3.8; le réconfort

66 10 0
                                    

Ambre marche le long des rues et enfonce ses mains un peu plus dans ses poches face aux fraîches températures. Les arbres n'ont plus de feuilles et elle sort maintenant avec son manteau d'hiver, la neige ne devrait pas tarder, selon elle. À la vue du pont, elle accélère un peu le pas, puis enjambe rapidement le vieux grillage pour s'asseoir à quelques mètres de Nathan.

Ce dernier se tourne vers elle et lui fait un faible sourire, ce qu'elle aussi à son tour.

- J'aime ton collier, dit-il.

Ambre sourit face à sa remarque, puis touche son collier avec le crâne noir, étant visible par son manteau noir à moitié ouvert.

- Merci, répond-t-elle. Il appartenait à Émilie.

- Elle te l'a donné ?

- Pas exactement. Lorsque qu'elle est partie, elle a mis dans un carton tout ou presque ce qui avait un rapport avec ses idées noires. Il était dedans et sa mère m'a incitait à le prendre pour «toujours avoir Émilie avec moi».

L'adolescent hoche la tête et baisse le regard sur la distance entre les deux adolescents.

- Elle t'a laissé autre chose ?

- Eh bien, soupire-t-elle, ce n'était pas uniquement pour moi, mais elle a laissé une fameuse lettre d'adieu. Ses parents ne souhaitaient pas vraiment ça tous les jours, alors ils m'ont donné le carton entier et il est actuellement dans ma chambre.

Ambre détourne son regard sur l'eau et imagine une fois de plus Émilie, flottant sur les douces vagues. Elle s'en veut tellement.

- Je pense que c'est ma faute.

- Quoi ?

- Je pense que c'est ma faute, répète-t-elle. Plus j'y pense, plus que je me rends compte de ce que je n'ai pas fait, mais que j'aurais dû, elle s'arrête un moment, puis recommence. Désolée.

- Hey, tu n'as pas dire désolée. Tu peux me parler, ça ne me dérange pas du tout. Je suppose que tu ne parles de ça avec personne et ça doit te peser énormément sur la conscience. Si tu m'en parles, je pense que ça t'aiderait.

- Tu as sûrement raison, c'est vrai que je n'en parle à personne. Mes parents ont essayé de me faire voir un psychologue, mais j'ai tout le temps refusé et j'en parle très peu à mes amis, car ça ne me semble pas la bonne chose à faire.

Un silence passe entre les deux et l'adolescente se demande comment elle pourrait formuler ce qu'elle ressent face à son ancienne amie.

- J'étais sa meilleure amie. On était toujours ensemble, que ce soit pour des projets d'école ou pour faire les folles en ville, commence-t-elle. J'adorais sa bonne humeur, car je la pensais réelle. Je pense que c'est de ma faute, car on était très proche, on se disait tout. Et le fait que je ne savais ce qu'il se passait réellement me détruit peu à peu.

- Je ne pense pas que tu devrais te blâmer pour ça, car tu n'étais pas la seule personne proche dans son entourage. Elle avait d'autres personnes, comme ses parents ou d'autres amis et s'ils n'ont rien vu, c'est que son masque était plus que bon, il marque une pause et recommence. Tu ne devrais pas te concentrer uniquement sur toi, mais aussi sur les autres personnes tout aussi importantes. Je ne connais pas sa situation familiale,-

- Ses parents l'aimaient énormément, le coupe-t-elle. Désolée.

- Ce n'est rien. Donc, ses parents l'aimaient énormément et je suis sûr qu'ils faisait tout pour la rendre heureuse. Pourtant, eux non plus n'ont rien et ils s'en veulent peut-être énormément. Et ses amis, ils n'étaient peut-être pas aussi proches que tu l'étais avec Émilie, mais s'ils avaient vu que quelque chose n'allait pas, ils auraient essayé de l'aider, du moins, je pense. Pour te dire, que tu n'es pas la seule qui s'en veut. Je suis certain que d'autres personnes s'en veulent et ce n'est pas la faute que d'une seule personne de son entourage. Ça peut être la faute de plusieurs personnes, comme ça peut être une seule personne, elle-même. Peut-être qu'elle n'avait pas besoin de son entourage de cette façon et peut-être qu'elle s'est infligée ça toute seule.

- Et toi, c'est la faute de plusieurs personnes ? demande-t-elle, après plusieurs minutes de silence.

- Euh, quelques unes en particulier. Je ne souhaite pas en parler maintenant.

Ambre hoche la tête, puis chuchote un petit "d'accord". Son texte l'a fait se sentir un peu mieux, mais pas complètement. Il est vrai qu'elle ne peut pas tout se blâmer, mais elle n'a quand même rien remarquer et c'est ce qui la dérange. Elle relève la manche de son manteau qu'il est affiché dix-neuf heures quarante quatre sur sa montre.

- Merci, pour ton texte. Ça m'a aidé, mais je dois y aller, dit-elle en se levant.

- Pas de problème, passe une bonne nuit.

Elle enjambe le grillage et se retourne après quelques pas. Cette fois, il soutient son regard clair et sourit faiblement, elle fait de même et repart chez elle.

The Brige of Sad Teens [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant