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− Alsa, c'est toi ?

Je réponds oui à ma mère et enlève mes baskets pour les ranger dans l'armoire à chaussures. J'accroche ma veste et mon écharpe, pose mon sac dans ma chambre et m'affale sur mon lit. Carla et moi avons vus deux films, parlés, puis vers sept heures quand sa mère est rentrée je suis partie. De chez elle à chez moi, il n'y a que deux minutes, vu que nous vivons en face, ce qui fait que je n'ai jamais à m'inquiéter de partir trop tard. C'est un avantage, je constate en souriant. Je tourne la tête vers mon bureau en bois foncé et observe le DVD que je dois rendre à Juliette.

   Ma chambre est composée d'une étagère, remplie de DVD et de cahiers, de livres. Chaque film que je regarde et chaque livre que je lis, depuis mes onze ans, j'inscris une appréciation, une critique, mon point de vue dessus. C'est assez cultivant, je trouve, et puis ça développe parfaitement mon avis entre la réalité et la fiction. Je dois avoir énormément de cahiers, c'est vrai, et de DVD, de livres, mais j'en regarde aussi en streaming, quand je ne trouve pas le DVD.

Ma mère a trouvé mon attitude étrange au départ, puis elle s'est fait une raison ; je n'étais pas dérangée comme le répétait ma sœur, je devenais mature à ma manière, je m'exprimais en écriture. Elle l'a constaté en lisant un jour mon tout premier cahier dont j'avais interdit tout accès. Je n'ai pas besoin de le dire, je me suis mise dans une de ces colères contre ma mère. Je lui en voulais d'avoir violé mon intimité. J'étais aussi gênée, de sa réaction et de ce qu'elle pourrait penser de moi. Que j'étais folle, que j'avais un problème. Mais, le soir même, après que j'aie boudé toute la journée, que je ne lui aie adressée la parole, elle s'est approchée de moi et m'a dit qu'elle aimait ma façon d'écrire. Elle trouvait créatif, ma manière d'écrire mon avis sur ce que je lisais et voyais. Elle m'a conseillé de continuer, que mon esprit se développerait de mieux en mieux, qu'elle me soutenait et s'est également excusée de sa première réaction, de ne pas avoir cherché à comprendre en quoi consistait mon écriture. Ça m'a fait plaisir, et je lui ai pardonné. Depuis ce jour-là, je suis son conseil et n'oublie pas un seul livre ou film. Je ne sais même plus combien de cahier j'ai. J'ai arrêté de compter au trentième. Ils sont tous empilés dans l'ordre. Un jour, je devrais les numéroter, ça me faciliterais franchement la tâche. Quant aux DVD et aux livres, ils sont dans l'ordre alphabétique, prenant quatre étages, un par-dessus l'autre.

À côté de cette grande étagère, mon lit se trouve contre le mur, dans un coin. J'ai des tableaux et des dessins accrochés, et une photo. Une photo de mes neuf ans, c'était un Noël neigeux, tout était blanc. J'étais dans les bras de mon père, en riant alors que la neige tombait, et je sortais la langue pour attraper les flocons. Ce moment figé en photo reste le meilleur de tous en compagnie de mon père. Mon bureau est à l'autre bout de la pièce, contre la fenêtre, ce qui fait que je dispose de la lumière du jour. Puis viennent mon armoire et des tiroirs ou je range mes produits cosmétiques, etc. Je ne suis pas le genre de fille à avoir énormément de vêtement, contrairement à Carla avec ses couleurs, moi je n'ai que la moitié de ce qu'elle a, si ce n'est moins, mais je préfère garder mon argent pour les livres et les films, ou bien deux trois produits de temps en temps.

Ça, Carla l'a comprit assez vite. Elle m'offre depuis de temps à autre un film, ou me prête le DVD de son nouveau « coup de cœur ». Pour mon anniversaire, l'année passée, (je suis née le 21 juillet), elle m'a offert une collection de livres, et un cahier tout spécial, avec toutes les couleurs qu'elle porte le plus et un texte de sa part, pour que je puisse penser à elle en écrivant mes avis, et les pages sont d'un jaune, comme les vieux manuscrits, ce que je trouve qui donne un style meilleur, et petit plus comme elle le dirait, il est bien épais, comme les dictionnaires, il faut dire. Il doit comporter trois cent pages, et oui, j'en suis toujours à le noircir. C'est la première fois qu'un cahier me prend plus de huit mois.

Contr-adictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant