Hantée

CHAPITRE 11

Jour 4

Cela fait une heure que Luke et moi avons rejoint notre chambre. Il n'a pas dit un mot et moi non plus.

Tout ce que j'ai vécu depuis mon arrivée et depuis ma rencontre avec Paul prend un sens. Jamais, jamais je n'aurais pensé que Paul, le garçon dérangé et perturbé qui pleurait au milieu de la route, aurait un rapport avec cette histoire.

- Luke, il faut qu'on le trouve.

Il lève la tête et s'étend sur le canapé sur lequel il s'est assit.

- On n'a même pas le droit de sortir de cette chambre, comment veux-tu qu'on sorte du centre ?

Je cherche une idée qui pourrait nous aider, quand me vient la plus simple.

- On peux l'appeler.

Plus tard, après quelques coups de fils à ma mère, j'obtiens le numéro de Paul.

La sonnerie retentit trois fois et il décroche.

- Allô ?

- Paul ?

- Oui, qui est à l'appareil ?

- Euh, c'est Mary, tu te souviens de moi ?

Aucune réponse.

- Ecoute Paul, tu sais j'ai été internée ici pour des certaines raisons. Et pour sortir je dois résoudre quelques problèmes, et je suis près du but, mais il se trouve que tu es lié à tout ça. J'aimerais te poser des questions, c'est très important.

J'entends une basse respiration au bout du fil.

- Paul ?

- Vas-y.

Je réfléchis quelques temps à la façon dont je vais formuler ma question.

- Est-ce que tu peux me parler de ta mère... ?

Il prend une grande bouffée d'air.

- Je ne l'ai pas vraiment connue. Elle est morte peu de temps après ma naissance. Mon père m'a élevé seul pendant quatre ans. Ensuite, il m'a laissé tombé et la famille avec laquelle je vis m'a adopté. Tous les ans mon vrai père m'envoyait une lettre me disant que ce n'était pas sa faute, qu'il ne se sentait pas capable de m'élever sans elle. Et avec cette lettre il m'envoyait toujours quelque chose de ma mère, comme une cassette, une photo ou un bijou. Après six ans, il a arrêté. A partir de mes dix ans, je n'ai plus eu aucun contact avec lui. Mais j'ai commencé à voir...

Il s'arrête.

- A voir quoi ?

- A voir ma mère. Mais j'étais le seul. Je voyais son fantôme. Au début j'ai cru que j'avais des hallucinations, mais ensuite, j'ai été obligé de me rendre à l'évidence. Elle était bien réelle. Et elle m'a parlé, elle m'a raconté comment elle est morte.

- Comment elle est morte Paul ? J'ai besoin de savoir.

- Mon père l'a tué, et sans le savoir j'y ai assisté. Il lui à ouvert la poitrine, et a retiré son cœur et je... je n'ai rien pu faire, personne n'est au courant, mais c'est un psychopathe. J'aimerais que quelqu'un lui fasse la même chose.

- Comment ça se fait que moi et mon ami, on puisse la voir ?

- Elle m'a expliqué que vous avez tous les deux un lien avec elle.

- Quel lien ?

- Ta mère et le père de ton ami étaient ses meilleurs amis. Ils se sont tous séparés à la fin du lycée.

Je suis sous le choc. Comment ? Ma mère était elle au courant de tout ça ? De la mort de son amie ?

- Elle vous as choisis pour l'aider. Elle veut faire payer mon père, dit-il.

- Et... et qu'est-ce qu'on est censés faire ?

- Mon père a toujours son cœur, et, elle dit que si elle le récupère, elle pourra revivre, mais si il le détruit, elle mourra définitivement et je ne pourrais plus la voir.

- Donc on doit...

- Vous devez le récupérer parce qu'elle ne peut pas le faire. Il y a deux endroits ou elle ne peut pas entrer si la porte est fermée, la chambre où elle est morte, et le bureau de mon père où se trouve son cœur.

- On a entièrement fouillé le bureau de Ian, on a pas vraiment trouvé de cœur...

- Il est caché, quelque part. Mais il est là-bas, j'en suis sûr, elle me l'a dit.

- Pourquoi tu ne viendrais pas nous aider demain ?

- Je... je n'ai pas vraiment envie de voir mon père.

- On l'évitera ne t'inquiètes pas pour ça, mais ça te donnera l'occasion de voir Nelson !

- Qui ça ?

Il parut surpris.

- Paul rassure moi, tu es au courant que tu as un frère, non ?

- Mary je...

Je perçois alors un sanglot.

- Tu as un frère, Nelson, c'est le chef du centre...

- Je n'arrive pas à croire que personne ne m'en ait parlé... dit-il.

- Viens demain, tu le rencontreras... Je ne pense pas qu'il soit au courant de ton existence non plus... C'est le centre Gra...

- Grabfield, je sais, c'est mon nom de famille, je te rappelle, me coupe-t-il.

Après un long silence, il déclare :

- Alors à demain, Mary.

- A demain.

Je ne sais plus quoi penser, au départ, Mathilda, n'apparaissait que dans mes cauchemars, ensuite on me demande de l'aide pour récupérer son... son cœur ?

Après un bon repas et une longue explication à Luke, nous décidons tous les deux de se coucher tôt.

Demain va être une longue journée.