Chapitre 77

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○•°○•POINT DE VUE DE SAMAR•○°•○

Cela fait un peu plus de trois jours que je suis dans cet état, sans rien manger, ne buvant qu'une quantité minime d'eau à contre-cœur servant uniquement à garder mon corps en vie. La nuit est devenue mon plus fidèle compagnon, et le jour un rêve lointain et un souvenir effacé. Je n'ai pas choisi d'être comme ça, je ne veux pas rester dépressive toute la journée, évitant tout contact avec le monde extérieur qui m'a poignardé dans le dos. Mais je ne peux rien y faire, je ne peux pas manger, ou allumer la lumière, ou même sourire. Il m'a volé tout ça.

Je voudrais tellement qu'il vienne franchir cette porte, et me dire que tout cela n'était qu'un cauchemar, qu'il me serre dans ses bras et qu'il passe sa main dans mes cheveux. Mais c'est bel et bien la vérité, et je ne l'ai toujours pas vu depuis que je l'ai quitté. Il n'est pas venu, sûrement car il se fou de moi, car je n'ai été qu'un simple instrument pour lui, un simple objet qui n'a, malheureusement pour lui, pas permis d'aboutir à ses fins. Que voudrait-il faire d'un couteau qui ne coupe pas ?

La tête plongeant dans mon oreiller, sa voix s'assemble doucement dans ma tête, et son visage se dessine clairement dans mon esprit. Je le déteste peut être, mais je dois avouer que c'est un bien bel homme... Nous étions assis près du magnifique lac qu'il m'avait montré lors de notre premier rendez-vous. Nous ne discutions de rien de très important, mais je me souviens de ce jour comme si c'était hier...

Il s'assoit près de moi à même le sol, et fait semblant de rajuster sa position pour se rapprocher davantage. Sa bonne odeur de parfum masculin mélangée à son odeur corporelle me donne la chair de poule. Ses yeux bleus me regardent gentiment lorsqu'il me montre ses jolies dents blanches.

- Tu as entendu parler de l'employé qui est morte il y a quelques jours ? Me demande-t-il en s'appuyant sur ses deux mains placées derrière son dos.

- Hélas oui, répondis-je en pensant à la jeune femme de 32 ans qui travaillait dans notre entreprise.

- Et elle est morte pourquoi ?

- Suicide, murmurais-je tristement. Son amoureux l'a trompé.

Ses sourcils blonds se froncent à l'entente de cette nouvelle.

- Merde, lance-t-il en passant sa main dans ses cheveux. C'est pas facile...

Je hoche la tête en signe d'accord puis tourne la tête pour fixer son regard bleu clair.

- C'est triste oui... mais je pense aussi que c'est pathétique de mettre fin à sa vie comme ça, abordais-je en adoptant une expression sérieuse.

Il regarde en face de lui un long moment, avant de retourner son regard vers le mien et de me demander:

- Si je te quittais, qu'est-ce que tu ferais, toi ?

Je souris en coin alors qu'il passe sa main sur sa barbe de quelques jours, puis sur sa nuque, attendant ma réponse avec une petite mine d'impatience.

- Tu sais bien que je t'aime plus que tout mon amour, commençais-je en lui prenant la main et en la serrant gentiment. Mais jamais je ne me ferais du mal pour quelqu'un, et surtout si ce quelqu'un m'a blessé. Je comprends l'état désespéré des filles qui se mutilent, ou qui se suicident pour leur amoureux... mais je ne suis pas comme ça John, lançais-je. Personne n'est assez important pour que je laisse tomber ma vie entière alors que lui n'a fait que me laisser tomber. Alors, je ne ferais sûrement pas comme elle, je ne gâcherai pas ma vie pour quelqu'un qui est déjà passé à autre chose, même si ce quelqu'un est toute ma vie.

Enfin libre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant