Il pleut, on est vendredi. Est-ce que ce jour est le meilleur? Peut-être bien. Ou peut-être pas. Aujourd'hui je ne travaille pas, je ne vais pas à mes cours non plus. Je reste donc chez moi à écrire et à faire mes devoirs. Que c'est palpitant. Je n'attends que l'horloge sonne dix-sept heures pour partir et prendre le bus. Pas le métro, pas de taxis. J'ai une carte de bus.
Mes vêtements trempés par la petite averse, je me tiens devant le hangar mitteux. Je cogne à la porte mais aucune réponse. Je cogne à nouveau, rien. Je cogne encore rien. J'entends, entre. Donc, j'entre, de toute manière il est sûrement trop occupé à autre chose. Le même décor que la semaine dernière. Désordre, néons verts, sol humide par l'eau. Tellement c'est inhabitable que ça devient habitable. Je dépose mon manteau sur le siège fait de faux cuir et entends des hurlements d'une pièce. La seule pièce qui contient la lumière blanche. De la vraie lumière.
Évidemment, Baekhyun devant sa fleur.
-"Pourquoi tu n'arrêtes pas de fané?! Je te donne de l'eau pourtant."
-"Peut-être si tu l'as mettrais au soleil elle restera ainsi." Il se retourne, choqué et surpris de ma présence, puis reprend son air passif. ''Elle restera colorée.''
-"Es-tu fleuriste? Non."
-"Je ne connais pas grand mais j'en sais déjà la base." Je m'approche de lui, d'un pas plus ou moins lent. ''Je ne suis pas si conne, tu sais.''
Il couvre les fleurs d'un drap noir et m'examine, du bout de ma tête mouillée par la pluie à mes orteils trempée par les flaques d'eau.
-"Il pleut ou tu as pris une douche avec tes vêtements?" Il m'enrobe d'une serviette. Une serviette blanche. Je lui réponds qu'il pleut et il a dérobé ma main au même moment. Elle était froide et il l'a remarqué.
Je le dévisage à cause de son geste inattendu. Il me dit de rester là et de ne rien toucher tandis qu'il part de la pièce. Pourquoi me fait-il attendre? Je veux juste partir d'ici avec un sourire temporaire, peut-on juste baisé?
Je le vois revenir, deux tasses dans une main et une cafetière à moitié rempli dans l'autre. Du café? Il est sérieux?
-''Réchauffe-toi.''
-''Pourquoi?''
-''Car tu vas tomber malade et je ne veux pas tomber malade.'' Il sort de nulle part une table de chevet parfaite pour balancer au poubelle et deux tabourets. Il m'offre, je veux dire, il m'oblige de m'assoir sur un des deux sièges. C'est ce que je fais et il tend la tasse de café rempli au rebord.J'en prends une gorgée, son café goute l'eau. Il s'assit et se prend une gorgée aussi. J'y aperçois le dégoût masqué par son visage passif. D'après moi, il ne sait pas faire de café.
-''Il est dégueulasse.'' Murmure-t-il, assez fort pour que je puisse l'entendre. ''Si tu te poses la question, ce n'est pas moi qui ai fait ça. C'est Jongin.''
Jongin, mon client. Je regarde dans le couloir, droite, gauche. Est-il là?
-''Il n'est pas là, Alaska.'' Dit-il, avec un soupçon de désespérassions. ''Il est parti pour je ne sais plus où.''
Je souffle un petit 'ah' rassuré puis réchauffe mes mains avec la tasse d'eau brune. Baekhyun le boit malgré le goût, peut-être pour ne pas gaspiller, mais il le boit. Personne ne parle, ni lui, ni moi. Je regarde aux alentours. Les fleurs, les pots, l'unique matelas. Mes yeux escalades les quatre murs qui nous entourent. Les lumières sont si sombres mais si brillantes.
Quand mon regard retourne sur celui-ci, il me dévisage. Mon café refroidit, mon regard refroidit. Ses yeux sont noirs de mystère.
-''J'ai quelque chose sur le visage?''
Il se lève et prend la serviette sur mes épaules. ''Tu as fini ton café?''
