CHAPITRE 4

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Je me réveille en sursaut. Nous sommes toujours sur la route et il s'est mis à pleuvoir.

- Ça va Mary ? fait ma mère.

- Oui oui.

Après quelques minutes de route, nous arrivons devant un immense immeuble vieux de centaines d'années. Mon père sort de la voiture et appuie sur un bouton rouge à coté du portail qui est fermé. Il se met à parler quelques secondes, puis le portail s'ouvre. Il revient à la voiture et roule sur le chemin jusqu'à se garer près de l'entrée. Nous sortons et nous nous dépêchons de rentrer dans le bâtiment.

L'intérieur est le parfait contraste de l'extérieur. Des murs jusqu'aux chaussures des docteurs, absolument tout est blanc. J'observe à peu près tout le monde, me demandant encore qu'es-ce que je fais ici, quand mon regard s'arrête sur un homme qui vient dans notre direction.

- Bonsoir !

- Robert ! Comment vas-tu ? demande ma mère.

- Mieux que votre petite Mary on dirait, puis il se tourne vers moi, tes parents m'ont tout expliqué et je peux t'assurer que dans moins de trois semaines, ton problème sera définitivement réglé.

Je ne réponds pas. Personne ne le fait. Voyant qu'aucun de nous ne souhaite continuer cette conversation, il se tourne, prend une blouse sur un chariot et me la tend.

- Tiens, c'est pour toi ! Juste à ta droite, tu as une petite pièce, tu peux te changer à l'intérieur.

Je prend le vêtement qu'il me tend et jette un regard à mes parents. Juste à coté d'eux, un garçon me regarde. Il doit avoir mon âge, il est brun, a le contour des yeux rouges et la peau très claire. Je détourne mon regard et rentre dans la pièce. Je me déshabille, puis enfile la blouse. Je perçois comme un mouvement et regarde autour de moi. Rien. Je remets mes chaussures, sors les cheveux qui sont restés à l'intérieur de ma blouse et relève la tête. Elle se tient juste derrière moi, collée au mur. Prise de panique, je me retourne immédiatement, mais elle a disparu. Ne voulant pas aggraver ma peur, je décide de sortir aussi vite que possible. Mes parents discutent avec Robert.

- Ah, te voilà ! La tenue te plait ? dit Robert, pensant être drôle.

Je baisse la tête pour regarder le "vêtement" en question, qui est neuf. Blanc avec quelques pois bleu, c'est le type de vêtement qu'on trouve dans les hôpitaux. Génial.

- Tant mieux ! J'ai besoin de vos trois signatures sur ce papier, dit-il en tendant un papier, et ce sera bon.

Mes parents signent, et à contre coeur, moi aussi. Puis ils m'embrassent et partent, trop rapidement à mon goût.

Robert me fait visiter le centre et m'emmène jusqu'à ma chambre, il m'explique que je vais dormir avec une autre fille et qu'elle est assez, absente, mentalement.
Il me ramène ensuite à l'accueil et me donne un emploi du temps que je vais devoir suivre à la lettre si je veux partir rapidement du centre. Je vais devoir expliquer mes problèmes à une psychologue, puis à tout un groupe d'adolescents comme moi. J'aurais aussi droit à quelques heures à la bibliothèque et à deux films par semaine. Des films "éducatifs", évidemment. Il me donne ensuite un badge pour la cafétéria et une sorte de télécommande avec un seul bouton, que je devrai presser au moindre problème. Un de ses collègues l'appelle et il le suit dans un couloir. Je reste là debout et m'assois ensuite sur un banc.

- Salut ! dit une voix.

Je tourne la tête à droite et vois le garçon qui me fixait quelques minutes avant.

- Euh, salut, je réponds.

- Je suis Luke, je t'ai vue arriver toute à l'heure.

- Je sais, je t'ai vu aussi.

Il sourit.

- Tu es ici depuis longtemps ? je demande.

- Depuis quatre mois.

- Et pourquoi ?

- Apparemment, je suis trop violent et perturbé.

- Oh.

- Et toi, pourquoi tu es ici ? demande-t-il.

- Apparemment, je suis folle.

- Oh, dit-il.

- Tout le monde pense que je le suis, mais je ne le suis pas.

- Pourquoi les gens pensent que tu l'es ?

- Parce que je vois des choses qu'ils ne voient pas.

- Des choses ? Quelles choses ?

- Une personne. Une dame. Elle me fait vraiment peur. Et elle est tout le temps dans mes cauchemars. Mais aujourd'hui ce n'était pas pareil. Ce n'était pas un cauchemar, je la voyais vraiment, en face de moi, pendant que tout le monde mangeait. J'ai paniqué et j'ai lancé un couteau sur elle, sauf qu'après, elle est partie, ce qui fait que le couteau s'est planté dans le mur, tout le monde m'as vraiment prise pour une folle. Et me voilà ici.

Luke semble tout à coup absent. Non, pas absent, plutôt... perturbé, oui voilà, il semble perturbé par ce que je lui raconte.

- Une dame tu dis ? Et à quoi elle ressemble ? dit-il.

- Et bien... elle est vieille, elle à les cheveux gris, longs et ondulés et...

- Et elle porte une longue robe noire toute abîmée.

- Quoi ? Comment tu sais ça ?

Il hésite.

- Parce que... parce que je la vois.

- Comment ça tu la vois ?

- Je la vois, maintenant. Et elle est juste derrière toi, dit-il, affolé.

Paniquée à mon tour, je me retourne, et est surprise par la distance qui me rapproche d'elle, grande de quelques centimètres seulement. Je fais un bond en arrière et tombe par terre. Je recule le plus loin possible en haletant. Les personnes autour de moi commencent à s'inquiéter on dirait. Robert accourt alors.

- Mary qu'est-ce qu'il y a ?

Tout est flou autour de moi, et les sons deviennent lointains.

- Mary ?

Je ne comprends plus ce qu'il se passe, et je n'ai pas assez de force pour essayer de réfléchir.

- Mary ! Réponds moi !

Mes yeux se ferment lentement, et la dernière chose que je vois est Luke, apeuré, essayant de quitter la pièce, le plus rapidement possible.

HantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant