Plus il s'approchait de moi, plus je le fuyais. Son regard s'assombrissait quand il me voyait reculer. J'avais la nette impression d'être une proie, une biche prise au piège face à un prédateur déterminé.
"Pourquoi me fuir ?
-Vous me faite peur.
-Je ne te veux aucun mal.
-Que me voulez-vous alors ?
-Apprendre à te connaître.
-Pourquoi ?
-Parce que..."
Il semblait chercher ses mots. J'avais réussis à le bloquer, ma grande table nous séparait. Seulement de quelques dizaines de centimètres, mais elle faisait, pour le moment, office de mur. Mon coeur battait la chamade, j'avais peur de lui, je en comprenais pas ce qu'il me voulait réellement. Apprendre à me connaître ? Dans quel but ? Il m'avait quand même suivis jusqu'à chez moi l'autre soir.
"Louis, je veux juste savoir qui tu es. Tu me troubles au plus haut point. Et j'ai l'impression que toi et moi, on s'est déjà vu. Avant, je ne sais pas quand, vu que l'on ne vient pas du même pays. Peut-être dans une autre vie, peut-être dans un rêve... Je ne sais pas comment, mais je suis certain d'une chose : on est intimement lié."
Cet homme est complètement fou. Bon à interner ! Il parait tellement sur de lui, il croit dure comme fer dans ce qu'il dit, mais il ne se rend pas compte que c'est complètement impossible, surréaliste et surtout complètement fou.
"Vous vous rendez compte de ce que vous dîtes ?! je m'écriais. C'est insensé ! Sortez de chez moi !"
Il me regarda un instant, puis en quelques secondes, je me retrouvais coincé entre un mur et son corps imposant.
"Tu me penses fou ?"
Je ne répondais pas, la peur embrumait mon esprit. Les larmes menaçaient de couler mais je m'obligeais à rester fort. Je ne faiblirais pas devant Harry Styles.
"Donnes moi une chance de te prouver que je ne suis pas fou.
-Sérieusement ?
-Oui.
-Vous voulez que je vous laisse m'approcher alors que vous me suivez ? Vous êtes un psychopathe !
-Quoi ?
-Ne faites pas l'innocent ! Vous m'avez suivis jusqu'à chez moi un soir, et j'avais beau courir et crier, ça ne vous a pas arrêté !
-C'était quand ?
-Vous vous moquez de moi ? Il y a deux jours, quand votre ami Antonescu nous a lâcher avec vingt minutes de retard !
-Louis, j'étais encore dans l'avion."
J'écarquilla les yeux. Je n'en revenais pas, cela ne pouvait être que lui pourtant. Je l'ai vu de mes propres yeux ! Il fronçait les sourcils, il semblait soucieux.
"Pourquoi as-tu pensé à moi ?
-Les yeux..."
C'était les mêmes : deux orbes vertes, ressemblants traits pour traits à celles de Styles. Je ne suis pas fou. J'étais dans un autre monde, c'était impossible. Et pourtant. Styles ne pouvait être que dans l'avion, cela était logique. Mais, dans ce cas, j'avais un homme inconnu qui me suivait ? Un autre fou ?
"Je... pense savoir de qui il s'agit. Mais ne t'en fais pas, je vais régler le problème.
-Je suis désolé.
-Non, c'était légitime de ta part. N'y pense plus."
Les larmes coulèrent sur mes joues, et je me laissa tomber. Ma vie prenait une tournure que je n'aimais pas. Je ne contrôlais plus rien, je ne savais rien. La peur rythmait les secondes que je passais, et elle m'oppressait. Je voulais juste oublier toute cette histoire. Je n'avais personne chez qui me réfugier. Pas de famille, pas d'amis. La solitude qui m'avait accompagnée pendant des années et qui était devenue une compagne agréable me jetait au visage ces années vécues seul.
"Louis, restes avec moi, je suis là. Tout va bien."
Mensonge. Comment tout pourrait aller bien ? Je suis seul.
Une main caressa doucement ma joue et je fus collé à son torse chaud. C'était agréable.
"Je connais ce que tu vis. Pendant des années, j'ai vécu seul, loin de tous. J'ai perdu mes amis, ma famille. Mais le pire a été le jour où j'ai perdu l'amour de ma vie. C'était comme si tout mon monde s'écroulait. J'avais tout perdu. La joie, le bonheur, l'amour. Je n'étais plus qu'un fantôme. j'avais maudis le temps de m'avoir pris tout ce qui m'était précieux. J'avais maudis la vie pour m'avoir infliger un destin aussi douloureux. J'avais même entrepris de mettre fin à mes jours pour soulager mon existence de ce poids énorme. Et c'est là que je me suis rendu compte que je n'avais jamais été réellement seul. Viorel était resté près de moi pendant toutes ces années, prenant soin de moi quand j'étais déprimé. Il m'a trouvé et m'a raisonner. J'ai voyagé, découvert des pays que mon amour aurait aimé visiter, je suis même devenu historien. Et je t'ai rencontrer."
Je me calmais au fil de ses paroles, blottis contre lui. Je buvais ses mots et profitais de sa voix et de la chaleur que propageait son corps.
"La vie est une chienne et le temps un voleur. J'en étais persuadé durant des années. Puis j'ai relativisé et maintenant, je ne remercierais jamais assez la vie de m'avoir fait naître dans une famille aimante, le temps de m'avoir accordé des secondes, des minutes précieuses qui m'ont permis de passer des moments inoubliables avec des personnes que j'aimerais toute ma vie. Il m'a donné les plus grandes leçons de vie, me permettant d'avancer et de trouver une nouvelle source de bonheur et d'amour."
Sa voix mourut, je le sentais troublé par ses propres paroles. Même si je ne me reconnaissais nullement dans son histoire. Nous n'avons pas eu le même passé, le même ressentis sur des choses que pourtant nous avons surement vécu tout les deux. Mais finalement, la finalité était la même : nous étions seul.
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MEET ME HALFWAY | LS
Hayran KurguLouis pensait qu'il avait une vie rangée par la routine. Mais il était loin de se douter qu'un homme chamboulerait toute son existence. Entre un passé sombre et ancien qui refait surface, des preuves qui s'accumulent et des dangers qui rodent, il ne...