CHAPITRE VINGT-QUATRE

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- À toute à l'heure.

- Oui, souffle rapidement Noah avant de claquer la portière de voiture.

Je le vois se diriger vers le bâtiment ce qui me fait lâcher un soupire de soulagement. Je n'ai plus qu'à réviser pendant qu'il est chez sa psychiatre. J'ai l'impression que cette thérapie lui fait plus de mal que de bien pour l'instant. Il est souvent très fermé et ne parle que très peu avant et après les entretiens. J'essaye alors de ne pas trop l'embêter mais j'aimerais aussi qu'il me parle un peu plus.
Bref, je tente de me sortir toutes mes inquiétudes de la tête et de me concentrer sur mes cours que j'ai amenés.

Une quarantaine de minutes plus tard, Noah rentre dans le véhicule, s'attache et tourne la tête vers la fenêtre, comme à chaque fois. Je demande toujours pour autant :

- Ça a été ?

Sauf que cette fois-ci, il tourne la tête et je fais face à des yeux rougies et un peu bouffis. Il a pleuré. Il tourne ensuite de nouveau sa tête et ne m'adresse plus un seul mot. Je lui saisis alors simplement la main et la lui serre légèrement tandis qu'il me la serre fortement. Le voyage jusqu'à chez nous est pesant mais je n'en dis rien. Nous entrons dans notre appartement dans un silence pesant et Noah disparaît directement à la chambre sans même se soucier de son chien, chose qu'il aurait habituellement faite.

Lorsque Moon se met à gratter à la porte de notre chambre, je décide d'ouvrir à la petite bête et d'entrer à mon tour. J'y découvre alors Noah assis sur le lit, un air complètement absent au visage. Cependant, il lâche quelques mots :

- J'ai été violé.

Ses mots ont l'effet d'un coup de poignard dans mon ventre et je reste stoïque, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. Ce manque de réaction physique a pourtant tout d'opposé avec tout ce que je ressens mentalement. Je n'y comprends d'ailleurs pas grand chose de ce que je ressens car il y a trop d'émotions, de sentiments qui m'engouffrent et se mélangent en moi dans un même instant.

C'était pourtant au dessus de nous depuis notre rencontre mais nous n'avions jamais mis les mots exacts dessus. Un viol. Je n'arrive toujours à rien faire et Noah répète un peu plus fort :

- J'ai été violé, j'ai été violé plusieurs fois.

Des viols.

Un silence irrespirable accable la pièce et je me sens toujours aussi incapable d'agir. Aussi incapable que lorsqu'on sait que la personne qu'on aime a été violée et qu'on ne peut rien y changer.

Et sans que je m'y attende, Noah explose en larmes. Si subitement que lorsque je le comprends vraiment, il tremble également et cache son visage de ses mains. Ça me rappelle tellement les premières fois où je l'ai vu, il y a un an lors de son hospitalisation. Je me dirige directement vers lui et me place au sol, entre ses jambes. Noah vient se glisser à mes côtés et on se serre fort, trop fort même, dans les bras de l'autre. Mes sentiments sont tellement forts que les larmes me montent aux yeux, à moi, Édouard Abels.

- Owen m'a violé.

Je sers d'autant plus mon petit ami dans mes bras tandis qu'il pousse des petits cris de détresse. Et, à ce moment là, je me sens si impuissant face à la personne que j'aime que c'en est complètement insupportable. Je dois faire quelque chose. Je dois faire quelque chose mais je ne peux pas et ne peux plus rien faire.

Noah continue de trembler dans mes bras et d'être bien trop crispé. Il commence même à se livrer comme il ne l'a jamais fait sur l'été d'il y a un an et ça me tue un peu plus encore :

- J'aurais dû parler bien avant. Quel con, je fais. J'aurais dû en parler la première fois qu'il a abusé de moi.

- C'est lui le coupable, pas toi. J'arrive enfin à articuler bien que la gorge douloureusement serrée.

Impuissant✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant