Jour 1
Ce matin, je me lève avec un horrible mal de tête. Les images de la nuit dernière me reviennent et m'arrachent une grimace. Je sors de mon lit et attrape un haut pour aller déjeuner. Ma mère est en train de faire des œufs et mon père lit. Il lève la tête quand il se rend compte que je suis là.
- Bonjour chérie, tu vas mieux ?
- Oui, je crois.
- Tant mieux, dit ma mère pendant qu'elle me tend une assiette d'œufs, car ce soir nous avons des amis qui viennent à la maison et on ne voudrait pas que tu te sentes mal.
- Non mais ça va très bien, ne t'inquiètes pas.
Je commence à manger mes œufs quand le téléphone sonne. Ma mère décroche.
- Oui ?
On entend une voix parler à l'autre bout du fil.
- Oh oui, bonjour Robert, dit-elle pendant qu'elle sort de la cuisine.
Je regarde mon père.
- Qui c'est ce Robert ?
- C'est un vieil ami de ta mère, ma puce.
- Ça a l'air important.
- Ça l'est peut-être chérie.
Cette réponse ne me suffit pas, mais peu importe, je décide de me concentrer sur mes œufs, et les engloutis en quelques minutes. Après avoir débarrassé, je me rend dans ma chambre, et allume mon ordinateur pour travailler. Mais à peine ai-je ouvert le moteur de recherche, que je me met à taper des mots comme "sorcière", "dame en noir" ou d'autres choses de ce genre. A mon grand malheur, les seuls résultats que je trouve concernent des histoires pour enfants ou un film sorti il y a peu. Rien de concret qui pourrait m'aider. Je soupire, et ferme mon ordinateur.
Après une douche rapide, je prend de quoi me vêtir et décide d'aller en ville. Chicago est une assez grande ville, on s'y perd parfois et c'est souvent un moyen pour moi de me changer les idées. J'entre dans un magasin, regarde quelques vêtements puis tombe sur une magnifique robe fleurie, après l'avoir enfilée et m'être observée dans le miroir au moins quatre-vingt fois, je décide de l'acheter. En sortant du magasin, vingt minutes plus tard, une foule s'est regroupée autour de quelqu'un, cinq mètres plus loin.
C'est un garçon, accroupit par terre, en plein milieu de la route. Il est en train de pleurer et crie, répétant qu'il veux que quelqu'un revienne. Une femme. Un homme à côté de lui le supplie de se relever et de rentrer avec lui à la maison. Il lui explique qu'elle ne peut pas revenir et que c'est dur pour tout le monde, mais qu'il doit faire avec. Le garçon soupire, enlève ses mains de son visage, et se relève. Il est à peine plus âgé que moi, d'un an ou deux, je dirais. Ils partent tous les deux et les autres personnes autour s'éloignent. Une voiture klaxonne et me ramène à la réalité, il ne reste plus que moi, seule au milieu de la route. Je m'excuse auprès du conducteur et rentre chez moi.
A midi, ma mère et mon père ne parlent pas, comme si quelque chose leur torturait l'esprit. Je lance alors la conversation.
- Ça va vous deux ?
Ma mère relève la tête et paraît surprise.
- Bien sûr que oui, Mary, pourquoi ?
- Oh, je ne sais pas, vous n'avez pas parlé de tout le repas.
- Ne t'en fais pas pour nous Mary, dit mon père en enfilant une énorme fourchette d'haricots dans sa bouche.
Une fois la vaisselle terminée, je passe le reste de ma journée dans mon lit, à penser. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs, mais j'en ai besoin. Je lis ensuite quelques chapitres d'un livre, et fais encore des recherches sur la dame noire, mais sans aucun succès.
Puis c'est l'heure du dîner.
La sonnette retentit. J'enfile ma nouvelle robe, me maquille légèrement, puis descend accueillir les invités. Je salue un homme qui me dit quelque chose, et une femme; puis je remarque un garçon, resté sur le palier de la porte. Il me paraît familier. Je réfléchis quelques secondes, puis cela me paraît évident : c'est le garçon qui pleurait au milieu de la route, ce matin. Il n'ose pas entrer.
- Entre voyons, lui dis-je avec un grand sourire.
Il ne répond pas. Quelques secondes après, il décide d'entrer, difficilement. Je sens déjà qu'il n'a pas envie d'être là. Je m'éloigne pour le laisser passer et je referme la porte. Tout le monde se met à l'aise et nous prenons l'apéritif. Les adultes commencent à parler de tout et de rien, tandis-que moi et le garçon restons silencieux. Il fixe un point, invisible, et moi, je le fixe lui. Il a les yeux énormément rouges, comme s'il avait pleuré pendant des mois. Je décide d'écouter la conversation des plus grands et apprend que le garçon s'appelle Paul, et que ce n'est pas le fils de nos invités mais leur neveu. Son père l'a abandonné et sa mère, est morte il y a très longtemps, dans un violent accident de voiture. Ils avouent ensuite que depuis ce jour là, Paul n'a pas cessé de pleurer et de se comporter étrangement. Je me tourne vers lui et vois qu'il me fixe, les larmes aux yeux. Ne voulant pas en entendre davantage, je propose à tout le monde d'aller prendre le dîner.
Ma mère a préparé un énorme poulet avec des pommes de terres, enfin, c'est ce qu'elle fait croire à tout le monde. Elle a la fâcheuse manie de mentir sur ses exploits culinaires. Elle a simplement commandé ce plat, tout prêt, la veille. La tante de Paul, qui s'appelle Annie, se tourne vers moi.
- Alors, Mary c'est ça ? Quel âge as-tu ?
- J'ai seize ans.
- Tu fais un sport ou une activité ? demande-t-elle.
- Je lis, c'est tout.
- Et qu'est-ce que tu lis ? dit l'oncle.
- A peu près toutes les sortes de romans, dis-je.
Annie se tourne vers mes parents.
- Paul aussi aimait bien lire avant.
Pendant le repas, tout se passe bien, tout le monde parle, sauf Paul, qui n'en a peut-être tout simplement pas envie. Annie et Victor, le mari, me posent quelques fois des questions, et j'y réponds.
- Tu es au lycée ? dit Victor.
- Oui, en première.
- Tu comptes aller à l'université ? demanda Annie.
- Oh, peut-être. Je ne sais pas encore vraiment ce que je voudrais faire plus tard. Mais j'y réfléchis, je ne...
Je m'arrête, les yeux rivés sur le mur en face de moi. Ce que je vois, mérite bien de ne pas terminer ma phrase.
Elle est là.
Comme à son habitude, elle me fixe, sans bouger, sans-papiers rien dire, sans rien faire. Seulement, c'est différent, c'est réel, pas dans un cauchemar, ni dans une rêverie, non, c'est dans la vraie vie, cette fois.
Je commence à trembler violemment, prise de panique je me lève de ma chaise. Les yeux grands ouverts, personne ne comprend ce qui se passe, seul Paul semble légèrement perturbé par ce mur. Des larmes coulent de mes yeux sans que je puisse le contrôler, et j'ai du mal à respirer.
- Mary, qu'est-ce qui ne va pas ? crie ma mère.
Je n'arrive pas à dire un seul mot, je pointe seulement le mur, sachant pertinemment qu'elle ne va de toute façon pas voir ce que je vois moi.
Alors, je m'avance vers la table, empoigne l'énorme couteau qui était planté dans le poulet et le lance sur la sorcière. Il frôle légèrement l'oreille de Victor et se plante dans le mur, là où était la dame. Mais cela ne lui a rien fait, comme si il l'avait traversée pour se planter dans le mur, sans la toucher. Alors elle disparaît. Je m'effondre par terre, déçue au plus haut point de ne pas l'avoir atteinte. Tout le monde est muet et me regarde. Ils sont horrifiés. Je les dévisage tour à tour, me relève, haletant et ma mère s'approche.
- Mary, il va vraiment falloir qu'on parle.
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Hantée
ParanormalMary, jeune adolescente, voit une mystérieuse vieille dame dans ses cauchemars. Jugeant la situation trop grave, ses parents décident alors de l'envoyer dans un hôpital. Là-bas elle y rencontre un garçon, Luke, lui aussi capable de voir cette femme...