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Ça y est, c'était aujourd'hui. Je ne réalisais pas vraiment que l'endroit où je me trouvais avait accueilli des centaines de milliers de criminels. Violeurs, psychopathes, pédophiles, tueurs en série... Et j'allais maintenant défendre un innocent risquant de se faire condamner pour avoir empêché un de ces connards d'agir.... Le monde virait vraiment au chaos.

-Bien, mesdames et messieurs veuillez-vous asseoir. Je vais à présent vous demander votre attention.

Le silence se fit dans la grande salle. Le juge continua :

-Vous avez aujourd'hui été convoqués pour agir en tant que jury populaire dans le cadre d'une affaire d'agression, survenue dans la nuit du 22 octobre 2015, rue de Botzaris dans le 19e arrondissement de Paris.

Il était assis. Là. Juste devant moi. Il n'avait pas l'air grandement affolé, presque indifférent à la situation qui se déroulait devant lui. Indifférent ou préoccupé par autre chose. J'aurais donné n'importe quoi pour savoir ce qu'il avait dans la tête à ce moment-là. Cette concentration et cette expression sérieuse.... Pouvoir lire en lui. C'est ce que je voulais maintenant. Réussir à déchiffrer chacun de ses gestes, même les plus minimes. Ce n'était que pure curiosité, évidemment. J'en étais sure. Il ne m'intéressait pas le moins du monde. Juste son esprit. Ce qui cogitait sous cette énorme touffe bouclée.

-Mademoiselle Anaïs Pointeaux a accepté aujourd'hui de comparaître devant la cour en tant que témoin de la scène, mais aussi en tant qu'actrice ayant un rôle majeur dans cette affaire.

Les paroles de l'avocat me firent sortir de mes songes. Je me tournais vers lui et fis semblant de m'être intéressée à l'audience. Ce qui était totalement faux bien sûr.

-Très bien, dis le juge après s'être raclé la gorge. La parole est donc à Maître Grégon et au témoin de la défense.

-Merci votre honneur. Donc, poursuivit Maître Grégon, mademoiselle Pointeaux, est-il vrai que durant la nuit du 22 octobre de cette année, vous arpentiez les rues du 19e arrondissement de Paris ?

-Oui, c'est vrai.

-Etiez-vous accompagné ce soir-là ?

-Non j'étais seule.

-Bien et aviez-vous consommé de l'alcool ou diverses substances illicites ?

-Non pas du tout..., dis-je en bégayant un peu gênée par sa question.

-Objection votre honneur ! lança l'avocate de l'accusation. Les questions de la défense s'avèrent être vagues et non confirmables, du fait de la présence d'un seul témoin !

-Objection retenue. Maître Grégon soyez plus précis quant à la façon de formuler vos questions.

-Pardonnez-moi. Mademoiselle Pointeaux, n'est-il pas vrai que, ce même soir, 3 hommes d'une vingtaine d'années vous ont abordé ?

-Oui et ils sentaient fortement l'alcool.

-Vous ont-ils touché, bousculé... ?

-L'un d'entre eux s'est approché de moi et, voyant que je refusais ses avances, il est devenu violent et m'a brutalisé physiquement....

-Et pouvez-vous nous décrire précisément les gestes de votre agresseur ?

J'inspirais profondément et essayais de retracer la scène qui avait eu lieu.

-Il... Il a commencé à me toucher le haut du corps et...

-Objection votre honneur, me coupa une deuxième fois l'avocate, la défense n'est encore une fois pas précise dans la description des évènements.

Quirk of Fate (avec Kev Adams)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant