Chapitre 8.

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« Il y a une passion pour la chasse qui est profondément implantée dans le cœur de l'homme. » Charles Dickens

Les jours qui suivirent, Lily fit l'effort de se lever chaque matin pour aller en cours. Mais elle traînait les pieds. Elle n'avait pas envie de revoir tous ces élèves qui la méprisaient. De le revoir, lui. Elle avait mal et elle voulait seulement oublier. Dans sa tête, c'était de nouveau le silence et elle se disait que, peut-être, toute cette comédie n'était qu'un cauchemar, un rêve que l'on fait, éveillé. Eve n'avait probablement jamais existée, elle ne se manifestait plus depuis quelques jours maintenant. C'était un mauvais rêve, il fallait s'en persuader.

Samuel n'était pas en cours. Il n'avait peut-être pas eu le courage de venir, lui. Il ne voulait plus la voir. Ou alors il faisait partie de toute cette hallucination bizarre. Lily n'y pensait plus, elle s'y efforçait, la drogue l'y aidait.

Elle avait une mine affreuse. Le teint pâle et de grandes cernes creusées et noires sous les yeux. Sa mère l'avait questionnée, elle avait simplement répondu qu'elle était fatiguée. Dès que Mary abordait le sujet de Samuel, Lily la faisait taire. Il n'existait plus. Il n'était plus là. C'était un peut-être juste ami imaginaire. Et il était temps de grandir un peu.

Lily s'était enfermée derrière des remparts, mettant toute cette histoire sur le dos de la fatigue et de la dépression. Elle retrouvait cette vieille amie la solitude, finalement, elle valait probablement mieux que les autres.

Tous les soirs, la jeune fille, ses cheveux roux mal entretenus relevés en queue de cheval, sortait un paquet de cigarettes. Elle fumait devant la fenêtre ouverte de sa chambre. Une, puis deux, et trois. Elle arrêtait de compter. Quand le tabac ne faisait plus effet, elle sortait les clopes magiques et s'en allait ailleurs, planer loin de ses soucis.

Elle savait pertinemment qu'elle perdait pieds, elle tombait à genoux petit à petit, comme si soudainement, elle n'avait plus eu la force de lutter. Elle glissait au bord du gouffre. Elle se laissait aller, se laissait dépérir à petit feu, de l'intérieur, jour après jour. Sans vraiment savoir pourquoi. Du moins, en voulant en oublier les raisons à tout prix. Parce que cela n'avait aucun sens.

- Ca va ma chérie ? demanda son père d'une voix qui se voulait rassurante. Ta mère m'a dit qu'en ce moment tu ne sortais pas beaucoup...

- Je suis fatiguée, répondit la jeune fille en regardant par la fenêtre de la voiture.

- C'est à cause de ce garçon au lycée ? tenta-t-il.

Lily soupira, énervée, excédée, blasée. Elle haussa les épaules, observant le paysage défiler, le ronronnement du moteur comme fond sonore.

- Tu sais, nous les mecs, on est un peu bête mais on finit toujours par se rendre compte de nos erreurs, et puis on regrette...

Elle sentait comme une pointe de tristesse dans le ton brusquement grave qu'avait employé son père. Lily cru comprendre dans cette confession qu'il aurait voulu rester avec sa mère. Elle eut un pincement au cœur et se décida à répondre.

- T'en fait pas. C'est pas de sa faute. Puis je m'en fous. J'ai besoin que de maman et toi. L'amour tout ça, je crois que ça m'intéresse pas, je suis pas faite pour... pour les relations en général.

Son père se tut un moment. On n'entendait que le bruit de la voiture. Le clignotant dans les virages et toujours ce brouhaha répétitif, ronron du tigre endormi sous le capot.

- On se ressemble plus que tu ne le crois, ma fille. Je me suis amélioré avec le temps. Mais le social n'a jamais été mon fort, surtout quand j'étais jeune. J'avais du succès qu'avec les filles, fit-il en riant.

Les Mondes Parallèles - DivinationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant