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Il faisait froid. Tellement froid. Je sentais une bise glacée qui s'écrasait sur mon visage. La paralysie de chacun de mes membres m'empêchait de les sentir bouger et j'avançais non sans mal, essayant de me concentrer sur ce pourquoi j'étais là. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà et le ciel gris brumeux avait laissé place à une atmosphère plus lugubre. Les bruits de la ville se résumaient maintenant à des klaxons peu fréquents et au son bruyant des moteurs de voitures. J'avais toujours aimé me promener en ville le soir, pour réfléchir et m'évader sans avoir le besoin de me justifier... Mais cette nuit était différente. Certaines personnes appelleront ça un pressentiment, moi je dirais plutôt que cette « ambiance » ne se prêtait pas à une ballade solitaire ce soir-là. Je continuais à avancer lentement et me dirigeais vers une allée un peu sombre, sans vraiment réfléchir à ce que je faisais. Le regard fixé sur le sol, je me sentis bousculée et perdis légèrement l'équilibre avant de me retourner vers mon interlocuteur. Il me fixa puis bafouilla :

-Ah j'tavais pas vu...

Je compris qu'il était saoul. Il avait du mal à se tenir droit et sentait l'alcool à plein nez. Derrière lui se tenaient deux grands gaillards, sûrement ivres eux aussi.

-Ce n'est rien, bonne soirée.

Quelle cruche. Ce gars venait de me rentrer dedans et n'avait même pas la décence de s'excuser et c'est moi qui le faisait à sa place. C'est vraiment dans ces moments que je me dis qu'à être trop polie, on en devient idiote. Soudain je sentis une force me retenir le bras droit et me retournais brusquement.

-Attends pars pas si vite, dit-il en souriant, t'es vachement mignonne. Ça te dirait de venir avec nous prendre un verre ?

-Non merci mais je suis pressée, rétorquais-je en essayant de me libérer de l'emprise de mon interlocuteur.

-Allez fais pas la coincée, insista-t-il.

Je sentais les battements de mon cœur s'accélérer et essayais de garder mon calme sans céder à la panique. Je n'arrivais pas à me détacher de sa main. Il faut dire qu'il avait une sacrée poigne. J'essayais tant bien que mal sous les ricanements de ses acolytes. Un sourire narquois s'était maintenant dressé sur son visage.

-Mais c'est qu'elle est coriace la petite, me dit-il en rigolant.

-S'il vous plaît... sanglotais-je timidement.

Je me détestais. Ma timidité prenait une ampleur considérable d'années en années et aujourd'hui elle m'empêchait même d'agir pour ma propre survie. Ces gars-là avaient tout sauf des pensées saines, ce n'était pas dur à deviner. L'étreinte de celui qui me tenait le bras grandissait de plus en plus et je le sentais s'approcher dangereusement de moi. Son odeur me dégoutait. Ils me répugnaient tous à agir comme des chiens en rute. Il me prit par la taille et me colla violement sur le mur, sous les encouragements des 2 spectateurs qui l'accompagnaient. J'eux l'impression que tout allait se terminer là et me voyait déjà en une des journaux : « Jeune étudiante de 20 ans retrouvée morte dans une ruelle sombre du 19 arrondissement ». J'aurais au moins attiré l'attention une fois dans ma vie.

Je me débattais de plus en plus, avec hargne et tentais un appel au secours.

-Hé ça sert à rien chérie y a jamais personne à cette heure.

Je ne voulais pas l'admettre mais il avait raison. Et puis même si un passant eu daigné pointer le bout de son nez, aucun n'aurait été assez fou pour se mesurer à un type aussi massif que mon agresseur. Il arracha brutalement ma chemise sous les ricanements incessants. Une larme coula sur ma joue brûlante. Je continuais désespérément à me débattre, tout en sachant que c'était inutile, puis finis par abandonner mes efforts. Ces deux amis le comprirent et bondirent sur moi pour mieux me maintenir immobile. J'avais envie de mourir. Mourir maintenant d'une crise cardiaque, avant qu'ils n'aient eu le temps de me toucher. Mais c'était trop tard. Je sentis ses main gelées se déposaient sur mon corps et assistait à cette scène, totalement impuissante.

Quirk of Fate (avec Kev Adams)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant