5.6; les souvenirs sur elle

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Ambre allume sa lampe de chevet, puis éteint la grande lumière de sa chambre. Elle replace les coussins de son lit, range les quelques livres qui traînent sur sa table de nuit et arrange un peu sa chambre. Pendant qu'elle s'occupe, un CD  remplit l'air de la pièce en diffusant de la douce musique et l'adolescente fredonne doucement les paroles. 

Quelques chansons après, elle prend un carnet à dessins, un crayon à papier et une gomme qui étaient posés sur son bureau. Elle va s'asseoir sur les couvertures de son lit et ouvre le carnet à une page neuve. Elle gribouille rapidement des idées qui lui passent par l'esprit, des chansons qui lui font penser à quelque chose ou elle dessine ce qu'elle voit en observant sa chambre. La feuille est remplie de yeux, d'un chanteur, d'un corps avec les bras croisés, de tête avec le visage flou et tant d'autres. 

Soupirant, Ambre pose le carnet et le crayon à côté d'elle, puis pense à la conversation qu'elle a eu avec Nathan plus tôt. Pas la partie où il explique qu'il a apprit à vivre avec la tristesse, elle y a déjà pensé tant de fois, mais plutôt où elle expliquait le jeu d'actrice d'Émilie. Ambre y a peut-être pensé une centaine de fois et pourtant, ça ne semble pas assez. 

Ambre n'a pas remarqué que ça chez la blonde, elle avait remarqué plein d'indices qui, avant, ne signifiaient rien aux yeux de la brune. Comme la façon où quand Émilie pensait que personne ne regardait, une étincelle de tristesse se retrouvait dans ses yeux bruns et Ambre pensait que ça allait passer. Quand Émilie se frottait les yeux d'un geste paresseux et racontait qu'elle dormait mal depuis un moment, Ambre n'était pas sûre de comprendre ce qu'elle voulait dire. Quand Émilie parlait de ses passions et de ce qu'elle trouvait intéressant, il n'y avait plus d'étincelle de bonheur qui brillait dans son regard et Ambre se demandait si elle ne trouvait plus les choses qu'elle aimait intéressantes. Quand Émilie devait faire des tâches, que ce soit à l'école ou chez elle, elle disait parfois qu'elle s'en fichait, que rien n'importait. Quand Émilie arrivait à l'école, comme si elle venait de sortir du lit et qu'Ambre demandait si elle allait bien, la blonde répondait positivement et qu'elle ne voyait plus l'intérêt de s'occuper de son physique. 

La liste pourrait être tellement longue que la tête d'Ambre pourrait lui faire mal par toutes ses pensées. Mais malgré toutes ses choses négatives, Émilie avait quand même eu de bons moments avant que ses idées noires ne l'envahissent. Comme quand elle avait été accepté dans l'option théâtre, Ambre ne pouvait pas apercevoir uniquement le bonheur dans son sourire, mais aussi dans ses yeux. Quand Émilie rigolait alors qu'une vingtaine de centimètres de neige était tombée dans la nuit et qu'elle s'amusait à lancer des boules de neige à ses amis. Quand elle recevait un compliment, que ce soit sur son physique ou sur ses qualités, elle avait l'habitude de sourire, remercier la personne et parfois, une couleur rosée venait occuper l'espace de ses joues. 

Émilie manque à Ambre énormément, voire plus. L'adolescente passe une main fine dans ses cheveux, puis regarde rapidement l'heure de son réveil. Il est bientôt dix heures et demi et elle baille. Les vacances de Noël arrive bientôt et Ambre a hâte pour dormir les journées où elle n'a rien à faire. Elle ferme son carnet à dessins et range ce dernier avec le crayon et la gomme dans sa table de chevet. Elle se change rapidement pour se mettre en pyjama et se glisse sous les épaisses couvertures pour éteindre la lampe de chevet, laissant la pièce dans la noirceur totale. 

The Brige of Sad Teens [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant