entraîné là avec son joli sourire, sa gueule d'ange et il m'a foutu un verre dans les mains. J'le revois en train de caresser mes cheveux et me dire de boire, que c'est juste un soir. Et moi qui lui fais confiance, d'accord, d'accord si c'est juste pour ce soir.
"Je t'aime, Lou..
- Casse toi. Tu pues le.. Je sais pas ce que c'est mais tu pues putain, dégage.
- L'herbe ? Ouais y a pas que des trucs très sains qui traînent ici..
- De quoi ?
- De l'herbe.
- Mais qui t'a donné ça ? On connaît personne ici, tu.."
Il me coupe la parole en embrassant mes lèvres et je le laisse faire jusqu'à ce qu'il me relâche et que ma tête tombe vers l'arrière dans un nouveau gémissement de plainte. J'ai mal au crâne, j'ai l'impression que ma gorge est en feu et de cet angle là, je vois ses yeux injectés de sang, son sourire anormalement idiot et ses traits tirés. Il est complètement mort. Il m'a fait boire pour pouvoir le faire tranquillement. Et je m'en rends compte mais je trouve pas la force de lui dire, je trouve même pas la force d'ouvrir la bouche, alors l'engueuler ? Rien que m'imaginer bouger me fatigue. Et je me dis qu'il va pourtant bien falloir que je me lève.. Que je marche.. Que je le prenne avec moi.. Que je le ramène à la maison. Rien que d'y penser j'ai envie de dormir. Puis je le sens bouger, il se lève et, de sa hauteur, me caresse les cheveux du bout des doigts :
"Bon, Lou c'est pas que je m'en bats les couilles de toi mais y en a qui m'appellent là-bas.
- Qui ?
- Hein ?
- Qui ?"
Il se baisse de nouveau pour se retrouver à mon niveau et je répète :
"Qui t'appelle ?"
Mais il ne comprend pas, je le vois dans son regard. Entre l'alcool dans mon sang et toutes ces merdes qu'il a pu s'injecter, fumer ou je ne sais encore, c'est difficile de me faire comprendre.
"Bon, Lou, je comprends rien alors je vais te laisser."
Et je voudrais lui dire que non, putain c'est mort, il a pas le droit de me laisser mais j'en trouve pas la force alors il part. Il part pas en courant, il s'enfuit pas comme dans une peur que je lui en empêche, que je le retienne. Il part tranquillement, souriant. Il m'a bien eu, il a bien joué. Et encore une fois j'réalise à quel point il est plus malin que moi et à quel point il gagnera toujours ce qu'il veut.
Alors je reste seul. Lentement je me décide à détacher mon esprit de lui pour m'occuper de moi. Je prends conscience du reste. Je suis assis par terre, déjà. D'ici, je n'entends que des basses alors je suis dehors, dans les environs de la boîte de nuit dans laquelle il m'a traîné il y a quelques heures. Soit je suis seul, soit les personnes autour de moi sont muettes. Ou moi qui suis sourd mais vu que j'ai entendu parler il y a trente secondes le fumier qui me sert de petit copain, ça m'étonnerait. Il fait froid, nuit, silence, vide. Je pousse un soupir, tourne la tête, regarde droit. Au loin, il y a tout un tas de lumières, je suis dans une ruelle qui mène à une grande rue passante. Enfin, pas trop. Enfin pas à cette heure là en tout cas. Je vois une voiture passer mais c'est la seule depuis que je suis ici. Je ne connais pas l'endroit, pour la simple et bonne raison que c'est notre premier soir dans notre nouveau monde. Dans notre nouvelle vie. Je n'ai aucune idée d'où je suis par rapport à notre appartement et ça va poser problème parce que putain, j'ai aucune envie de rester ici, surtout si je suis seul et dans le noir. Ingénueusement, je déduis qu'il est entre 20h et 9h du matin. Et ça ne m'avance pas vraiment, je pourrais attendre un taxi mais personne viendra dans cette ruelle, personne ne me remarquera de toute façon. Mais c'est tout ce à quoi j'arrive à réfléchir avant de sentir une boule remonter dans ma gorge et me tourner pour vomir.
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Sinistrés
Fanfiction"Harry a déjà foutu ma vie en l'air une fois. Je ne le laisserai pas recommencer avec celle que je construis loin de lui."