The Brige of Sad Teens [en pause]

4.0; la situation familiale de lui

Ambre enjambe le vieux grillage et s'assoit à quelques mètres de Nathan.

- Salut, dit-elle en souriant faiblement.

- Hey.

- Je suis désolée si je t'ai mis mal à l'aise ce midi à la cantine.

- Non, ce n'est pas toi qui m'a mis mal à l'aise, mais plutôt tout ce monde, soupire-t-il un petit moment. Je... j'ai du mal à supporter quand il y a beaucoup de personnes ou quand des personnes me collent, ça me rend nerveux.

La fille aux sombres cheveux hoche la tête tout en regardant les gestes qu'il fait avec ses mains pour mieux s'exprimer. Elle remarque qu'aujourd'hui, il ne porte pas uniquement un pull épais pour se protéger du froid, mais une veste polaire noire et il met ses mains dans ses chaudes poches.

- Pour ce que je t'ai dit à la cantine, commence-t-il, c'était ma mère...

- Ta mère ? demande-t-elle, c'est ta mère qui t'a dit ces bêtises ? Que tu ne devrais pas... être là ?

L'adolescent hoche doucement la tête et laisse son regard traîner sur son jean noir abîmé.

- Quand ma mère était en couple vers ses dix-sept ans, elle a eu des relations sexuelles et ils n'ont pas utilisé de protection, car elle disait qu'«elle avait oublié de prendre sa pilule et il n'aimait pas mettre de préservatif». Peu de temps après, elle a dit qu'elle était enceinte à mon père. Enfin, je ne sais même pas si je peux l'appeler mon père, dit-il en chuchotant la dernière phrase. Bref, la nouvelle ne lui a pas plu et il est parti. Ma mère, dévastée, m'a élevé seule, ne voulant pas avorter et parfois, elle... elle me fait remarquer que je ne devrais pas être là, car si c'était le cas, elle serait toujours en couple avec «l'homme de sa vie».

Ambre, bouche-bée, ne sait pas quoi faire. Elle fixe Nathan qui pince le tissu de son pantalon en fronçant les sourcils et une partie du puzzle vient de s'assembler dans sa tête. Elle ne sait pas si ça un rapport direct avec le fait de venir au pont ou non, mais elle suppose que ça a au moins un lien.

- Je... je suis désolée, je ne m'imaginais pas à ça, dit-elle.

- Ce n'est rien. À quoi tu t'attendais ?

- Euh, je ne sais pas vraiment. Je n'avais pas d'idée particulière, en fait.

- Merci de m'avoir écouté, chuchote-t-il après plusieurs minutes dans le silence.

- De rien, merci de m'écouter aussi.

Il sourit faiblement et la jeune fille regarde la montre noire accrochée sur son poignet gauche et remarque qu'il est dix-neuf heures quarante huit.

- Excuse-moi, je dois y aller, dit-elle en se levant.

Il la regarde de se lever, enjamber le grillage abîmé et quand ils sont séparés par une dizaine de mètres, elle se retourne.

- Restes-tu longtemps après que je parte ? demande l'adolescente.

- Environ une heure je pense, parfois plus. Je n'ai pas de montre ou de portable sur moi.

Ambre hoche faiblement la tête de haut en bas et avec un dernier petit sourire, se retourne pour retourner chez elle.