- Hé attends, je veux prendre des pop-corn ! Faut le nourrir, celui-là.
Paul lève les sourcils l'air très sérieux en désignant son ventre et je ne peux garder le mien en le voyant alors j'éclate de rire. Il mime un air faussement surpris puis esquisse un grand sourire heureux. Je lui donne un coup de coude, connaissant le ventre sur pattes qu'il est. Il dévore littéralement la nourriture quand il est affamé, et ça me fait toujours rire. Et lui proteste mais je l'ignore, parce que lui se dérange pas de se foutre de moi quand je fais quelque chose de drôle.
- On partage un grand ? propose-t-il en désignant l'image où étaient affichés les prix.
Je suis son regard des yeux et hoche de la tête. Un sourire étiré aux lèvres, il me dit d'attendre et il va faire la queue. Je me tords de rire quand je le vois effectuer de grands gestes devant la caissière qui le regarde avec les yeux écarquillés. Il forme un grand rectangle invisible devant lui et fais comme s'il y jetais des pop corn puis montre son ventre, en le ballonnant exprès. Cinq minutes plus tard, il revient, lui et son grand bac de pop-corn salés. Je jette un coup d'œil pour vérifier la salle et on entre dans la salle 5. Paul s'empresse d'aller s'asseoir au fond afin d'avoir un meilleur angle. Je le suis et m'assieds à côté.
- Ça fait longtemps que j'attendais de voir ce film, avoue-t-il.
- Moi aussi, mais il est triste. Je me demande pourquoi tu l'as choisi, pleurer, c'est pas toi.
Je réfléchit un moment à ça pendant que Paul me lance un clin d'œil et annonce :
- Tu peux pleurer sur mon épaule, petite sensible.
Je me positionne sur mon siège, dos au dossier et les jambes repliées, de façon à le voir face à moi, lui adressant un air moqueur. Je sais qu'il est sincère et je sais aussi que je risque de le faire, mais je ne le dis pas. Je me contente de lui répondre :
- J'ai des mouchoirs avec moi ça va aller, petit rejeté. J'y pense en fait, je ne t'ai jamais vu pleurer, tu n'as pas peur que ce film puisse te sensibiliser ?
Il attrape mon poignet de sa main et me pince gentiment les joues, comme on le ferait à un enfant et fais une grimace. Je m'esclaffe en m'écartant.
- Pour un film triste avec toi ça va. N'espère pas trop, je te sers déjà d'épaule à pleurer pour tes problèmes. Et puis, pour le voir pleurer, faut être ma maman.
J'ouvre grands les yeux, faussement surprise et passe ma main sur mon front. D'un geste rapide, je me penche vers lui et le chatouille à l'épaule, son point faible. Ne vous posez pas de questions, je trouve ça assez bizarre toute seule.
- Hé, tu n'as pas le droit, je ne pleure pas si facilement ! Et je te signale que je suis là aussi pour tes problèmes, monsieur le largué.
- Oh, ça change, des fois c'est moi qui les quitte, proteste-t-il en souriant.
- Oui c'est ça et après tu viens me voir et me dire que tu te sens mal pour elles... Pauvre Paul...
- Arrête Alsa, je vais pleurer ! bougonne-t-il en clignant des yeux.
- Oh, bien va voir ta maman pour y pleurer.
On se regarde sans rien dire durant une fraction de secondes, un large sourire étiré aux lèvres, les yeux brillants, puis on ricane en se moquant de l'autre. Je m'arrête net de rigoler quand je vois l'image à l'écran changer et bouger. Paul fais de même et les lumières s'éteignent une à une. Mes yeux portent leur attention au film et la séance commence, précédée des publicités.

VOUS LISEZ
Contr-adiction
Ficção Adolescente#EXTRAIT " − De toute manière tu ne crois en rien Alsa. − Pas en rien. Mais à l'amour véritable qui te fait perdre la tête. C'est de la comédie. Les gens veulent juste pimenter leur couple en simulant une folie dûe à l'amour. Au fond, peut-être que...