Chapitre 12

230 22 7
                                        

Depuis ma petite, insignifiante, minuscule, conversation avec les filles, quelques jours s'étaient écoulés. Nous étions mercredi, et c'était un jour spécial. Toutes les petites filles de huit ans de la région allaient venir, comme tous les ans, travailler, pour leur première fois... Et ça serais leur dernière pendant un long moment ! N'allez pas croire ! Ici, l'éducation se terminait à quinze, seize, ou dix-sept ans, selon le métier que ces petites demoiselles choisissaient de faire. Mais là, c'était un essai; et ce qu'il y avait de plus fabuleux c'est qu'elle allaient toutes, sans exception, voler, grâce à des pointes de biomes. Dans la matinée, une institutrice allait tout leur expliquer, puis les laissera seules, elles et leurs cerveaux.

Quand nous arrivâmes à la place centrale, elle grouillait de monde, en particulier de petites filles, comme vous deviez vous en douter. Et ce n'était qu'après une longue attente pour monter dans l'ascenseur exceptionnel, que nous atteignîmes le sommet de l'Arbre-Ville. Dans la foule, j'en repaira une, petite, blonde aux yeux verts et très mignonne. Sûrement timide, elle se tenait un peu à l'écart, tripotant ses cheveux tressés. Je pris une pointe de biome, un panier et c'était partit. Après une heure, je vis les filles prendre des pointes de biomes à leur tour. Mais aucun accident, elles arrivèrent toutes à s'envoler sans encombre. La matinée passa, et il faisait beau, j'en avais aidé quelques une mais dans l'ensemble, elles se débrouillaient très bien.
À midi, nous descendîmes prendre une bouillie, mais nous nous rendîmes vite compte que toutes les tables étaient pleines. Ne sachant pas où nous mettre, nous nous assîmes à la table de la petite fille, encore un fois, toute seule. Pendant tout le repas, elle évita notre regard, et ne répondis pas à une seule de nos questions, les yeux tristes. Je finis donc par croire qu'elle était muette. Ce n'est qu'au moment où nous nous levons, qu'elle se décida à ouvrir la bouche:
'Je m'appelle Syria, et vous ?
- Je m'appelle Rue.
- Moi c'est Kyla.
- Et moi Alyson,' dit-on en la regardant avec tendresse.
Une fois en haut, nous reprîmes le travail. Aujourd'hui, il faisait beau, et les biomes étaient juste à point. C'était le jour parfait pour apprendre ce travail.

Je n'avais pas beaucoup reparler avec Ashton, car depuis le câlin, j'étais plutôt gênée et je l'évitais. Déjà que je ne savais pas dire si je voulais vraiment commencer une histoire avec lui, deviner son avis à lui était littéralement impossible.
Les filles remontaient, et au fur et mesure que la journée s'écoula, une léger brise se lève. Puis, ce vent se transforma en un paquet de petites bourrasques. Malgré le beau temps, il devenait de plus en plus difficile de travailler, mais chacun le supportait à sa façon, et continuait. Soudain, après une longue demi-heure à travailler dans ses conditions, la force du vent augmenta et un énorme nuage noir commença à approcher à vu d'oeil.
Pour les gens en bas, aucun problème, ce ne serais qu'une pluie comme les autres mais pour les gens ici... Une tempête de la sorte pouvait être incroyablement dangereuse, voir mortelle. Les fées volaient vers l'ascensseur à toute vitesse, bousculant certaine, mais l'engin n'était pas assez rapide, et le nuage se rapprochait, amplifiant le vent. Les petites filles essayaient de ce frayer un chemin à travers les gens, mais personne ne faisait attention, et elles restaient tout derrière, le visage apeuré, pleurant. Toutes pensés négative à l'écart, j'en pris une et bousculant les gens, je réussis à la placer dans l'ascenseur, puis je revins en chercher une autre, et recommença ce manège autant de fois que le temps le permis. Mes muscles me brûlaient et mes jeunes ailes manquaient de me lâcher à chaque moment, mais je résistais, et continuais. Le vent me fit vaciller, mais, encore, j'avançais. Malheureusement, le nuage était bientôt au dessus de notre tête et malgré nos efforts la dizaine de gens qui restait avait beaucoup de mal à ne pas se faire emporter par la tempête. Accrochée à l'ascenseur, et tirée par la vent j'étais la dernière en haut avec Syria, je m'apprêtais à rentrer dans l'ascenseur, quand soudain, il redescendis d'un coup nous laissant en haut. M'accrochant à ce que je pouvais, Syria dans les bras, je cherchais désespérément quelque part ou nous cacher. Et au moment où une bourrasque deux fois plus puissante que les autres arriva droit sur nous, je cacha sous le feuillage, entre les branches épineuses. Et je m'évanouis.

Nouvelle LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant