Quirk of Fate (avec Kev Adams)

9.

C'était enfin les vacances. Après 6 semaines de cours intensifs à la fac, j'étais enfin en repos. Et bien décidée à me mettre hors service pendant au moins 3 jours. De toutes manières mes vacances n'étaient jamais bien remplies : les Fast Food, les cinés de temps en temps... Et surtout, les têtes à têtes avec mon cher matelas. J'étais d'une telle fainéantise. Je m'en dégoutais presque parfois. Mais bon, comme on dit, chasse le naturel, il revient au galop.

-Coucou mon amouuur !

Jenna était entrée dans la chambre. Et je savais que je n'échapperais à l'interrogatoire auquel j'avais droit à chaque fois que j'étais en bad. J'étais persuadée qu'elle serait le genre de maman à consigner sa fille si elle décide de ne pas lui raconter tous les détails les plus intimes de sa vie. Malgré ça je ne pouvais pas me plaindre de cet aspect de Jenna : c'était principalement ce qui faisait d'elle une amie incroyable. Je ne lui dirais jamais ça en face, ça lui donnerait trop de confiance. Mais je savais qu'elle connaissait parfaitement la nature de mes sentiments pour elle.

-Hey... répondis-je à moitié endormie.

-Ça va, bien dormie ?

-Ouais génial.

Totalement faux. J'avais dû dormir 3 heures cette nuit, et encore c'était optimiste.

-Parfait ! Parce que j'ai un petit quelque chose prévue pour toi...

-Oh s'te plaît j'ai tellement la flemme là...

-Mais t'as la flemme toute ta vie de toute façon. Bref, j'ai eu l'idée du siècle !

-Qui est ?

-On va faire une teuf !

-Euh c'est pas du tout l'idée du siècle.

-Mais siii ! Mais j'te parle pas juste d'une petite soirée hein, j'te parle de louer un gîte, d'inviter plein de monde et tout !

-Hors de question.

-Mais pourquoi ???

-Bon, pour faire simple : t'es au chômage, moi je bosse seulement à mi-temps dans une pizzeria qui me paye des cacahuètes. Donc pas de sous. Et te connaissant, ça va être alcool et joints à gogo avec la moitié du monde qu'on ne connaît pas.

-Mais de l'oseille j'en ai j'ai reçu mes sous la semaine dernière ! Et pi pour la fête ça va on est jeûne, c'est pas à 50 ballets qu'on va se mettre à organiser des trucs comme ça. Et c'est aussi pour toi que je fais ça !

-Ah bon et dans quel but exactement ?

-Que tu te changes les idées et que tu profites bordel ! Regarde tu fais tout le temps la même chose, alors change un peu. Mais merde t'as 20 ans, t'auras le temps de t'ennuyer plus tard.

Elle avait raison sur toute la ligne. Il fallait que j'arrête de penser comme une vieille toute ma vie. Et puis ça m'éviterait de penser à lui. 3 semaines et on ne s'était pas recontactés. Mais vraiment pas du tout. Je ne sais pas pourquoi mon esprit n'arrivait pas à se détacher de son visage. J'y pensais constamment, c'était presque psychotique. Je devais me changer les idées.

-C'est d'accord.

-Pardon ??

-Oui mais à une condition : je connais toutes les personnes que t'invite et pour les frais je m'occupe juste de la bouffe, ok ?

-C'est d'acc je t'aime toiii !

Et cette hypocrite se jeta dans mes bras. Quelle fourbe celle-là.

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Jenna avait été excitée toute la semaine en vue de la « soirée de malade » qui allait « déchirer sa mère » et dont « tout le monde allait se rappeler ». Bon, évidemment, elle n'avait respecté aucunes des conditions que j'avais posé. Et le stock d'alcool qu'elle avait acheté aurait largement pu rincer toutes boîtes de France. A présent, nous étions dans un immense chalet, perdu je ne sais où dans la campagne, à remplir des bols de chips goût paprika. Et je ne sais pas pourquoi, j'avais une énorme boule au ventre qui ne partait pas.