s'avouer vaincu

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"Respire Louis, respire."

Casse toi putain de bordel de merde, casse toi. Me touche pas, me parle pas, me regarde pas. Casse toi de mon appart.

"Louis, calme toi. Respire calmement, m'oblige pas à appeler une ambulance."

Barre toi d'ici. Prends tes putains d'affaires, tes putains de vêtements, tes bouquins, toutes tes merdes. Casse toi, dégage, dégage putain.

"Regarde moi. Regarde moi. C'est rien tout ça, ok ? Je vais m'expliquer, respire. Respire. Ca va, ça va aller..

- Sors de chez moi.

- Pas tant que t'es pas calmé.

- Casse toi putain !"

Mon pied dans son entrejambe et lui qui se recule violemment, manquant de tomber à terre dans une grimace. Et je le regarde, je regarde les traits de son visage se déformer sous la douleur et putain.

Putain de connard égoïste de merde mais va bien te faire foutre, va te faire foutre puisque je ne te rends pas heureux et va te faire foutre puisque tu ne m'aimes plus et va te faire foutre puisque j'avais prévu tellement et si fort pour nous deux.

"Va te faire foutre, Zayn."






Harry immobilise les roues de son fauteuil roulant de ses deux mains pour regarder droit devant lui. Les grandes plaques de verre de l'entrée de notre immeuble. Il n'a pas envie de sortir. Il n'est pas encore vraiment sorti depuis qu'il est dans ce fauteuil. Les seules fois où il était à l'extérieur de l'appartement, c'était pour le conduire dans des endroits où il était sûr de ne pas être regardé bizarrement.

Là, c'est différent. Le sac de course calé dans une pochette dans son dos, j'attends. J'attends qu'il fasse son choix, qu'il abandonne ou qu'il réussisse à prendre sur lui. Et doucement, je me baisse, je passe mes bras autour de ses épaules pour lier mes mains au niveau de son torse, mon menton se posant au creux de son cou alors que nos joues sont collées l'une à l'autre. Et je ferme les yeux, je souris, je le berce doucement de gauche à droite et, lui, baisse la tête pour regarder mes mains sur lesquelles il vient poser les siennes. Et je l'aime, putain je l'aime.

Mon coeur bat plus fort parce qu'il est la dose de douceur dont, putain, j'ai besoin pour avancer. Pour me sentir bien, pour passer au dessus de tout ce qui se casse la gueule autour de moi et dans ma vie. Je l'aime parce qu'il est tout ce que j'attendais pour réellement poser un début à ma vie.

"On peut ne pas y aller, tu sais..

- Je peux pas rester enfermé toute ma vie. C'est toi qui l'as dit.

- Oui mais ça veut pas dire que tu ne peux pas rester encore à la maison aujourd'hui. On peut réessayer demain, après demain.. On a toute la vie pas vrai ?"

Il resserre ses mains sur les miennes et ça me brule le coeur. Parce que ça veut dire oui et ça me rassure. J'embrasse son cou, sa chaleur, son parfum et je souris contre sa peau alors qu'il pousse un léger soupir sous les frémissements qui le traversent :

"On y va."

Et je me redresse puisqu'il me lâche. Il a un élan de courage et je ne veux pas le laisser filer. Alors je prends en main les prises qui ressortent de derrière le siège pour le pousser après avoir ouvert la grande porte, laissant le froid nous mordre le visage avec cette même violence que le vent adopte pour faire voler les boucles de mon amour. Il lève les mains pour baisser un peu plus son bonnet et je pose les miennes sur les prises pour aller vers le supermarché.

SinistrésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant