CHAPITRE 6

1.8K 140 3
                                    

Une heure plus tard je me réveille encore, dans ma chambre, toute chamboulée. Luke est assis sur le bord de mon lit et m'observe. Ma colocataire que je n'avais jamais vue auparavant est sur le rebord de la fenêtre, pensive.

- J'ai appris ce qu'ils t'ont fait, me dit-elle, je suis désolée pour toi, mais presque tout le monde y passe. Je suis Amy, apparement meurtrière mais ils racontent n'importe quoi.

- Je me souviens d'elle.

- Quoi ? demanda Luke.

- La vieille femme. Je ne l'ai pas oubliée.

- Tant mieux, nous devons aller à la bibliothèque, m'annonce-t-il.

Il m'aide à sortir de mon lit, attend que j'ai enfilé mes chaussures et me guide jusqu'à la bibliothèque. Elle est immense. Des tonnes et des tonnes de vieux bouquins, sur des dizaines d'étagères longues de dix mètres chacune. Luke s'avance vers la bibliothécaire et lui demande quels livres elle a sur une histoire de vieille dame en noir. Elle nous amène jusqu'à un rayon appelé << Légendes >>, nous sort quatre énormes livres et les pose sur une table. Nous la remercions et nous nous installons. Luke me donne deux livres et prend les deux autres. Puis nous nous mettons à lire.

Une heure plus tard, les recherches n'ont pas porté leur fruit. Alors que j'entame mon second livre, Luke relève la tête, perturbé.

- Alors ? me-dit-il.

- Pas de légendes sur une vieille dame en noir et toi ? je fais.

- Non plus, répond-il.

Puis il se remet à lire, et se met à murmurer des choses.

- Attends, je crois que j'ai quelque chose, dit-il.

Je pose le livre que je tiens dans mes mains sur la table et l'écoute avec attention.

- La page parle d'une légende sur une femme en noir, mais ce n'est pas écrit beaucoup.

- C'est écrit quoi ?

- Qu'elle hante les gens qui ont un rapport avec sa mort ou alors à qui elle veut faire passer un message.

- Un rapport avec sa mort ? Comment je pourrais avoir un rapport avec sa mort ?

- Peut être tes parents, ou alors elle veut faire passer un message, suggère-t-il.

- Quel genre de message ?

- Le texte ne le dit pas, il marque une pause, mais il y a une dernière phrase.

Je le regarde avec empressement.

- Cette légende... est liée à l'établissement Grabfield et à son passé.

Je ne comprends pas sur le coup.

- Et alors ? C'est quoi cet établissement ? je demande.

- Mary ! C'est le centre où nous nous trouvons !

Je suis sous le choc. Comment l'horrible vieille femme que je vois dans tous mes cauchemars peut-elle avoir un lien avec le centre psychiatrique dans lequel on m'a envoyée pour justement régler ce problème ?

- C'est impossible, je murmure.

- Pourtant c'est écrit, je pense qu'on devrait chercher plus profond, dit Luke.

- Comment ça ?

- On devrait peut-être aller voir quelqu'un qui travaille ici depuis longtemps et lui poser des questions sur le passé du centre.

Sur ce, nous allons voir la bibliothécaire pour lui rendre les livres, la remercier et nous partons. Mais, Luke fait un pas en arrière.

- Excusez-moi madame ? Est-ce que par hasard, vous sauriez qui est la personne qui a travaillé le plus longtemps dans ce centre ? demande-t-il.

- À mon avis, cela doit être Ian Grabfield, le père du directeur du centre, Nelson Grabfield. Il est à la retraite depuis deux mois, mais il a travaillé au centre depuis sa création, répondit-elle.

- Où peut-on le trouver ? je demande.

- Dans son bureau au quatrième étage, il continue à y venir tous les jours.

- Merci beaucoup, au revoir.

Puis, je prend Luke par le bras et le tire vers la sortie. Je cherche l'ascenseur des yeux, il est à dix mètres de nous. Je me dirige vers les portes avec Luke, et il appuie sur le bouton. Quand les portent s'ouvrent nous avons un étrange pressentiment. L'intérieur, est vieilli, comme l'extérieur du centre, un néon de lumière grésille au dessus de nous. J'appuie sur le bouton numéro quatre.

- C'est très joyeux ici, dit Luke.

Je le regarde en souriant mais je suis vite perturbée par la lumière : le néon grésille de plus en plus. Je lève les yeux au plafond, puis perçois comme un long cheveu qui pend, je le prend dans ma main, il est gris, et bouclé.

La lumière s'éteint.

Je sursaute et m'agrippe au poignet de Luke, mais il semble très fin, et très ridé. Je retire ma main et une faible lumière se rallume, Luke n'est pas en face de moi, c'est la femme.

Luke se trouve à ma gauche quand, tout a coup, la femme le prend par le bras. Elle l'amène vers lui, et lui murmure quelque chose à l'oreille. Une seconde après, il tombe à terre, se bouchant les oreilles et criant de toute ses forces. Je ne sais pas ce qu'elle lui a fait, mais cela semble atroce.

Puis, la femme disparaît, et la lumière se rallume.

- Luke ? Luke ça va ? dis-je.

- Je... non... elle...

Il a du mal à respirer.

- Calme toi, elle est partie, il n'y a que nous. Respire et racontes moi.

Il respire un grand coup, s'assoit correctement par terre, et me regarde.

- Elle m'a murmuré une phrase à l'oreille, mais... je n'ai pas compris ce qu'elle a voulu dire, fait-il finalement.

- Qu'est-ce qu'elle t'as dis ?

- Que...

Il prend une grande goulée d'air. Puis baisse la tête.

- Que les guérisseurs font mourir et que les sentinelles sauvent.

- Quoi ? dis-je déconcertée.

- Ça n'a pas de sens, je sais. Mais après qu'elle m'ait murmuré ça, des dizaines et des dizaines de voix différentes se sont mises à murmurer cette phrase dans ma tête, c'était insupportable.

- Qu'à t-elle voulu dire ? Les guérisseurs font mourir et les sentinelles sauvent, ça ne veut pas dire grand chose.

D'un coup, les portes s'ouvrent : nous sommes arrivés. Nous sortons et nous retrouvons dans un grand couloir blanc. Trois portes se trouvent en face de nous, une indiquant le nom de Ian Grabfield, une autre celui de Nelson Grabfield, et la troisième, différente des autres, vieillie et fissurée, indiquant << Mathilda Grabfield >>.

HantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant