CHAPITRE QUATORZE[PDV Noah, "bonus"]

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À la fin du cours de sport, lorsque nous allons aux vestiaires, Édouard vient vers moi et me complimente :

— Tu progresses vite, c'est dingue !

Je ne sais pas que lui répondre car je sais qu'il le dit simplement pour être sympa et non objectivement alors je lâche simplement :

— Merci.

Je sens une vague de stresse importante m'envahir lorsque je me trouve face à la porte des vestiaires des garçons. La semaine dernière, je m'étais changé dans les toilettes tout comme aujourd'hui puis j'étais rentré en tenue de sport. Je n'avais donc pas besoin de passer par là pourtant je devrais faire l'effort de me changer avec les autres. Ce n'est pas la mer à boire après tout.
Je remarque qu'Édouard me sourit et je me laisse entraîner par ce beau sourire. Je suis complémentent dans ma bulle et n'écoute aucune conversation qui traversent la salle remplit de testostérones. Je suis seulement obnubilé à cacher mon corps au maximum surtout mon torse qui est pire que répugnant. J'ai le sentiment que tous les regards sont braqués sur moi et plus particulièrement sur mon torse. C'est abominable et cette impression ne me quitte pas. Je fonce alors le plus rapidement  une fois que je suis changé.
Je cligne des yeux dehors et me sens en sueurs même si j'essaye de me concentrer sur ma respiration. Il suffit que je touche mon abdomen pour la sentir. C'est bien réel et je sais que je dois accepter ce qu'elle signifie et ce que j'ai vécu. Mais maintenant, à plus de seize heures trente, ça semble trop dur. Je ne peux pas oublier quelque chose qu'on m'a infligé et que j'ai moi-même vécu. Ça reviendrait à m'oublier moi-même et à ne plus être moi sauf que je n'en ai pas le pouvoir. Dieu sait que je le voudrais ; ne plus être moi.

Tout se mélange un peu dans mon cerveau et je ne fais plus du tout attention à ce qui m'entoure, perdu dans mes pensées encombrantes et qui fusionnent dans tous les sens. Je songe à tous ces mauvais sentiments que je me prends en pleine face et repense à tous ces connards d'événements et de moments. Toutes ces choses qui me font sentir comme une merde et la liste est longue. Un sanglot sort de ma bouche et je file aussitôt dans les toilettes me cacher. Je m'effondre alors à l'intérieur d'une cabine et laisse les larmes couler. Petit à petit, je me mets à trembler et à faire plus de bruit de détresse.

Je ne m'en sortirais jamais de toute façon. C'est dit partout et on me le répète sans cesse : du temps, du temps, du temps et encore du temps ! Ils ne comprennent rien. Le temps me tue et me détruit. Chaque jour est une bataille, contre moi-même, contre les autres, contre les souvenirs. Je me rappelle encore de ses mains sur mon corps, de son regard perçant et oppressent, de ses paroles que je sais maintenant fausses et aguicheuses. Je me rappelle de moi, des pleurs, de la peur, de la faiblesse, des sensations, de l'impuissance.

— Noah ? !

Je ne réponds rien et me contente de recourir ma bouche de ma main. Je reconnais la voix de Dan mais je ne souhaite pas le voir ni voir personne d'ailleurs. Je dois être fort et me contenir tout seul au lieu de me comporter comme un gamin pleurnichard.

— Noah, ouvre-moi. Je sais que c'est toi.

Mes sanglots passent à travers mes mains et j'ouvre doucement la porte. Dan me découvre dans un état pitoyable et vient directement me prendre dans ses bras. Je me rappelle quand nous le faisions avant. Je m'en rappelle et ça fait mal. Tellement mal de voir que les gens nous laissent et se délaissent. Mon ancien ami me sort de la cabine et me sert davantage contre lui.

— Ça va aller, Noah.

Bien sûr, c'est ce que vous dites tous et pourtant regardez comment je suis : à encore chialer ! Non, non, non, ça ne va pas, je ne vais pas bien mais ça vous vous en foutez. C'est mieux de prétendre que tout va bien plutôt que d'affronter la réalité.

— C'est peut-être dur maintenant mais ça le sera moins demain.

Je continue de pleurer tandis qu'il essaye de me calmer.

— Tu vas te moucher et après tu vas arrêter de pleurer, OK ? Parce que tout ça, c'est fini et que t'es debout maintenant.

J'ai dû me moucher une dizaine de fois avant que je ne me calme un peu. Je me blottis un peu plus contre Dan et étant donné que je tremble, il vient me passer son sweat. Je me cache dans sa capuche et il me dit :

— Tu serais mieux si nous sortions du lycée.

Qu'est-ce que ça change ? La douleur reste la même où que je sois. Il m'épaule jusqu'à sa voiture et je me laisse complètement faire comme le faible que je suis.

— Je te ramène chez toi ?

L'idée m'angoisse et je me mets à pleurer de plus belle. Dan est désemparé mais démarre tout de même son véhicule. Il me prend la main et me la serre gentiment durant tout le trajet pourtant ça ne m'importe que peu. Je n'arrive pas à arrêter de pleurer et j'ai l'impression de perdre le contrôle de mes émotions comme souvent maintenant. Je suis contrôlé par mes émotions en réalité.

— Noah, murmure doucement mon ancien ami.

— Je suis désolé.

Je lui chuchote d'abord simplement cette phrase avant de la répéter telle une chanson qu'on mettrait en continue. Je ne bouge pas du siège du véhicule et commence à m'agiter, pris de désespoir et entraîné par celui-ci.

— Noah, c'est pas grave, arrête de dire que t'es désolé. T'as rien fait.

Je lui démontre le contraire et lui lance, dans un mélange de cris, de larmes mais aussi de reniflements :

— Mais bien sûr que si j'ai tout fait ! Je ne fais que tout foirer de toute façon. Parfois, on ne peut plus rien faire et j'en suis là. Tu comprends pas que je suis juste un boulet pour vous ? Qu'à part les emmerdes et les problèmes, je ne sers à rien de bien ? Je préfère mourir que dépérir. Tu comprends ? J'en peux plus, ça y' est, j'abandonne. J'en peux plus, j'en peux vraiment plus.

Je me cache de nouveau dans ma capuche comme si le monde ne pourrait plus m'atteindre avec. Cependant, Dan enlève ma capuche puis me saisis les poignets avant que je n'ai le temps de remettre le bout de tissus pour me cacher.

— Dis pas ça, c'est un mauvais moment où mais tu vas t'en sortir. Tu sais très bien qu'on peut s'en sortir. Regarde-moi. T'as vu toutes les merdes qui me sont arrivées ? Et pourtant je vais mieux. Oui, ça prend du temps. Oui, ça fait mal. Mais ça vaut le coup.

— Je sais Dan. Je chuchote, commençant à me calmer. Mais je ne suis pas aussi fort que toi.

— Je ne le pensais pas non plus à l'époque et pourtant j'en suis là. C'est ce que tu penses mais ce n'est pas la réalité. Tu es bien plus fort que tu ne le penses. Tout ira mieux, je te le promets. Ne laisse jute pas tes pensées te contrôler et t'envahir.

Je continue de renifler puis un silence s'abat ce qui accroît ma gêne. Je me remets un peu de ce qu'il vient de se passer et je me sens honteux de mon comportement. Je suis si faible et en plus, je le montre aux autres et à Dan. Ça ne suffit pas que ça m'arrive à la maison, il faut aussi que se soit au lycée face à plein de monde.

— Viens, on rentre.

Nous rentrons dans la maison de Dan et il me propose comme on le faisait avant :

— Chocolat chaud ?

— S'il te plaît, oui.

Je me sens exténué comme une pile usée et m'affale sur le grand divan. J'entends le micro-ondes tourner tandis que je lutte pour ne pas m'endormir. Je ne fais que battre des paupières et lorsque Dan le remarque, il m'encourage à me laisser dormir. Je le sens également me recouvrir d'une couverture et me mettre un coussin sous la tête puis je m'endors, complètement épuisé.

Hey tout le monde ! J'espère que vous allez bien :)
Ceci est un petit bonus avec pour une fois le PDV de Noah. Je suis curieuse de savoir ce que vous pensez de lui :p
Je vais maintenant dans une ferme pendant un mois et j'espère vraiment (vraiment vraiment vraiment😂) que j'aurais Internet.
Je voulais également vous remercier pour vos retours sur le chapitre treize, ça m'a fait très plaisir :") Nous sommes également à 500 vues ! Ça me fait toujours bizarre de revenir à la case des 0 car cette histoire est la troisième que je publie mais il faut bien commencer quelque part ;)
Je vous souhaite un bon week-end et vous embrasse,
L

Impuissant✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant