epuisé

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Assis à mon bureau, la joue appuyée sur mon poing, coude sur la table, en train de fixer désespérément l'écran de mon ordi alors que mon index gauche ne sert qu'à une chose : faire défiler les comptes facebook. J'ai tout tapé dans la barre de recherche : Harry Styles, Harry Stls, Harry St, Harold Styles, Harold Stls. Il est introuvable, il n'existe pas.

Sa soeur, si, par contre. J'ai trouvé son profil il y a quelques heures, sur le coup des 4, 5 heure du matin. J'ai regardé les quelques photos qu'il y avait sur son compte.

Elle à la plage, elle avec sa mère, elle avec son beau père, elle en soirée, elle tout sourire en se prenant toute seule en photo, ses cheveux teints en blonds, son regard émeraude et ces mêmes putains de traits qu'Harry. Mon cœur s'était mis à battre trop vite, trop fort. Les dernières photos datent d'il y a plus de deux ans. Je pense qu'elle a juste abandonné son compte. Il n'y a rien qui parle de Harry. Pas de statut. Il n'est sur aucune photo. Il n'y a rien. Il n'y a aucun lien pour m'envoyer sur une nouvelle piste, il n'y a rien, rien d'autre que el vide et mon désespoir.

Je pousse un soupir, regarde l'heure dans le coin à droite de mon ordinateur. 9h21 et cela fait plus de 15h que je cherche comme un con un signe de lui. Mais y a rien, j'ai beau taper son prénom encore et encore sur google, Twitter, Facebook, n'importe où. Il n'y a rien, c'est comme si il n'avait jamais existé. C'est comme si il n'était pas la plus belle personne qui m'ait été donné d'aimer.

Je passe ma main sur mon visage et ferme, un peu violemment, mon ordinateur avant de me lever et aller ouvrir les grandes fenêtres de ma chambre pour me poser quelques secondes au balcon. Putain, je me prendrais bien une clope.

Le magasin est fermé aujourd'hui et j'ai rien à foutre de ma journée à part me foutre en l'air. Je me gratte les cheveux, me fiche des épis que je créé et m'étends quelques secondes face au ciel gris d'un matin Londonnien.

La vie suit son cours.

Je sors de ma chambre en laissant les fenêtres ouvertes, histoire d'aérer un peu et retirer cette odeur de mort qui avait envahi ma chambre. L'appartement est un vrai bordel, et je suis prêt à appeler Zayn pour lui demander de ranger avant de me souvenir que c'était un connard. Quelle vie de merde.

Je file à la cuisine, attrape une bouteille de jus d'orange et la pose sur mon ventre pour en ressentir la fraicheur, un petit sourire délicat glissé sur mes lèvres. Puis j'allume la télé, laisse la musique emplir la pièce et ferme les yeux en me laissant aller, c'est comme un lendemain de soirée où tout le monde est mort de fatigue et d'alcool mais qu'on a pas le droit de s'arrêter.

Alors j'plonge dans mes souvenirs, j'plonge dans un autre monde.

J'me remémore ces soirées d'été de quand j'avais 19 ans, quand on pouvait sortir en pleine nuit même bourré, en tee-shirt parce qu'on avait beaucoup trop chaud, qu'on courrait dans les rues à plus savoir où on est, à plus savoir respirer, à plus savoir quoi faire, j'me souviens de nos nuits passées à nous raconter soit des conneries soit des trucs trop lourds pour en parler sans un peu trop d'alcool dans le sang. J'me souviens avoir rencontré Harry et m'être imaginé l'emmener dans ces soirées, j'me souviens m'être imaginé l'embrasser sous la chaleur et dans le froid, j'me souviens m'être imaginé des milliers de choses, boire des boissons glacées quand il faisait trop chaud, boire des thés et des chocolats brulants quand il neigeait dehors, le prendre dans mes bras dans nos mauvaises nuits, j'me souviens m'être dit "putain, peut-être que c'est lui l'amour de ma vie ?"

Et depuis j'ai pas évolué, putain, j'y crois toujours.

Quand la musique se termine je rouvre les yeux sur ma cuisine éclairée par le doux soleil du matin et ça me fait sourire, j'attrape une barquette de fruits rouges dans le frigo et va vers le salon sans couper la musique parce que c'est tout ce dont j'ai besoin, bouger, penser à autre chose, peut-être que je devrais aller voir du monde.

SinistrésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant