Le soleil filtre au travers de la baie vitrée.
Je suis assis de mon côté du lit, adossé contre les oreillers relevés contre le mur. La tête brune de Harry contre ma cuisse, son souffle contre ma peau, ses gémissements parfois quand il bouge, mon ordi sur les tibias, à lire des tweets débiles qui me font rire en silence. Je caresse ses cheveux avec douceur, dans l'espoir qu'il se réveille avec une jolie mine.
Cela fait deux jours qu'il est rentré de l'hôpital. Son fauteuil est posé près de son lit. Il est impressionnant, énorme. A moi il me donne envie de gerber, alors j'imagine l'état de Harry quand il pose son regard dessus.
On dirait un monstre. Un monstre tout doux. Mais tabou, qui fait peur. On appelle ça un handicap.
Je sais que Harry le déteste plus que tout au monde. Il a encore mal, parfois, quand il fait quelques mouvements. Il fatigue vite. Je pense qu'il prend peu à peu conscience de tout ce que 'handicap' veut dire. Que tout ce que ce fauteuil l'empêchera de faire.
Le soleil filtre au travers de la baie vitrée. Les meubles sont calés contre les murs : les armoires, le grand bureau, les tables de chevet, le grand luminaire près du meuble de la télé. Et sur le mur blanc, juste au dessus de cette dernière, mon prénom et le sien. Son écriture, ces grandes lettres mal proportionnées, posées au mur au marqueur noir. Ça me fait sourire, j'ai l'impression de toucher le bonheur, même si je sais qu'une fois qu'il sera réveillé, il voudra pleurer et qu'il me sourira quand même. Ça me fera mal et le bonheur s'évanouira, au moins un peu mais c'est pas grave.
Harry pousse un soupir contre ma cuisse et se tourne dans un gémissement sur le dos. Ses boucles s'étalent sur le matelas, comme balayées par les vagues et moi je le regarde, ma main en suspend au dessus de lui. Il reste immobile quelques secondes. Et moi aussi. Puis il finit par ouvrir ses yeux émeraudes ; pendant une seconde, tout va bien. Il fait beau, il fait jour, il a bien dormi et je suis là. Et la seconde d'après c'est le déluge, la tempête. La douleur, le fauteuil, la vie qui semble être éteinte maintenant qu'il n'est plus libre de rien.
Et il tourne son visage vers moi. Et je lui souris. J'allais parler mais il me coupe de sa voix rauque et superbe du réveil :
"Bonjour Lou..
- Bonjour mon amour."
Et il arque légèrement son sourcil droit. Il est aussi surpris que moi. On s'est toujours tenus loin des surnoms mais j'ai pas pu m'en empêcher. Mais il sourit et moi aussi, un peu plus. Je prends mon ordi, le pose à terre et glisse jusqu'à son niveau, sous la couverture que je remonte jusqu'à son visage angélique alors qu'il ferme de nouveau les yeux sous la lumière du matin.
Voilà.
Mon amour de Harry, ses boucles presque blondes dans le soleil et ses paupières fermées, ses traits détendus et ses fossettes légèrement dessinées. Il tend son bras pour que je vienne me blottir contre son torse et ma main droite se pose sur son ventre alors que j'y dessine des arabesques.
"Tu as bien dormi ?
- J'ai presque plus mal. Alors oui, ça va. Et toi ? Tu es réveillé depuis longtemps ?
- Non, pas trop. J'ai oublié de fermer les volets hier soir alors la lumière m'a réveillée mais c'est pas grave."
Je sais qu'il ferme les yeux. Ma respiration est calée sur la sienne et soudainement je me demande comment ça se fait que ce soit toujours aussi beau entre nous malgré tout ce temps passé ensemble. Comment on fait pour toujours nous aimer autant.
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Sinistrés
Fanfiction"Harry a déjà foutu ma vie en l'air une fois. Je ne le laisserai pas recommencer avec celle que je construis loin de lui."