Enfin libre ?

Chapitre 81

Il ne sort pas de ma tête, il n'en sortira sûrement jamais.

Tout en lui est parfait à mes yeux, absolument tout. Je n'ai jamais été attirée pas les yeux colorés, mais bon sang ses yeux bleus me transportent vers un autre monde ! Ses jolies lèvres droites et parfaites qui s'étirent en un sourire magnifique éclairant ma vie, ses cheveux blonds brillants et toujours en bataille, sans que cela ne diminue son élégance et sa virilité qui est aussi claire que l'eau d'une rivière vierge. Son corps brûlant qui me fait perdre raison et me fait souhaiter l'interdit, me faisant sombrer dans une vague de désir et de rêves peu catholiques... il est beau, très beau, et il m'attire comme un papillon volant à la recherche de la lumière, une merveilleuse lumière.

Il m'a menti, j'en suis sûre, mais les derniers mots qu'il m'a jeté la dernière fois que je l'ai vu sont restés gravés dans ma mémoire. Il avait l'air si sûr de lui, si honnête que s'en est flippant. Flippant car le croire serait douter de la personne qui m'a élevé depuis ma plus tendre enfance, mon père, mon modèle. Mais Jonathan est mon amour, mon cœur, ma vie, mon âme entière... je le détestes peut-être de m'avoir menti, mais je me détestes encore plus pour ne pas lui avoir laissé le bénéfice du doute. Peut-être que mon père n'est pas si clean que ça, peut-être qu'il a fait quelque chose de légèrement illégal lors d'une crise économique.

Je suis en train d'accuser mon père et de me ranger aux côtés d'un homme qui n'est pas de la famille. Mais Jonathan n'est pas n'importe qui: c'est Jonathan et c'est largement suffisant pour lui accorder ne serait-ce qu'une chance de voir si il avait bel et bien raison... et si je trouve que mon père est innocent, je mettrai fin à toute cette histoire, et ouvrirai une nouvelle page blanche de ma vie, sans Jonathan...

Jamais je n'aurais cru, qu'un jour, j'aurais le culot d'espionner mon père. Jamais je n'aurais cru que j'en aurais besoin. Épier les faits et gestes de son père pour voir tout ce qu'il fait, c'est honteux, très honteux, mais j'en suis obligée pour mettre fin une fois pour toute à ce dilemme qui va me faire perdre la tête ! Je suis face à deux chemins qui vont me mener à deux avenirs totalement différents: L'innocence de mon père qui va mettre fin au rêve qui est venu changer ma vie, et qui s'appelle Jonathan Sagara, ou bien le chemin de la culpabilité de mon père: Un chemin qui m'est inconnu et y penser est plus dur que les cookies que me préparait ma grande tante Lisa.

Cela fait un mois entier que je réfléchis à ce que Jonathan m'avait dit, la façon dont il le disait, son regard qui me suppliait de le croire: Il n'a plus rien à perdre, plus rien à gagner, et il a jeté toutes ses cartes devant moi. Il mérite que j'essaye, que je vois, que j'expérimente... La vérité pourrait faire mal un moment, mais la peine sera beaucoup moins importante que la peine que je ressens en niant tous mes soupçons, en fermant mes yeux et mes oreilles pour refuser de voir cette vérité: il faut que je la vois avant qu'elle ne disparaisse.

Je fais face à mon bureau, le tic-tac de la montre accrochée au mur sonnant comme un monstre me rappelant sans cesse le temps qui passe beaucoup trop lentement à mon goût. Les employés commencent à partir l'un après l'autre, mon père sera enfin seul avec Stoglin, et auront tout leur temps pour parler de quoi que ce soit de confidentiel, à l'abris des oreilles curieuses des employés et ce sera ce moment là où je découvrirais tout.