Je lui rends ma tasse tiède et me lève du tabouret en bois. Sur son visage je peux y lire un peu de regret quand je lui rends mon eau brunâtre. Comme s'il était déçu presque dégoûté que je ne l'aille pas bu. Il vide ma tasse dans la cafetière et jette celle-ci dans le couloir. Comme si c'était une poupée de chiffons.
Mes pieds se dirigent vers le matelas, mes pas sur lourds.
Baekhyun embrasse mon cou, y dépose des hickeys, descend chaque bretelle de ma brassière noire pour finalement l'enlever complètement d'un geste vif. Son et mon chandail tombent sur le sol, pantalons ainsi que sous-vêtements. Ah, que je suis contente. Chaque toucher, chaque baisé me rendent toute chose. Un sentiment, si... Magique. Oui, magique est le bon terme. Je ne pourrais pas dire le contraire.
[...]
Le ciel est toujours noirs, étoilées par la petite ours et la grande ours. Je suis sortie dehors, mon manteau sur les épaules. Il ne pleut plus et la neige est devenue une sorte de neige grise mouillée. L'air est froid, glaciale, presque consolatif. La fumée qui sort de ma bouche est toxique. C'est ma deuxième en dix minutes qui me sont jumelles à une heure.
La lune est ronde. Les étoiles sont illuminées. Elles ne se sont pas éteintes, finalement.
'Je décrocherais la lune pour toi' Avait-il dit.
Je ris, à quel point j'ai été stupide, et écrase ma cigarette pour rentrer à l'intérieur pour finir ma nuit.
[...]
-''Et après je lui reprends le livre.'' Dis Émilie, sirotant son café.
Je ris de son anecdote ayant lieu au travail et profite du moment. L'odeur sucré des gateaux et l'odeur salé des sandwichs sorties du four. Juste moi et elle, dans un café, dégustant nos cafés. Cela faisait un siècle que je n'avais pas passer du temps avec celle-ci, excepté les heures à la librairie. Cela me fais du bien de lui parler ,passer du temps qu'avec elle.
-''Dis, Alaska.'' Dit-elle, reposant sa tasse sur la table. ''Qu'est-ce que je devrais offrir à Chanyeol pour notre anniversaire de un an?''
J'hausse les épaules avant de dire : Je ne sais pas. Je ne connais pas bien Chanyeol et je ne connais pas d'avantages ses goûts. Je propose diverses idées, mais elles ne sont pas superbes. Je n'ose même pas les cités, d'ailleurs.
-"Tu avais offert quoi à Kyungsoo?"
-"Je crois que je lui avais offert des fleurs et du chocolat. Je ne suis pas bonne pour les cadeaux." Ai-je ris.
Le nom de Kyungsoo ne me fait plus autant d'effet. Je n'ai plus de nouvel et j'ai tourné tous les cadres de notre ancien amour. Malgré le froid dans mon appartement, j'arrive à marcher. Grâce à Baekhyun, peut-être. Cela fait maintenant un certain temps que je le côtoie. Enfin, côtoyer est bien un grand mot. Émilie ne s'est rien de lui parler pour tout mon entourage. Et c'est bien ainsi.
Ding, Ding ,Ding.
Ma sonnerie crie au loup dans tout le café et j'en suis embarrassée. L'afficheur est inscris Maman, donc je raccroche immédiatement. Je connais déjà le dialogue par cœur comme si je l'avais écrit par mes propres moyens. Mon attention retourne vers mon amie, ses yeux étant remplis de curiosité.
-''C'était qui?''
-''Ma mère.'' Dis-je me penchant pour boire une gorgée de café. ''Elle voudra sûrement que je reparle à mon frère.''
-''Peut-être devrais-tu reparler à ton frère. Tu sais le temps est le pardon de certain acte.''
-''Peut-être. Mais je ne veux pas et je ne vais pas lui reparler.''
-''C'est comme tu veux.'' Sourire pendu au lèvre, les fleurs blanches qui décorent les vases vides.
VOUS LISEZ
ripped flowers
RomanceUne fleur fanée, dont personne se préoccupe, ne dévoilera jamais ses couleurs éclatantes et sa splendeur. Mais si, quelqu'un lui donnais cette possibilité, d'avoir cette joie de vivre tant rêvé. Une fleur fanée peut être la plus belle des fleurs...