Sinistrés

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«  Alors, tu préfères qu'on se raconte chacun nos vies tout de suite ou qu'on se découvre peu à peu  ?  »

Les yeux rivés au plafond, allongé sur son lit, mon corps est pris d'un léger sursaut quand la voix de Harry fuse soudainement dans sa chambre. Alors je me redresse sur mes coudes pour le regarder, et pour la peut-être quinzième fois, mon cœur se met à battre plus fort quand je retrouve son corps, son visage, ses boucles, lui tout entier. Il me regarde droit dans les yeux, des siens émeraudes, et il pose le plateau qu'il a ramené de la cuisine sur le bout du lit, laissant une délicate odeur de pain grillé et de chocolat chaud envahir la chambre.

«  Je veux savoir tout de suite.

- Moi aussi.  »

Il m'adresse un sourire et je me pousse pour lui laisser de la place sur son lit. Il en a largement, mais en me décalant il va instinctivement venir vers le petit espace que j'ai laissé et il va être obligé d'être vraiment proche de moi. Puis je me rallonge, mon crâne retrouve les oreillers et je ferme les yeux, attendant simplement de sentir le poids de son corps près du mien et surtout son parfum, peut-être ses boucles qui viendront caresser, frôler ma joue droite.

«  Vas-y.

- Non, toi, commence.

- Non.

- Si.

- Non.

- Harry..

- Sérieusement, Louis. Commence. Crois-moi, ton histoire est mille fois plus intéressante que la mienne.  »

Je fronce les sourcils et rouvre les yeux pour tourner mon visage vers lui. Il a l'air sérieux et ça m'angoisse un peu, ça me serre au niveau du ventre parce que si il repousse l'instant T où il va en parler, c'est qu'il n'est pas fier de lui. Pas fier de ce qu'il a fait, de ce qu'il est aujourd'hui. Et ça je le sais déjà, parce qu'il en parle souvent sur son blog. Il le dit souvent. Qu'il n'est pas assez et qu'il ne supporte pas d'être qui il est. Alors j'entrouvre mes lèvres, j'hésite une seconde à lui dire de se lancer, que peut-être qu'il trouve ça moins intéressant mais que moi c'est la seule chose qui m'importe. Mais à la place, j'obéis. Pour ne pas qu'il se sente mal, obligé à raconter ces quelques années passées loin l'un de l'autre.

«  Je.. Je sais pas trop par où commencer. Je vais oublier pleins de trucs.

- C'est normal, tu pourras pas tout me raconter. Juste les grandes lignes. Et puis les plus petites. Celles que tu veux. Celles qui te font plaisir.  »

Je hoche la tête et me mets à réfléchir. J'ai une folle envie de prendre sa main et d'enlacer nos doigts. En fait j'ai envie de glisser mon visage dans son cou et d'embrasser sa peau j'ai envie de retrouver le parfum de ses cheveux j'ai envie de retrouver la chaleur de sa nuque et puis le goût de ses lèvres, encore une fois, j'ai envie de retrouver ses mains contre moi son corps contre le mien et son sourire quand il me dit qu'il m'aime. Mais je ne bouge pas. Parce que je ne suis pas sûr de ce qu'il veut et pas sûr de vouloir précipiter les choses. Je ne veux pas tout gâcher. Je ne veux pas qu'il se sente oppressé. Je veux que les choses se fassent à son rythme, comme il en a envie.

«  J'ai rencontré quelqu'un.  »

Il fronce les sourcils et je lui souris, un peu. Toutes les raisons du monde me poussent à ne pas sourire, mais le simple fait qu'il ait froncé les sourcils me fait fondre et rah putain je me mets à utiliser des mots de fragile maintenant.

«  Il s'appelle Zayn. On est restés un peu plus de deux ans ensemble. Il a emménagé chez moi..

- Je suis pas sûr de vouloir tout savoir.