Chapitre 76

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J'ai pris la bonne décision, j'en suis certain. Je n'ai pas laissé tombé, j'ai juste décidé que j'en avais assez. J'ai été menacé, on m'a fracassé les doigts à coups de marteaux, on m'a battu, on m'a enterré vivant. Tout ça alors que je n'ai pas avancé du tout dans mon projet qui se transforme en rêve lointain.

J'ai pris la bonne décision. Qu'il aille se faire foutre, je m'en fou de lui. Je me fou de son poste prestigieux. Je me fou de son entreprise. Je me fou de sa villa qui coûte des millions. Je me fou de son business criminel.

J'ai pris la bonne décision. Je me fou de tout ce qui est en rapport avec ce scélérat, et je me sentirais bien mieux une fois que tout cela sera loin de moi, une fois que je recommencerai tout de l'instant où j'ai franchi la porte de la prison: Je ne pensais qu'à ma vengeance, et j'ai tout gâché à cause d'un animal qui ne mérite même pas d'être appelé ainsi.

J'ai pris la bonne décision. Je vais oublier Wilkerson, oublier ses problèmes et ses fourberies. Oublier son business et tout ce qui a jamais été touché par cet abruti de première qui n'est bon qu'à jouer avec les petites pièces de jeu sur son échiquier, comme moi. Je n'étais qu'un pion sur sa grande table noire. La pièce la plus insignifiante du jeu, il pouvait me déplacer comme bon lui semble, il sait bien que jamais je ne pourrais arriver à sa hauteur...

...Il n'y a que la reine de l'échiquier qui me fait regarder en arrière... La pièce que Wilkerson déplace avec soins et précautions, évitant tout faux pas qui pourrait lui faire perdre la pièce la plus importante du jeu: Samar.

Samar et son regard angélique. Samar et sa posture longue et fine. Samar et sa tête haute et fière qui ne s'est jamais baissée pour personne. Samar et ses yeux verts remplis d'intelligence et de douceur. Samar et son sourire blanc qui hypnotise chaque individu pourvu de testostérones.

Comment j'ai bien pu la blesser ? Comment j'ai pu voir ses yeux se remplir de larmes sans rien faire ? Comment j'ai pu la laisser partir ?! Comment j'ai pu être aussi con ?! Aussi stupide ?! Je ne suis qu'un salaud, un connard de qualité, un imbécile... j'ai fait pleurer Samar. Mais c'est Samar putain ! La douce Samar, la gentille Samar, la Samar qui se fait manipuler par son père qu'elle considère comme son idole, son ange gardien, son protecteur...

Je me rappelle de chaque instant où elle faisait les éloges de son père devant moi, ses yeux s'illuminaient de fierté quand elle parlait de lui. Et avec mes mensonges et mes conneries, je n'ai pas pu la protéger, je n'ai pas pu la préserver et j'ai laissé ma soif de vengeance passer avant elle...

J'espère qu'elle va bien, que je ne lui ai pas fait tant de mal que ça: Samar est une femme de caractère, elle ne laissera sûrement pas un petit salaud comme moi lui gâcher le morale. Bien qu'elle croit que le petit salaud que je suis a joué avec ses sentiments depuis le début pour pouvoir approcher son père... Oh bordel je ne suis qu'un débile qui ne sait rien faire de juste !

Je m'affale sur mon canapé alors que je venais de sortir d'une douche qui a bien pris une heure. Le costume que je portais alors que ce connard de Wilkerson m'a enterré finit à la poubelle. Ma machine à laver n'est pas assez performante pour nettoyer les "petites" saletés collées sur celui-ci. Habillé d'un simple jean et d'un t-shirt blanc, c'est peut-être la première fois que je ne pense à rien du tout: Bizarrement, je ne peux plus penser à quoi que ce soit. Wilkerson est finit pour moi, je suis sûr que le message qui annoncera mon renvoi viendra d'une seconde à l'autre, si ce n'est pas le cas j'enverrai moi-même ma démission. Quant à Samar, mon coeur se serre quand je pense qu'elle pourrait se sentir mal en ce moment, et tout ça à cause de moi.

Tout à coup, la porte de mon appartement commence à vibrer alors que quelqu'un de dehors y tambourine comme s'il s'agissait de la batterie de Neil Peart.

Enfin libre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant