The Brige of Sad Teens [en pause]

5.5; les détails sur elle

- Salut.

Nathan se retourne et remarque Ambre enjamber le grillage abîmé.

- Salut.

- Tu vas bien ? demande-t-elle.

- Il y a mieux comme il y a pire, et toi ?

- Ça va.

L'adolescente s'assoit à quelques mètres du garçon en tailleur et regarde l'eau légèrement gelée par les températures peu froides. Elle prend un caillou qui traîne à côté d'elle, puis le lance brusquement dans l'eau, créant un petit trou dans la fine couche de glace où l'eau est liquide sous la surface. Nathan la regarde faire, mais ne dit rien. Elle avait besoin de faire ça, même si ça n'a pas l'air de beaucoup, elle s'est défoulée un minimum. Elle ne sait pas réellement pourquoi, mais ces derniers temps, Ambre a besoin de se défouler, de laisser sortir toute cette colère, cette frustration qui est restée à l'intérieur d'elle trop longtemps.

- Au fait.., commence doucement le garçon.

- Oui ? demande-t-elle en tournant sa tête.

- Par rapport à Émilie, comment était-elle en dehors de sa tristesse ?

Ambre baisse doucement son regard et Nathan va pour s'excuser d'avoir parlé de ce sujet, mais elle est plus rapide pour répondre.

- Elle adorait le cinéma, elle souhaitait être une actrice. À l'école, elle prenait des cours de théâtre et je suis sûre que si elle était toujours là, elle pourrait faire actrice plus tard. Au fond, je me dis que son jeu d'acteur a été, en quelques sortes, prouvé quand tout le monde a apprit pour sa mort et que personne n'avait rien remarqué auparavant, soupire-t-elle. Je ne veux pas dire que sa mort est une bonne chose, juste que ça montre à quelle point elle avait du potentiel.

De son angle mort, la jeune fille voit Nathan hocher légèrement la tête avec un triste sourire et il joue nerveusement avec ses doigts.

- Je n'ai pas vraiment de passion, je ne trouve rien auquel m'accrocher, dit-il faiblement.

- Alors que fais-tu pour te détendre ?

- Parfois j'écoute de la musique, parfois je me couche sur mon lit et pense, je n'ai pas de trucs en particulier pour mieux aller. J'attends juste la tristesse ou le vide s'en aille par lui-même, mais généralement, ça ne fonctionne pas comme ça. Ça persiste, c'est comme si je trimballais un petit personnage "tristesse" sur mon épaule la plupart du temps. Mais c'est pas si grave, car j'ai appris à vivre avec.

- Je ne pense pas que tu devrais apprendre à vivre ta tristesse comme si c'était une bonne chose, surtout aussi longtemps. Enfin, oui, on peut penser que la tristesse va partir d'elle-même, mais quand elle persiste autant et qu'elle s'agrandit, ce n'est sûrement pas une bonne chose.

- Ouais, dit-il, tu as peut-être raison.

Ambre ne répond rien et se remémore l'image d'Émilie en train de répéter son texte avant une piece de théâtre. Ses doigts tremblaient légèrement et elle s'humidifiaient les lèvres toutes les cinq minutes. Peu importe le nombre de fois qu'Ambre rassurait la blonde, cette dernière ne la croyait qu'à moitié et pourtant, elle faisait toujours du superbe travail. Maintenant, avec un peu de recul, Ambre se dit que, oui, Émilie aurait dû faire actrice, elle était faite pour ce métier.

L'adolescente aux cheveux noirs regarde rapidement sa montre de la même couleur et voit qu'il est vingt heures moins le quart. Elle déplie ses jambes, se relève doucement, enjambe le vieux grillage, puis à une dizaine de mètres de ce dernier, elle se retourne et Nathan lui fait un petit sourire qui semble forcé, mais Ambre fait elle aussi un faible sourire forcé. Elle rentre ensuite chez elle avec une certaine blonde coincée dans son esprit.