Quirk of Fate (avec Kev Adams)

15.

J'acquiesçais de façon positive ne quittant pas son visage du regard, mes mains toujours posées sur son dos.

Je pense que c'est à ce moment précis où j'ai réellement perdu le contrôle. Et où je suis devenue quelqu'un d'autre. Cette personne faible capable d'être dépendante de quelqu'un. Où les événements, tout aussi bizarres et imprévisibles soient-ils de ma vie se sont enchaînés, à une vitesse presque troublante. C'est le jour où je me suis ouverte à lui, où je lui ai donné cette autorisation à disposer de moi comme il l'entendait, et plus ou moins contre ma volonté. En position de faiblesse une fois de plus, je fixais ses grands yeux verts qui me transperçaient littéralement. Au-delà d'un sentiment amoureux, une véritable passion s'était installée entre nous deux ce soir-là. C'est d'ailleurs la seule chose dont je suis sûre à présent. Sans m'attendre à ce qui allait suivre, qui est parfois la motivation de mes regrets, j'avais accepté d'être à lui sans vraiment l'être. Enfin, c'est ce que j'avais cru comprendre.

-Je peux te demander un truc ? dis-je timidement.

-Vas-y.

-Qu'est-ce que tu veux que je sois ?

-Ma psy, ma meilleure amie, ma confidente...

Je pus distinguer un léger sourire narquois, presque malveillant se dresser sur son visage avant qu'il ne se redresse. Laissez aller les choses. C'est ce que je voulais faire, sans savoir comment m'y prendre. Ma conscience me dictait une toute autre conduite à adopter, de tous points de vus plus raisonnable, mais je persistais à m'opposer à celle-ci. Je me relevais pour lui faire face, ne sachant pas à quels gestes me livrer puis pris place à côté de lui, tandis qu'il me tenait toujours par la taille.

-Et c'est quel statut, concrètement ? poursuivais-je hésitante.

-Amis. Avec avantages.

Avant que je n'aie le temps de manifester une quelconque émotion ou expression, il colla ses lèvres brûlantes contre les miennes. Baiser que je prolongeais et plaçant mes mains sur sa nuque. La douleur au bas du ventre que j'avais pris l'habitude de ressentir à chaque fois qu'il déposait ses mains sur moi s'accentua lorsqu'il les passa sous le large t-shirt que je portais. Il caressa tendrement mon dos avant de descendre un peu plus bas, ce geste provoquant une vague de frissons qui me parcourut. Il se détacha soudainement de moi et se releva, sous mon regard étonné. Il me tendit ensuite la main, me faisant signe de faire de même et m'emmena dans une pièce située au fond du couloir, que je supposais être sa chambre. Elle était assez petite, seulement meublée d'un lit et de deux commodes, l'une en face de son lit et l'autre avoisinant la porte d'entrée. Elle donnait accès à un petit balcon, où l'on distinguait la ville de Paris enluminée. Je restais inerte au pas de la porte, avant qu'il ne m'attire contre lui, m'incitant à me mettre assise sur lui, après avoir pris place sur son lit. Il entreprit des caresses, allant et venant sur l'intérieur de ma cuisse sans me lâcher des yeux. Ces gestes pouvant passer pour anodin éveillaient en moi des pulsions inconnues. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je n'avais jamais eu aucunes expériences auparavant, même pas amoureuses. J'avais décidé de conserver ma « pureté », ce qui était l'une de mes plus grandes fiertés. Et je mettais très vite en place une limite à ne pas franchir aux hommes qui tentaient une approche. Avec lui, et c'est sans aucun doute un cliché involontaire du coup de foudre, je m'étais laissée faire. La célébrité, ou son charisme et son arrogance mal placée y étaient peut-être pour quelque chose. J'éprouvais un désir que je n'arrivais pas à dissimuler, et qui s'emparait de moi. Et là, je pouvais dire qu'il était à son comble.

-T'as déjà eu quelqu'un dans ta vie ? me demanda-t-il comme s'il lisait dans mes pensées.

Je fis non de la tête, et je ne sais pourquoi, ma réponse lui valut un énième sourire satisfait et un petit rire moqueur presque inaudible.