CHAPITRE UN

1.6K 70 6
                                    

[  PARTIE 1  ]







Hasley-Trouble

Des bruits de sirènes me parviennent jusqu'aux oreilles et m'arrachent péniblement de mon sommeil. Je réalise finalement qu'il s'agit d'une sirène d'un camion de pompiers, reconnaissant le bruit familier étant donné que ma mère est commandante en caserne.

Une frayeur instinctive ne peut s'empêcher de se former dans mon ventre en pensant qu'il pourrait s'agir d'un problème avec quelqu'un de ma famille. C'est forcément près de chez moi puisque je vis dans un quartier tranquille et non près de la route ou autre. Je tâtonne ma table de nuit pour trouver mon téléphone et regarde l'heure, étant un peu chamboulé dans ma nuit ; 3:12. Mais qu'est-ce ce qu'il peut bien se passer à une heure pareille ?

Je sors alors instinctivement de ma chambre puis marche dans le couloir à l'aveuglette, ne prenant même pas le temps d'allumer une lumière. Le fait que tout semble calme dans ma maison me rassure un peu, mais n'enlève pas cette boule de mon ventre.

Au même moment, ma mère sort de sa chambre, ses mains serrant sa sangle de peignoir autour de ses hanches. Nous nous lançons un coup d'œil intrigué avant de descendre les marches de l'escalier ensemble.

Le bruit provenant de l'extérieur ne semble pas s'arrêter et ma mère se dirige vers la petite fenêtre de l'escalier pour observer l'extérieur.

C'est lorsque je vois l'inquiétude se dessiner sur les traits de son visage que je devine que ça doit être important pour elle. Elle ne prend pas la peine de m'informer de quoi que ce soit d'autre et sort de la maison en trombe, laissant la porte ouverte derrière elle. Je lui emboîte rapidement le pas mais papillonne des paupières à cause des gyrophares du camion de pompiers qui se trouvent à quelques mètres devant moi, sur le trottoir d'en face pour être précis. Je me frotte les bras, l'air froid me hérissant les poils, et examine la scène inhabituelle qui se déroule sous mes yeux.

Tous les voisins ont fait comme nous et sont sortis de chez eux, tous en tenue de nuit. C'est alors qu'un brancard sort de la maison d'en face et que cette image me glace le sang. Mon voisin, qui a mon âge, mais dont je ne sais toujours pas le prénom, est allongé, un masque à oxygène au visage et baignant dans ce qui semble être son propre sang. Et il y a trop de sang pour que ça ne soit pas important. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur d'autres détails puisque les deux hommes qui encadrent le blessé le transportent rapidement dans le camion. Quelques instants après, les parents du garçon, et donc mes voisins d'en face, arrivent et échangent quelques brèves paroles avec ma mère avant de rejoindre leur fils à l'arrière du camion. Les portes arrières se ferment et le véhicule rouge part en trombe puis finit par disparaître, laissant le bruit s'estomper et disparaître, lui aussi.

Le silence s'installe de nouveau alors tout le voisinage se met à commérer comme il le fait si bien lorsqu'il se passe quelque chose d'intéressant et d'inhabituel. Ma mère revient vers moi en trottinant, le visage encore plus inquiet que tout à l'heure et clairement bouleversé.

- Éric et Karen ont de graves problèmes avec leurs fils, occupe-toi de tes frères, je file à l'hôpital.

- D'accord. je bafouille, mais ma mère est déjà rentrée dans la maison.

Je crois que je ne prends pas trop conscience des choses et que je suis un peu sous le choc, car, déjà, ma mère ressort et prend sa voiture pour partir. Je regarde alors les autres voisins qui se rassemblent entre eux pour tenter de comprendre ce qui se passe, sans n'avoir aucun élément vraiment concret.

- Éd ? Il se passe quoi ? me demande une petite voix d'enfant encore un peu endormie.

Je me retourne et découvre mes deux petits frères âgés de huit et treize ans, en pyjama et ayant l'air de tout juste sortir du lit. J'endosse alors mon rôle de grand frère et les rassure, même si je ne sais pas non plus ce qui se passe réellement moi-même :

Impuissant✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant