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Je le suivis jusqu'à sa voiture où j'entrais sans aucune hésitation, et il fit de même avant de démarrer l'engin. Le silence régnait maintenant à l'intérieur, interrompt seulement par le bruit du moteur et la pluie qui venait s'écraser sur le pare-brise. Je n'osais pas trop lui parler, je ne sais pourquoi. Peut-être parce que j'appréhendais les événements qui allaient suivre. C'est vrai que j'avais eu tendance à perdre totalement le contrôle en sa présence... Mais ce qui me faisait le plus peur, c'est que c'est ce que je voulais faire... C'est peut-être la seule chose que j'appréciais vraiment chez lui, le fait qu'il chamboule mon quotidien pesant. Le fait qu'il puisse me faire perdre la raison pendant quelques secondes. Je ne voulais pas me poser de questions, et sa présence me pousser à ne plus le faire. Vraiment. Ne plus me prendre la tête.

-T'es drôlement silencieuse.

-C'est peut-être parce que j'ai pas grand-chose à dire.

-Je vois.

Il fixait la route concentré, mais les yeux fatigués. Il paraissait fermé avec moi. J'aurais eu tendance à penser que la présence d'un humoriste était une des situations les plus drôles. Mais non. Pas avec lui.

-T'as l'air fatigué.

-Crois pas que la vie de stars c'est toujours évident.

-J'ai jamais dit ça.

-C'est épuisant les tournées, la promo, la pression des médias.

-C'est sûr que je peux pas comprendre mais je t'admire.

-Pourquoi ?

-Je supporterais pas la notoriété. Le fait d'avoir une sorte de devoir vis-à-vis de ses fans.

-Bah disons que ça fait partie du pack « Célébrité ». C'est tout ou rien, j'suis obligé d'accepter les avantages comme les inconvénients.

-Tes fans sont des inconvénients ?

-Pas du tout. C'est même eux ma source principale de bonheur quand ça va mal.

-Ouais, ça à l'air incroyable quand on y pense.

-Et ça l'est.

Il tourna la tête un instant et me sourit. Un sourire qui me parut sincère sur le coup.

-C'est là.

Il braqua avec sa voiture et se gara en face d'un petit immeuble. Je ne distinguais pas trop l'endroit dans la pénombre mais me contenta de le suivre. L'ascenseur s'ouvrit et j'entrais, lui sur mes talons. Je ne sais pas pourquoi, mais je me repassais subitement toutes les scènes de films romantiques dans les ascenseurs. Pas plus embarrassant. Mais mon cerveau avait décidé de se  la jouer chiant ce soir-là, clairement.

-J'pense à de ces trucs quand je suis avec toi.

-Qu...

-Nan rien. On est arrivé, c'est au troisième.

Je fis mine de n'avoir entendu. La porte coulissante s'ouvrit et nous nous engouffrâmes dans le couloir sombre. J'essayais tant bien que mal de le suivre, sans me vautrer par terre, et nous arrivâmes finalement à son appartement. Plutôt clean je dois l'admettre. Il ressemblait à l'une de ces expos que l'on voit dans les magazines Ikéa.

Il entra se dirigea immédiatement vers la pièce centrale, où il s'affala sur le canapé. Je ne savais vraiment pas où me mettre et sentais mes joues bouillir. J'étais trop gênée. Mais vraiment trop. Et puis il était tard, je ne savais même pas comment rentrer, et puis il était là. Et je régissais comme une ado timide à la con. Mais hors de question d'être coincée cette fois.

Quirk of Fate (avec Kev Adams)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant